5.1

Communiquer pour mieux partager

«La médecine légale est un domaine très méconnu, y compris des médecins»

Personne de référence

Professeure Silke Grabherr, directrice du Centre universitaire romand de médecine légale

Dans un livre grand public intitulé «La mort n’est que le début… de l’enquête du médecin légiste», Silke Grabherr, directrice du Centre universitaire romand de médecine légale (CURML), montre les prestations très diverses qu’offre sa discipline. Et qui concernent aussi bien les vivants que les morts.

Entretien

Le point de départ de votre livre consiste à corriger la fausse image de la médecine légale, telle qu’elle est véhiculée par les séries de fiction américaines. Pourquoi est-ce important pour vous, et pour le CURML, de changer cette réputation?
C’est important parce que cette image crée trop d’attentes auxquelles nous ne pouvons pas répondre. Nous intervenons toujours dans des situations difficiles, où des gens ont perdu un membre de la famille, ou ont subi des violences, et les personnes concernées croient que nous allons pouvoir leur donner rapidement les résultats de nos recherches. Mais lorsque nous travaillons pour la justice, le plus souvent, nous ne pouvons pas les communiquer aux proches, ni même aux médecins. Nous devons alors faire face à beaucoup de frustration. Le CURML reçoit aussi beaucoup de demandes de stages de personnes qui veulent devenir médecin légiste parce qu’elles aiment une série, mais elles s’imaginent un métier inexistant. Il est aussi arrivé qu’on nous contacte en annonçant vouloir offrir une séance d’autopsie à un ami qui va fêter ses 60 ans, et qui est très fan des séries américaines... La médecine légale est un service public, mais la population a vraiment une image très fausse de ce domaine. Et à l’hôpital aussi, les médecins ne comprennent pas vraiment notre rôle.

Vous estimez aussi que les responsables politiques ne sont pas suffisamment informé·e·s des compétences qu’offre le CURML.
La médecine légale est un domaine médical très dépendant des décisions politiques. Mais leurs responsables ne savent souvent pas à quoi nous pouvons être utiles. Le CURML a ouvert une Unité de médecine des violences financée par le canton de Vaud. Elle est présente dans plusieurs hôpitaux et permet de s’occuper des victimes d’agressions. Mais c’est encore une prestation unique en Suisse romande. Dans les autres cantons, des discussions sont en cours, mais par exemple les victimes d’agressions sexuelles sont orientées vers des gynécologues sans associer un examen médico-légal. Le médecin légiste est pourtant le meilleur spécialiste pour documenter ce genre de situations et récolter des traces qui peuvent aider à identifier l’agresseur. Créer de telles unités ressort d’une volonté politique, mais il faut pour cela que les responsables sachent quels services nous pouvons apporter.

En Suisse, le travail de médecin légiste fait l’objet d’une formation à part, très exigeante, qui dure six ans.

Cet exemple montre que la médecine légale suisse s’occupe aussi beaucoup des vivants, alors que cet aspect est absent des séries télévisées...
Notre métier n’est pas le même que dans les séries américaines. Aux Etats-Unis, comme en Grande-Bretagne, les autopsies sont effectuées par un forensic pathologist, qui ne s’occupe que des morts dans les cas de crime, et qui vient d’une sous-spécialisation du cursus de pathologie clinique. En Suisse, le travail de médecin légiste fait l’objet d’une formation à part, très exigeante, qui dure six ans, et qui développe une expertise sur les corps vivants aussi bien que sur les morts. Le cursus aboutit à un titre de spécialiste en médecine légale, qui existe aussi en France, en Italie, dans les pays de l’Est et les pays nordiques. En Suisse, en comparaison avec les autres pays, c’est la formation de spécialiste la plus longue et la plus exigeante.

Hormis les questions des violences, qu’est-ce que la médecine légale peut encore faire pour les vivants?
Nous avons par exemple une expertise en toxicologie. Aujourd’hui, les gens se posent beaucoup de questions au sujet des médicaments et des produits qu’ils utilisent. Ils ont peur d’être intoxiqués avec tout et n’importe quoi, mais ils ne savent pas qu’ils peuvent s’adresser aux spécialistes du CURML.

Je pense qu’en Suisse, on manque d’identifier des crimes.

