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Amélioration de la prise en charge

En 2020, malgré le contexte sanitaire, le CHUV a vu la création du Centre d’intervention précoce (CIP) rattaché au Service des troubles du spectre de l’autisme (STSA), le lancement d’un projet sur le sepsis, ainsi que l’inauguration du Centre des malformations et maladies vasculaires rares (CMVR) et la mise en œuvre d’une plateforme cantonale d’orientation en neuroréhabilitation.

Un progrès technique en imagerie médicale ouvre des horizons révolutionnaires pour l’œil et le cerveau

Personnes de référence

Professeur Micah Murray, Département de radiologie médicale, Service de radiodiagnostic et radiologie interventionnelle (investigateur principal et chef de section, module de l’encéphalographie du CIBM, CHUV-UNIL)

Docteure Benedetta Franceschiello, Département de radiologie médicale, Service de radiodiagnostic et radiologie interventionnelle (chargée de recherche et autrice principale de l’étude)

Docteur Lorenzo Di Sopra, Département de radiologie médicale, Service de radiodiagnostic et radiologie interventionnelle (doctorant et coauteur principal de l’étude)

Professeur Matthias Stuber, Département de radiologie médicale, Service de radiodiagnostic et radiologie interventionnelle (chef de section, module IRM du CIBM, CHUV-UNIL)

En collaboration avec le Centre d’imagerie biomédicale (CIBM) et la Fondation Asile des aveugles, le Département de radiologie médicale du CHUV a mis au point une technologie de prise de vue par IRM exclusive au niveau mondial. Potentiellement infinies, ses applications ouvrent de multiples horizons, en particulier pour les pathologies de l’œil et les neurosciences du système visuel.

«Un moteur de Ferrari dans la carrosserie d’une Fiat». C’est avec cette image percutante que le professeur Micah Murray décrit la nouvelle technologie en imagerie médicale qu’a mise au point son équipe de chercheuses et chercheurs avec celle du professeur Matthias Stuber. La Fiat, c’est le bon scanner «standard» dans lequel cette nouvelle technologie peut être installée. Le moteur de Ferrari, c’est une technique de prise de vue ultrarapide, qui permet de photographier un organe interne en prenant jusqu’à 150 mesures par seconde, puis de reconstituer son anatomie avec une netteté inédite. La performance de la nouvelle combinaison est telle qu’il est possible de prendre des images extrêmement précises d’un organe en mouvement, et notamment de l’œil.

Laisser l’œil bouger naturellement
La première application immédiate de cette innovation technique concerne en particulier les enfants. Avec un scanner classique, prendre correctement une image d’une lésion oculaire demande habituellement de procéder à une anesthésie locale ou générale, afin que l’organe demeure immobile. La nouvelle technologie permet désormais de sauter cette étape, souvent contre-indiquée à cause de l’âge des jeunes patientes et patients. Il est désormais possible de cartographier avec précision une tumeur oculaire tout en laissant l’œil bouger naturellement.

Les horizons qu’ouvre cette nouvelle avancée technique débordent largement le seul territoire des soins.

Les personnes souffrant de nombreuses autres affections de l’œil, comme le strabisme ou le nystagmus (des mouvements involontaires saccadés des deux globes oculaires), vont également tirer des bénéfices importants de ce progrès en imagerie médicale. Disposer d’une description plus précise des muscles oculaires permettra par exemple de mieux concevoir les interventions chirurgicales. Mais le nouvel outil permet aussi de mieux diagnostiquer une maladie qui n’est pas spécifiquement oculaire, telle la maladie d’Alzheimer. L’œil montre en effet des signes précurseurs d’accumulation de plaques amyloïdes typique de cette maladie. La précision de la nouvelle technique permettra de diagnostiquer la pathologie plus précocement.

Du simple fait qu’elle permet d’examiner l’intérieur du globe oculaire sans que les yeux ne soient ouverts, l’imagerie par résonance magnétique augmente les possibilités d’observation de façon exponentielle. Prendre des images de la rétine devient possible malgré une cataracte, qui rend le cristallin opaque. Surveiller avec précision l’activité du cerveau lorsque les yeux bougent pendant qu’une personne dort (un indicateur important de l’état du sommeil) devient également faisable, que ce soit en lien avec une pathologie ou simplement pour faire progresser la connaissance sur l’activité du cerveau.

