Gérés par la Centrale d’achats et d’ingénierie biomédicale (CAIB), les achats hospitaliers du CHUV intègrent depuis de nombreuses années des critères de développement durable dans leurs appels d’offres. Ces derniers reposent sur un cadre légal, en particulier la Loi cantonale sur les marchés publics (LMP-VD), qui a pour but de renforcer la concurrence et de permettre un accès aux achats publics ouvert aux entreprises, mais également de rendre les modalités d’adjudication plus transparentes. Ce cadre légal permet d’adjuger les prestations aux soumissionnaires dont l’offre est la plus avantageuse du point de vue économique.
Ce principe d’économie ne signifie pas que le CHUV choisit toujours l’offre la moins chère. Le prix reste un élément prépondérant, mais dans un esprit de pondération, l’adjudicateur peut retenir des critères qui permettront d’assurer la meilleure prestation en regard des besoins. Dans ce cadre, les appels d’offres peuvent comprendre des critères de développement durable. A l’instar des obligations relatives au paiement des charges sociales, qui sont éliminatoires, ou de l’engagement d’une entreprise à œuvrer pour le développement durable, qui concerne une aptitude non éliminatoire, de nombreux critères comprennent le développement durable en filigrane. La durabilité fait cependant aussi partie du cahier des charges de façon explicite. Tout appel d’offres cherche ainsi un équilibre entre les exigences du cahier des charges et l’ensemble des critères qui incitent les entreprises à agir en faveur d’un développement durable.
Qu’il s’agisse de la qualité des prestations qu’offrent les entreprises ou de leur gestion (énergie, mobilité, formation continue, etc.), leurs actions en faveur du développement durable doivent être mises en valeur. Lorsque les collectivités et les institutions imposent des critères de durabilité, elles recourent à un levier important et concret qui incite le marché à mieux prendre en compte ces aspects dans leur globalité. Les hôpitaux comme le CHUV ont donc un rôle particulier et important à jouer.
Afin d’inciter les entreprises et prestataires de services à s’engager pour le développement durable, la CAIB suit les recommandations du Guide romand pour les marchés publics. L’objectif est de saisir la marge de manœuvre offerte par la loi. Hormis le cahier des charges d’une offre, qui peut comprendre des éléments favorisant le développement durable, la CAIB suit une grille de critères d’adjudication et d’aptitude qui permet d’évaluer l’engagement de l’entreprise soumissionnaire envers le développement durable.
Les critères suivants font partie de l’exigence de développement durable:
La Centrale d’achats est également attentive à exclure de ses achats tout produit qui pourrait résulter de la traite d’êtres humains aux fins d’exploitation du travail, comme le travail au noir (travail illégal ou dissimulé), de même que les biens issus du travail des enfants.
Comme facteur de réussite, la CAIB peut compter sur l’appui de la Direction du CHUV qui comprend l’exemplarité qu’un hôpital universitaire doit montrer. Elle bénéficie également d’un appui et de formations ciblées de ses collaboratrices et collaborateurs, fortement impliqué·e·s dans l’application des critères de développement durable dans les appels d’offres et les achats. Mais toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs du CHUV montrent aussi leur engagement, leur implication et leur vigilance en demandant des produits et des prestations de qualité, qui respectent les principes du développement durable tout en permettant d’assurer les prestations habituelles, qui font du CHUV un des meilleurs hôpitaux du monde.
Membre actif au sein de la Commission durabilité du CHUV, la CAIB participe également de manière active à plusieurs groupes de travail et commissions sur le développement durable, en particulier avec le Service cantonal du développement durable (SCDD) du canton de Genève. Elle entretient par ailleurs une bonne collaboration avec le Bureau de la durabilité du canton de Vaud, et nourrit de nombreux échanges sur ce sujet avec les autres cantons (Valais, Fribourg, Neuchâtel et Jura), avec lesquels elle a développé des partenariats et des synergies fructueuses. Elaborée par la CAIB, la formation continue en développement durable sera proposée à toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs des achats de tous les cantons pendant le deuxième semestre de l’année 2021.
Souhaitant être un acteur important des actions durables menées dans le canton, le CHUV continue de soutenir la démarche de l’Association de soutien au lait équitable (ASLE) en achetant des produits de la gamme Faireswiss.
En 2020, le CHUV a acheté près de 59’000 litres de lait équitable, qui garantit un prix d’achat de 1 franc par litre aux productrices et producteurs membres de la coopérative. Ce volume représente près de 30% de la totalité du lait en brique consommé au CHUV, que ce soit dans les machines à café pour les patientes et patients, dans les cafétérias publiques ou les restaurants du personnel.
Après une première évaluation Beelong en 2015, le Service des achats a effectué une deuxième évaluation des achats alimentaires. Effectuée sur une période de deux mois (un mois en saison froide, un mois en saison chaude), elle a eu lieu en septembre 2019 et février 2020.
Avec une très bonne note de 70 points sur 100, le résultat de la deuxième évaluation Beelong montre l’efficacité des mesures prises par le CHUV depuis 2016. A titre d’exemple, l’hôpital n’a acheté aucun produit alimentaire livré par avion. Près de 90% des denrées sont de saison et plus de la moitié (56%) proviennent de Suisse. La part des aliments bruts est presque de 80% et 41% des produits achetés sont labellisés. Par ailleurs, entre 2015 et 2020, la part des produits carnés, les plus néfastes pour le climat, a été réduite d’environ 15%.
Afin de réduire plus encore l’impact du CHUV sur l’environnement, des pistes d’amélioration ont été proposées. Elles préconisent notamment d’augmenter la part des produits biologiques ou d’accroître la part des poissons et viandes labellisés.
Pour ces prochaines années, le défi sera de réduire l’impact environnemental de l’alimentation des patientes, patients, collaboratrices et collaborateurs tout en proposant une nourriture de qualité qui assure la quantité nécessaire de calories et de protéines, et en utilisant des ressources économiques limitées.