Vous considérez que tous les médecins suisses devraient recevoir une formation en médecine légale. Pour quelle raison?
Parce qu’en Suisse, tous les médecins ayant un droit de pratique dans un canton peuvent établir un certificat de décès. Mais la moitié de ces médecins ne savent pas ce qu’il faut regarder pour avoir la certitude d’une part qu’une personne est bien décédée et d’autre part que ce décès est vraiment dû à une cause naturelle. Je pense qu’en Suisse on manque d’identifier des crimes à cause de cette situation. C’est d’autant plus dommageable que 80 à 90% des morts finissent au crématoire, ce qui empêche de reprendre des recherches. Je pense aussi qu’on rate souvent les causes réelles d’un décès, ce qui peut être préjudiciable pour les personnes qui restent ou pour les assurances. Si une personne seule est retrouvée morte à son domicile et qu’elle n’a pas de lésions, le médecin va déclarer une mort naturelle. Mais peut-être que cette personne est décédée à cause d’une prise électrique défectueuse, et que c’est une mort par accident. Il faut alors s’occuper de la prise... A l’inverse, il peut arriver qu’une famille déclare qu’une personne est morte dans son lit alors qu’elle s’est suicidée, en cachant l’origine de la mort pour recevoir l’argent que l’assurance vie aurait gardé en cas de suicide. A mon avis, il faudrait que tous les médecins qui doivent constater un décès suivent une formation, au moins de quelques jours, pour savoir reconnaître les signes certains de la mort et identifier ceux qui orientent vers un décès non naturel.

On trouve beaucoup plus de femmes que d’hommes dans la médecine légale.

Le CURML a développé une compétence particulière en angiographie post mortem, dont vous êtes personnellement une pionnière. De quoi s’agit-il?
L’angiographie post mortem est un procédé que j’ai développé et qui permet de visualiser les vaisseaux sanguins d’une personne décédée. Il est très utilisé dans le monde aujourd’hui. Grâce à une machine, on réinstaure une circulation sanguine. Ensuite, avec un scanner, on peut visualiser l’ensemble des vaisseaux et repérer la trajectoire d’une balle ou d’un couteau. On peut même voir le tracé d’une aiguille. L’examen des vaisseaux sanguins était un point faible de l’autopsie. Beaucoup de morts sont liées à des hémorragies ou au contraire à des occlusions de vaisseaux, par exemple des embolies ou des thromboses qui peuvent créer des infarctus. Mais si vous ne pouvez pas bien examiner les vaisseaux sanguins, la véritable cause d’un décès peut vous échapper. Le CURML est maintenant très connu pour cette compétence. La Suisse est par ailleurs leader dans le domaine de l’imagerie forensique en général.

Les séries américaines donnent le sentiment qu’il y a beaucoup de femmes dans le domaine de la médecine légale. Est-ce que cela correspond à une réalité?
Il est vrai qu’on trouve beaucoup plus de femmes que d’hommes dans la médecine légale. Peut-être parce que c’est un domaine qui demande beaucoup de patience, d’intérêt pour les détails, de volonté d’aller au fond des choses et de ténacité. Les femmes sont souvent plus perfectionnistes. Elles relisent leur rapport plutôt trois fois avant de le rendre... Au CURML par exemple, il n’y a qu’un homme parmi les cadres médecins légistes. Tous les responsables opérationnels et les superviseurs sont des femmes. Et dans la formation en médecine forensique, il n’y a pas longtemps, nous n’avions que des femmes. La médecine légale est un métier qui demande d’être émotionnellement stable – je dirais même qu’il faut être bon vivant. Si vous êtes un peu fragile, c’est difficile d’être confronté à la réalité médico-légale.

Publication: La mort n’est que le début… de l’enquête du médecin légiste, Editions Favre, 160 p.

Communication de crise dans le contexte du COVID-19

La crise engendrée par l’arrivée du COVID-19 a bouleversé l’organisation du CHUV dans de très nombreux secteurs. Des milliers de collaboratrices et collaborateurs ont dû modifier leur manière de travailler, voire répondre à de nouvelles missions. De plus, cette situation extraordinaire a causé de nombreuses incertitudes. Il a donc été plus que jamais nécessaire d’intensifier la communication, aussi bien à destination des collaboratrices et collaborateurs qu’à l’adresse de la population, qu’il fallait informer et sensibiliser.

Ce travail exigeant a été possible grâce à un effort intense fourni par les équipes du Service de communication et de création audiovisuelle. Au travers de cette crise, elles ont montré que les valeurs d’agilité, de solidarité et d’engagement étaient vécues au quotidien.

Afin de répondre aux besoins d’information autant à l’interne qu’à l’externe, une série d’outils de communication ont été mis en place.

Jusqu’à trois courriels quotidiens ont été envoyés aux cadres pour les tenir informé·e·s de la situation.

Communication interne

Site intranet – TRIBU
Des rubriques dédiées au COVID-19 ont été créées sur TRIBU, le site intranet du CHUV (actualités, dernières mises à jour, protocoles de prise en charge, explications ou conseils d’application des décisions prises au niveau du CHUV, du canton ou de la Confédération). Outre la Direction générale, les Services ont également utilisé TRIBU pour communiquer. Au total, sur toute l’année, pas moins de 1052 contenus ont été publiés par 55 auteures et auteurs (actualités, page de foire aux questions, prestations, directives, attestations, formulaires, etc.).