Observer un œil qui regarde
Les horizons qu’ouvre cette nouvelle avancée technique de l’imagerie en IRM débordent ainsi largement le seul territoire des soins. A l’évidence, l’outil crée un nombre de perspectives faramineux pour toutes sortes de recherches. Il est désormais possible d’investiguer l’activité du cerveau en relation avec la rétine, par exemple pour étudier les troubles de la conscience. Mais il est aussi envisageable de lancer des investigations dans le domaine des rêves, dont l’œil est une grande fenêtre. Et puis, comment les yeux et le cerveau fonctionnent-ils quand on regarde un film? Ou quand on admire une œuvre d’art ? Grâce à cet outil, la neurophysiologie va pouvoir explorer de nouveaux territoires.

Le financement du travail de recherche a été assuré par le Fonds national suisse et la Fondation asile des aveugles.

Le résultat d’une convergence
Mise au point en première mondiale, la nouvelle technologie d’imagerie en IRM était initialement développée pour des applications cardiovasculaires et pulmonaires au sein de l’équipe du professeur Matthias Stuber, grâce à plusieurs financements du Fonds national suisse. Son application à l’étude de l’œil et du cerveau a été développée en grande partie grâce aux efforts du professeur Micah Murray et de la docteure Benedetta Franceschiello, portés par une convergence de forces d’origines diverses. La docteure Franceschiello a coordonné les différentes compétences de l’équipe interdisciplinaire de recherche. Cette dernière était composée de neuroscientifiques de l’Université de Lausanne, d’ingénieures, ingénieurs, mathématiciennes et mathématiciens du Centre d’imagerie biomédicale (CIBM), et d’optométristes issus de la Fondation asile des aveugles. Le financement du travail de recherche a été assuré par le Fonds national suisse et la Fondation asile des aveugles. Protégée par un brevet, cette technologie est maintenant prête à être diffusée à travers le monde – où se trouvent de nombreuses Fiat à équiper.

Publication: Franceschiello B., Di Sopra L., Minier A., Ionta S., Zeugin D., Notter M. P., Bastianseen J. A. M., Jorge J., Yerly J., Stuber M., Murray M. M. (2020). «3-Dimensional Magnetic Resonance Imaging of the Freely Moving Human Eye», Progress in Neurobiology.

Lancement du projet Sepsis

Axe prioritaire du Plan stratégique 2019-2023 du CHUV, la filière sepsis a fait depuis septembre 2019 l’objet de onze mois de travaux, impactés par le COVID-19. Depuis sa conception, elle se décline sur deux axes: l’état des lieux de la prise en charge actuelle du syndrome d’infection générale et l’établissement d’un concept-cadre de prise en charge institutionnelle.

Le premier axe du projet se base sur trois analyses:

  • L’analyse des connaissances des collaboratrices et collaborateurs par le biais du projet SAfE (Sepsis Awareness for Education), afin de calibrer l’effort de formation
  • Une analyse comparative du CHUV par rapport aux autres centres universitaires sur la base des chiffres de l’Office fédéral de la statistique sur la période 2009-2017
  • Une analyse rétrospective systématique du Datawarehouse pour comprendre des lacunes potentielles

Le CHUV va pouvoir mieux anticiper, diagnostiquer et standardiser la documentation du sepsis.

En 2020, le projet SAfE a abouti, et l’analyse comparative a très bien avancé. Quant aux bases de l’analyse systématique, elles ont été posées. Ce travail doit permettre d’exploiter les données du CHUV pour mieux anticiper, diagnostiquer et standardiser la documentation du syndrome. Il devrait permettre aussi d’améliorer le codage du sepsis et la facturation pour ce type de pathologie.

En parallèle, l’implémentation concrète de la filière sur le terrain se poursuit en incorporant progressivement les informations de l’état des lieux. Sur la base des résultats de SAfE, une formation sepsis multimodale des collaboratrices et collaborateurs a été élaborée. Le concept cadre de prise en charge a par ailleurs été consolidé par l’automatisation des scores de détection et de diagnostic du sepsis. Selon les avancées, l’équipe qui mène le projet passera à des phases pilotes dans certains services vers la fin 2021.

