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La prise en charge des brûlures graves chez l’adulte et l’enfant

Lorsqu’elles sont étendues et profondes, les brûlures figurent parmi les lésions accidentelles les plus graves. Elles nécessitent une prise en charge complexe réalisée par une équipe interdisciplinaire.

Dans le domaine des brûlures, la gravité des blessures dépend de la surface corporelle atteinte, de la profondeur des brûlures et de l’âge des patientes et patients. En l’absence de soins spécialisés, les brûlures cicatrisent de façon pathologique, la récupération fonctionnelle est de moindre qualité, et les patientes et patients ont un risque de surmortalité. A cela s’ajoutent des séquelles psychologiques et socioprofessionnelles.

L’état d’une personne brûlée nécessite une prise en charge très précise.

Dès l’admission au CHUV d’une personne brûlée, la prise en charge met en jeu un grand nombre d’intervenantes et intervenants spécialisé·e·s. Le noyau de base comprend des infirmières et infirmiers spécialisé·e·s, des médecins spécialistes en médecine intensive, et des chirurgiennes plasticiennes et chirurgiens plasticiens. Ces professionnelles et professionnels sont entouré·e·s d’anesthésistes, de chirurgiennes et chirurgiens, de physiothérapeutes, d’ergothérapeutes et de psychiatres.

En Suisse, les personnes gravement brûlées sont prises en charge par deux centres, le CHUV et l’Hôpital universitaire de Zurich. Au CHUV, elles sont soignées au Centre romand des grands brûlés du Service de médecine intensive adulte. Leur état nécessite un suivi thérapeutique très précis, notamment pour la réanimation pharmacologique et la perfusion de liquides, ainsi que pour la nutrition. Les premières heures sont décisives pour la survie et la récupération des patientes et des patients. Durant cette phase aiguë, l’organisme est totalement déséquilibré et très fragile. Le processus de réanimation est ainsi régi par un protocole strict.

Il est important que les durées d’hospitalisation des enfants soient limitées au strict minimum.

Les enfants gravement brûlé·e·s sont traité·e·s aux soins intensifs de pédiatrie, puis dans le Service de chirurgie de l’enfant et de l’adolescent.

L’accident par brûlure constitue un événement particulièrement traumatisant pour l’enfant et sa famille. Parmi les manifestations psychiques réactives les plus fréquentes, on trouve l’angoisse, la dépression, les troubles du sommeil, des troubles alimentaires ou des troubles du comportement sous la forme d’inhibition, de passivité ou de comportement régressif. Ces réactions sont intimement liées aux ressources de chaque enfant et à son histoire affective et relationnelle avec sa famille.

Afin que les enfants puissent réintégrer au plus vite leur famille et un rythme de vie normal dans un contexte habituel et rassurant, il est important que les durées d’hospitalisation soient limitées au strict minimum. Les greffes de peau de petite surface sont ainsi effectuées en ambulatoire avec une antalgie adéquate. Les traitements de physiothérapie et d’ergothérapie, de même que le suivi psychologique, sont également réalisés en ambulatoire. Etablie par toutes les équipes impliquées dans cette prise en charge, une brochure informative a été conçue pour les enfants et leurs proches. Elle aide à mieux comprendre les différentes étapes de ce long parcours de soins.

Nombre de patientes et patients

Adultes

Patientes et patients brûlé·e·s hospitalisé·e·s toutes catégories

Patientes et patients avec brûlures remplissant les critères MHS

Enfants

Patientes et patients brûlé·e·s hospitalisé·e·s toutes catégories

Patientes et patients avec brûlures remplissant les critères MHS

Durée de séjour et nombre de décès

Adultes

Durée de séjour aux soins intensifs / surface brûlée

Nombre de décès

Enfants

Durée de séjour aux soins intensifs / surface brûlée

Nombre de décès

Personnes de référence

Docteur Olivier Pantet, médecin adjoint, coordinateur de la filière brûlés, Service de médecine intensive adulte et Centre romand des brûlés

Docteur privat-docent Anthony de Buys Roessingh, co-coordinateur de la filière brûlés, Service de chirurgie pédiatrique

Commentaire des graphiques

Pour correspondre aux critères de la MHS, il faut que les patientes et patients, si elles et ils sont des enfants ou des personnes âgées de plus de 65 ans, présentent une surface brûlée égale ou supérieure à 10% de leur surface corporelle. Pour les adultes, la norme passe à plus de 20%. En complément de la surface brûlée sont également considérées comme critères de la MHS la présence d’un syndrome d’inhalation ou celle de brûlures profondes affectant des zones critiques (visage-cou, mains, grandes articulations, périnée).

En 2020, 65 patientes et patients adultes ont été hospitalisé·e·s au CHUV pour des brûlures et 7 pour des pathologies assimilées à des brûlures. Ce nombre est stable par rapport aux années antérieures, durant lesquelles 50 à 90 personnes adultes brûlées ont été soignées chaque année. Parmi les 65 patientes et patients de 2020, 53 remplissaient les critères de la MHS. Du côté des enfants, sur les 196 patientes et patients traité·e·s en 2020 (Hôpital de l’enfance de Lausanne et CHUV), 31 remplissaient les critères de la MHS, mais seulement 14 enfants ont dû être hospitalisé·e·s. Toutes et tous les autres ont pu être traité·e·s en ambulatoire.

La relation entre durée de séjour et surface brûlée doit être inférieure à un jour par pourcent du corps brûlé.

La qualité de la prise en charge intégrée (réanimation et chirurgie) se mesure en comparant la durée de séjour aux soins intensifs d’une patiente ou un patient par rapport à la surface de son corps brûlée. Durant cette période décisive, si la réanimation, la nutrition, la prévention et le traitement des infections, de même que les interventions chirurgicales, sont bien conduits et intégrés, la récupération est plus rapide. La sortie des soins intensifs, afin de rejoindre une unité de soins standard, est alors plus précoce.

Dans les centres spécialisés, la relation entre durée de séjour et surface brûlée doit être inférieure à un jour par pourcent du corps brûlé. C’est le cas au CHUV. Par ailleurs, de même que dans les centres internationaux, la mortalité y est faible. En 2020, deux décès de personnes brûlées adultes ont été déplorés, auxquels il faut ajouter deux décès en raison de pathologies assimilées aux brûlures.