Courriels destinés aux cadres
Jusqu’à trois courriels quotidiens ont été envoyés aux cadres pour les tenir informé·e·s d’une part de l’évolution de la situation en termes du nombre de patientes et patients COVID-19 hospitalisé·e·s dans les différents services concernés, d’autre part sur les mesures spéciales prises au sein de l’institution en fonction de l’évolution de la situation.

«Le COVID-19 au jour le jour», la newsletter pour le personnel
Durant la première vague, des bulletins d’information quotidiens ont été envoyés à l’ensemble du personnel, puis de manière hebdomadaire durant la deuxième vague. Nommée «Le COVID-19 au jour le jour», cette newsletter informait sur l’évolution de l’épidémie et le nombre de cas hospitalisés, de même que sur les nouvelles mesures mises en place au sein de l’institution. Un focus mettait à l’honneur une professionnelle ou un professionnel et son engagement dans le cadre de cette crise. Des remerciements de patientes et patients ou de la population ont également été relayés (lettres, dessins, messages, etc.).

La newsletter a également été distribuée en mains propres aux personnes qui n’avaient pas d’accès à leur boîte de messagerie.

Des messages vidéo hebdomadaires du directeur général ont été diffusés sur l’intranet de l’institution.

«Le Chuvien» en mode COVID-19
Les éditions des mois d’avril et mai du «Chuvien», journal interne destiné à l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs, ont été spécialement consacrées à la thématique du COVID-19.

Séances d’information pour les collaboratrices et collaborateurs
Des séances d’information pour l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs ont été organisées, notamment en présence de Philippe Eckert, directeur général. Il était possible de les visionner depuis une place de travail en direct ou en différé sur l’intranet de l’institution.

Messages du directeur général
Des messages vidéo hebdomadaires du directeur général ont été diffusés sur l’intranet de l’institution. Abordant tour à tour des questions d’organisation et de ressources humaines, ces messages ont été très suivis. Les vidéos ont été visionnées jusqu’à 4000 fois chacune.

Une hotline
Lors de la première vague, une hotline a été mise à disposition du personnel du CHUV dans le but de répondre aux nombreuses interrogations. Vingt-trois personnes ont été impliquées. Elles ont répondu à plus de 1200 appels et 530 e-mails. Plus de 550 personnes ont été orientées vers un dépistage. Sur la base des questions reçues, une rubrique FAQ a été publiée sur l’intranet, alimentée de plus de 70 contenus disponibles en tout temps.

Espace Pro COVID-19
Afin de recueillir les difficultés rencontrées par les collaboratrices et collaborateurs durant la crise, un Espace Pro COVID-19 a été développé par le Service de communication et de création audiovisuelle, en collaboration avec l’Unité de médecine du personnel et les médiatrices et médiateurs de l’Espace Patients & Proches et de l’Espace collaborateurs. Cet espace a été ouvert du 8 avril au 30 juin 2020. Il a permis de répondre à 43 sollicitations par téléphone ou via la hotline (excepté une en présence physique). Un rapport hebdomadaire relevant les difficultés principales vécues par les collaboratrices et collaborateurs a été adressé au bureau de crise. Le contenu thématique a été anonymisé de façon rigoureuse.

95% des personnes interrogées estimaient que la communication sur le COVID-19 répondait à leurs besoins.

Campagne d’affichage
Sur la base des indications de l’OFSP, des affiches, des autocollants et des flyers ont été mis en place au sein de l’institution. Mis à jour aussi souvent que nécessaire, ces supports ont été déclinés en diverses lignes (patientes et patients, professionnelles et professionnels, visiteuses et visiteurs). Le réseau d’écrans dynamiques du CHUV a également été mis à contribution pour diffuser des bulletins d’information et des informations aux patientes et aux patients dans les salles d’attente.

Une évaluation de la communication de crise
Dans le but d’évaluer la pertinence et l’efficacité des actions de communication, un sondage a été réalisé auprès des collaboratrices et collaborateurs du CHUV. Sur 514 réponses, le sondage a notamment montré que près de 95% des personnes interrogées estimaient que la communication sur le COVID-19 répondait à leurs besoins et qu’elles étaient informées à la bonne fréquence et sur les bons canaux. Concernant les canaux de communication que les collaboratrices et collaborateurs souhaiteraient garder après la crise, à une large majorité, les bulletins d’information par courriel arrivent en première position, les messages vidéo du directeur général en deuxième position et les informations transmises par la hiérarchie en troisième position.

Communication externe

Le site internet du CHUV
Afin de répondre aux besoins d’information relatifs à cette crise, le site internet du CHUV a évolué. Plus de 20 pages dédiées ont été créées, une campagne de dons en ligne pour le fonds d’entraide COVID-19 a été lancée et 80 sites internet des services ont été mis à jour.