Inauguration du Centre des malformations et maladies vasculaires rares (CMVR)

Début 2020, le CHUV a inauguré son nouveau Centre des malformations et maladies vasculaires rares (CMVR). Cette structure propose une consultation spécialisée qui comprend des expertes et experts de différents domaines (médecine, chirurgie, radiologie, génétique, laboratoire). Elle est destinée aux patientes et patients enfants ou adultes atteint·e·s de pathologies dites «rares» telles que le syndrome de Marfan ou le syndrome d’Ehlers-Danlos vasculaire. Ces maladies ayant une prévalence faible, un regroupement des patientes et patients au sein d’une telle structure permet aux professionnelles et professionnels d’optimiser la prise en charge, tout en favorisant la formation et la recherche.

Le CMVR propose une consultation spécialisée qui comprend des expertes et experts de différents domaines.

Afin de rendre plus visibles des pathologies encore méconnues et pourtant très invalidantes pour les patientes et patients, un symposium a été organisé fin février au CHUV. Ouvert au grand public, l’événement a été lancé par la conseillère d’Etat Rebecca Ruiz et par le professeur Philippe Eckert, directeur général de l’institution. La direction du CMVR est assurée par la professeure Lucia Mazzolai, cheffe du Service d’angiologie.

Mise en œuvre d’une plateforme cantonale d’orientation en neuroréhabilitation

Mise en œuvre dans le cadre du projet de Service universitaire de neuroréhabilitation (SUN), la plateforme cantonale d’orientation en neuroréadaptation a pour but de proposer une seule porte d’entrée dans la filière de neuroréhabilitation vaudoise. Elle permet de centraliser toutes les demandes de réadaptation neurologique et d’orienter les patientes et patients neurolésé·e·s vers l’Hôpital Nestlé (25 lits), vers l’Hôpital de Lavigny (41 lits) ou vers une prise en charge ambulatoire. Elle permet également de proposer des alternatives qui seront mises en place progressivement en partenariat avec les autres centres de réadaptation du canton. En 2020, le projet a poursuivi son organisation. Des outils communs ont été adaptés et testés. A l’avenir, une équipe mobile viendra renforcer l’ensemble du dispositif.

Pendant la pandémie de SARS-CoV-2, et bien que la plateforme ne soit pas encore pleinement opérationnelle, toutes les demandes ont été traitées de manière concertée entre le Bâtiment hospitalier du CHUV, l’Hôpital Nestlé et l’Hôpital de Lavigny. Cette collaboration a permis d’absorber l’activité supplémentaire générée par les personnes qui ont séjourné aux soins intensifs et développé des troubles neurologiques. Le flux de patientes et patients en soins aigus n’a pas été ralenti. La collaboration avec deux établissements privés, les cliniques Valmont et La Lignière, a également permis de renforcer le dispositif. La plateforme cantonale d’orientation en neuroréadaptation a ainsi pu faire la preuve de sa nécessité comme de son efficacité.

Déploiement de l’Unité d’oncopathologie translationnelle

Mise en place à l’Institut universitaire de pathologie, l’Unité d’oncopathologie translationnelle (UOPT) témoigne de nouvelles synergies entre les Départements d’oncologie (DO) et médecine de laboratoire et pathologie (DMLP). Son équipe se compose d’une directrice, pathologiste et médecin cheffe, d’une responsable scientifique, de deux chefs de cliniques et de deux techniciennes d’analyses biomédicales. Ses missions sont alignées sur les principaux objectifs de recherche du Département d’oncologie.

En 2020, l’UOPT a apporté son expertise à 41 protocoles d’études cliniques ou translationnelles.

L’UOPT contribue ainsi quotidiennement à la mise en place et au fonctionnement des nouveaux projets d’immunothérapies cellulaires et de vaccins contre les tumeurs solides, notamment les cancers du pancréas. En 2020, l’UOPT a apporté son expertise à 41 protocoles d’études cliniques ou translationnelles. Ses expertes et experts ont procédé à des analyses macroscopiques et microscopiques ainsi qu’à des techniques d’immunohistochimie pour les échantillons tumoraux de près de 200 patientes et patients.

Une collaboration étroite a été établie avec tous les services du Département d’oncologie, et notamment avec le Centre des thérapies expérimentales (CTE). Les procédures de prise en charge des matériels sont simplifiées et standardisées, et les besoins réciproques sont mieux compris. In fine, cette valorisation des compétences bénéficie aux patientes et aux patients.

