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La médecine hautement spécialisée

La médecine hautement spécialisée comprend les soins cliniques particulièrement complexes, qui demandent des compétences pointues et font appel à une technique très sophistiquée. Ces traitements se caractérisent également par un grand besoin d’innovation. De ce fait, il est indispensable de regrouper les compétences et les équipements nécessaires dans les hôpitaux capables de les prodiguer en respectant les standards de qualité.

L’IRM aux urgences, un instrument précieux pour la prise en charge des AVC

Personne de référence

Professeur Patrik Michel, médecin chef, Centre cérébrovasculaire, Service de neurologie, Département des neurosciences cliniques

Afin de délivrer un diagnostic plus précis des accidents vasculaires cérébraux au Service des urgences, le Centre cérébrovasculaire utilise depuis quelques années un appareil d’imagerie à résonance magnétique. Un outil qui s’impose désormais dans plus de 80% des cas.

La prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC) aigus demande une action extrêmement rapide. Plus un AVC est traité précocement, plus les chances de guérison partielle ou totale sont importantes. Des études montrent que prendre en charge une patiente ou un patient dans les premières heures après un AVC permet une réduction du handicap durable de 30 à 50%.

Etablir rapidement le bon diagnostic

Pour que la prise en charge de cette urgence médicale soit aussi rapide que possible, plusieurs facteurs entrent en jeu. Parmi eux se trouve la mise en place d’une organisation qui permet de coordonner l’ensemble des actrices et acteurs de soins de façon optimale: c’est le rôle de la filière AVC, que les Service de neurologie, des urgences et de la radiologie du CHUV ont mise en place en 2010. Mais il faut également que les médecins puissent déterminer au plus vite le bon traitement à appliquer.

Les AVC ischémiques aigus reçoivent essentiellement deux types de traitement: la thrombolyse, qui permet de dissoudre un petit caillot de sang en injectant un médicament dans les veines, et la thrombectomie, qui consiste à introduire un instrument dans le vaisseau sanguin jusqu’au point qu’il faut déboucher. Il est parfois nécessaire d’administrer les deux traitements en combinaison.

Par rapport au scanner auparavant privilégié, les avantages diagnostics de l’IRM sont nets.

Afin de pouvoir décider au plus vite du traitement à administrer, les médecins ont besoin d’établir leur diagnostic avec le plus de précision possible. Dans un certain nombre de cas, il est d’abord nécessaire d’établir s’il s’agit bien d’un AVC: il existe en effet certains symptômes qu’on appelle des «imitateurs» de l’AVC, tels que la migraine ou la crise d’épilepsie. Une fois l’AVC avéré, il s’agit ensuite de savoir non seulement à quel endroit l’accident s’est produit dans la boîte crânienne, mais aussi quelle est sa nature. La grande majorité des AVC sont des ischémies, soit des obstructions de la circulation sanguine. Mais certains consistent en une rupture de vaisseau, qui provoque un épanchement sanguin. La bonne analyse de la situation va déterminer le traitement à appliquer.

C’est dans cette perspective qu’en 2018 les actrices et acteurs de la filière AVC du CHUV ont introduit un appareil d’imagerie par résonance magnétique (IRM) au sein du Service des urgences. Par rapport au scanner auparavant privilégié, les avantages diagnostics de l’IRM sont nets: sa précision d’analyse permet de mieux estimer l’étendue de l’AVC et, par conséquent, de décider du bon traitement avec davantage de sécurité. Son acuité permet également de mieux prédire les complications potentielles de l’AVC et des traitements aigus.

Une utilisation pour tous les accidents vasculaires cérébraux

Technologiquement plus sophistiqué que le scanner, l’appareil IRM pose quelques défis: il suppose une formation plus conséquente et davantage de personnel pour fonctionner. Sa technicité demande également un peu plus de temps pour la mise en place d’un examen. Son utilisation n’est pas non plus indiquée dans le cas de certaines patientes ou certains patients trop agité·e·s ou portant des objets métalliques tels les pacemakers. L’importance des avantages de l’IRM pour le traitement des AVC l’emporte cependant sur ses inconvénients. Le Centre cérébrovasculaire continue par ailleurs de travailler assidûment sur le délai de prise en charge grâce à des formations régulières, notamment via des simulations.

Après l’Inselspital de Berne, le CHUV est le deuxième hôpital de Suisse à avoir introduit l’IRM comme imagerie de premier choix pour les AVC. Le fait est que, dans ce domaine, l’utilisation de cette technologie n’est pas encore courante en Europe. L’expérience du CHUV montre pourtant sa pertinence: en 2019 et 2020, 80 à 85% des accidents cérébrovasculaires ont pu profiter de cette modalité diagnostique. Son utilisation est précieuse pour tous les types d’accidents, des AVC les plus graves aux accidents ischémiques transitoires (AIT), qui ne laissent généralement pas de séquelles mais constituent tout de même une urgence neurologique.

Domaines de la médecine hautement spécialisée

Les mandats qui autorisent les hôpitaux à prendre en charge des patientes et patients dans l’un ou l’autre des domaines de la médecine hautement spécialisée sont attribués sous l’égide de la Conférence des directeurs sanitaires suisses. En 2020, le CHUV a déployé son activité dans le cadre des domaines suivants:

Domaines
Transplantations rénales
Transplantations pulmonaires
Transplantations cardiaques
Brûlures graves chez l'adulte
Traitement des blessé·e·s graves adultes
Chirurgie stéréotaxique des mouvements anormaux/involontaires et stimulation cérébrale profonde
Traitement neurochirurgical des pathologies vasculaires du système nerveux central (SNC) sans les anomalies vasculaires complexes
Tumeurs rares de la moelle épinière
Traitement des accidents vasculaires cérébraux
Résections œsophagiennes
Résections hépatiques
Résections pancréatiques
Résections rectales profondes
Chirurgie bariatrique complexe
Transplantations rénales chez l'enfant
Traitement en milieu hospitalier des enfants et adolescent·e·s cancéreuses ou cancéreux
Traitement des neuroblastomes
Traitement des sarcomes des tissus mous et des tumeurs osseuses malignes (bras, jambes)
Traitement des sarcomes des tissus mous et des tumeurs osseuses malignes (bassin, abdomen, thorax)
Traitement des tumeurs du système nerveux central
Traitement des brûlures graves chez l'enfant
Chirurgie trachéale complexe élective chez l'enfant
Traitement des rétinoblastomes chez l'enfant
Soins intensifs pour les nouveau-né·e·s
Traitement des blessé·e·s graves et des polytraumatismes, y compris les traumatismes crânio-cérébraux chez l’enfant
Troubles congénitaux spéciaux du métabolisme chez l’enfant
Implantation cochléaire (réalisation aux HUG)