Les réseaux sociaux
Un travail important de communication avec la population a été réalisé par le biais des réseaux sociaux (LinkedIn, Facebook, Twitter). L’explosion du nombre d’abonnées et abonnés des différentes pages du CHUV montre que ces informations répondaient à un réel besoin de la population d’obtenir des informations de la part de professionnelles et professionnels de la santé. Entre le début de la crise et aujourd’hui, le nombre de personnes abonnées aux pages LinkedIn, Facebook et Twitter du CHUV est passé respectivement de 26’000 à 42’000, de 11’500 à 24’000 et de 3900 à 8300.

En 2020, les médias de Suisse romande et au-delà ont sollicité le CHUV plus de 500 fois.

Campagnes de communication
Diverses campagnes de communication ont été lancées tout au long de la crise («Le CHUV vous dit merci», «Pâques, restez chez vous», «Ne lâchons rien!», «CHUV is safe», «Garder le cap», etc.). Dans ce cadre, plus de 100 vidéos ont été produites (questions de spécialistes, messages de santé publique, séries à thème). Ces différentes campagnes ont obtenu un franc succès. L’exemple le plus frappant a été l’invitation à rester chez soi («Merci, vous qui restez chez vous»), visionnée plus d’un million de fois.

L’application Urgences Vaud intègre le CoronaCheck
Dans le but de limiter la venue des patientes et patients dans les services d’urgences du canton et de diminuer leur surcharge, l’outil CoronaCheck a été intégré à l’application Urgences Vaud. A fin décembre 2020, depuis son lancement, l’application avait été téléchargée plus de 104’000 fois. Durant la première vague de la pandémie, l’intégration du CoronaCheck a engendré un pic d’utilisation au cours des 7 jours qui ont suivi son intégration. Le nombre d’utilisatrices actives et utilisateurs actifs par jour est passé de 1038 à 2400 après l’intégration du CoronaCheck. Le nombre d’utilisatrices actives et utilisateurs actifs moyen par jour a été de 635 en 2020.

Des relations étroites avec les médias
En 2020, les médias de Suisse romande et au-delà ont sollicité le CHUV plus de 500 fois. Plus de 100 expertes et experts ont contribué à répondre aux questions de chaînes de télévision, de stations de radio et de journaux tels que la RTS, Heidi News, «Le Temps», «24 heures», «La Liberté», «L’Illustré», «Le Nouvelliste», etc.

Plus de la moitié des interventions médiatiques des expertes et experts du CHUV ont été liées au COVID-19.

Le CHUV a été cité plus de 2300 fois dans des articles et émissions de radio et télévision en Suisse. Ce nombre est en nette augmentation par rapport à 2019 et s’explique évidemment par l’apparition en mars 2020 du SARS-CoV-2 en Suisse. L’actualité du CHUV a donc été particulièrement marquée par la pandémie de COVID-19, et plus de la moitié (1256) des interventions médiatiques des expertes et experts de l’institution ont été liées à ce sujet.

En parallèle, le Service de communication a diffusé 41 communiqués de presse, dont une dizaine liés au COVID-19. Les autres visaient notamment à mettre en avant des projets de l’institution, tels que l’ouverture du nouvel Hôpital de Cery, la pose de la première pierre du nouvel Hôpital des enfants, ou encore les avancées en oncologie avec le développement de la radiothérapie FLASH.

Retrouvez le détail des mesures mises en place au CHUV dans la Rétrospective COVID-19.

Partenariat entre «In Vivo» et Payot

Voilà plusieurs années que la Commission culturelle du CHUV et la Fondation Payot pour la promotion de la lecture (FPPL) ont noué un partenariat, qui permet notamment de mettre des livres à disposition des patientes, patients, visiteuses, visiteurs, collaboratrices et collaborateurs de l’hôpital. En 2019, les deux partenaires ont conclu un contrat de distribution croisée du magazine «In Vivo» édité par le CHUV et du bimestriel «Aimer Lire» édité par Payot SA.

Les équipes de rédaction d’«Aimer Lire​» et «In Vivo​» ont entrepris une collaboration éditoriale.

En vertu de cet accord, 300 exemplaires de chaque numéro d’«In Vivo» sont proposés à la vente, au prix de 5 francs pièce, dans les douze librairies Payot de Suisse romande. En retour, 300 exemplaires de chaque numéro d’«Aimer Lire» sont mis à disposition dans les salles d’attente du Bâtiment hospitalier principal du CHUV.

Les équipes de rédaction des magazines «Aimer Lire et «In Vivo» ont également entrepris une collaboration éditoriale, qui a conduit à la création d’une rubrique intitulée «Focus / En lectures» dans «In Vivo».