Création du Centre d’intervention précoce rattaché au Service des troubles du spectre de l’autisme

Né en 2020 d’une collaboration entre le Service de l’enseignement spécialisé et de l’appui à la formation (SESAF) et le Service des troubles du spectre de l’autisme (STSA), le Centre d’intervention précoce (CIP) est dédié aux enfants de moins de 4 ans qui souffrent de troubles du spectre de l’autisme (TSA), de même qu’à leurs familles. Installé au sein du Gymnase de Beaulieu, il accueille des enfants de la région centre du canton de Vaud.

Centre pilote reconnu par l’Office fédéral des assurances sociales, le CIP propose une intervention précoce intensive sur le modèle Early Start Denver Model (ESDM). Durant des séances ludiques et structurées qui suivent sa motivation, l’enfant développe de nouvelles compétences.

Le Centre offre également des prestations complémentaires de coaching parental individuel.

Formée à l’ESDM, une équipe pluridisciplinaire composée d’éducatrices et éducateurs, d’infirmières et infirmiers, d’une logopédiste, d’une psychomotricienne, de pédagogues, de psychologues, d’une ou un médecin, accueille seize enfants durant 15 heures par semaine.

Le Centre offre par ailleurs des prestations complémentaires de coaching parental individuel et des groupes de préhabiletés sociales. Il propose également une aide à l’inclusion pour les professionnelles et professionnels des garderies et de l’école.

Il est prévu de déployer ce modèle de prise en charge dans les autres régions du canton de Vaud. Le CIP prend ainsi part à la diffusion des pratiques recommandées.

Développement du Centre interdisciplinaire du cancer de la vessie

Dès 2018, le CHUV a développé une plateforme multidisciplinaire pour la prise en charge des patientes et patients souffrant d’un cancer de la vessie. En novembre 2019, l’arrivée du professeur Beat Roth, expert reconnu sur le plan national et international dans ce domaine, a permis de favoriser le développement et l’évolution de cette plateforme.

Cette structure a permis d’augmenter l’activité (entre 2018 et 2020, +86% de consultation et +188% de cystectomies), mais surtout d’optimiser et d’améliorer la qualité du traitement et du suivi des personnes soignées. L’unité de recherche du Service d’urologie y a également contribué en facilitant la récolte de matériel pour la Biobanque d’urologie et en développant de nouvelles thérapies.


L’augmentation prévisible des cas rend nécessaire la création d’un tel centre.

La complexité croissante des cas, l’augmentation des demandes de deuxième avis, les diverses collaborations établies avec de nombreux hôpitaux régionaux, de même que le fait que la cystectomie radicale est récemment devenue une intervention répondant aux critères de la médecine hautement spécialisée (MHS), font prévoir une augmentation encore plus importante des cas à partir de 2021.

Il existe en conséquence un besoin pour la création d’un centre interdisciplinaire de la vessie qui regrouperait non seulement des médecins de différentes spécialités (urologues, oncologues, radio-oncologues, pathologues, radiologues, gériatres), mais aussi du personnel paramédical (infirmières et infirmiers, infirmières et infirmiers de recherche, stomatothérapeutes, diététiciennes et diététiciens, physiothérapeutes).

Création d’un centre du complément en néphrologie

Créé en 2020, le Centre du complément en néphrologie de Lausanne offre une expertise clinique, biologique et génétique unique en Suisse, relative aux maladies rénales et extrarénales, médiées par le système du complément, qui fait partie de l’immunité innée. Une labellisation Orphanet a été obtenue la même année. Cette appellation offre une visibilité nationale et internationale auprès des patientes, des patients et des médecins dans le domaine des maladies rares. Le centre a entamé la mise en place d’études cliniques et translationnelles autour de l’implication du complément dans les maladies rénales et extrarénales.

Il s’agit du premier centre de ce type en Suisse.

La création de ce centre est le fruit d’une collaboration entre les Services de néphrologie, d’immunologie, de médecine génétique et le Centre de transplantation d’organes (CTO) du CHUV. Elle s’inscrit dans le cadre du Centre d’immunologie humaine (CIHL) et du Plan stratégique du CHUV. Il s’agit du premier centre de ce type en Suisse.