Françoise Jaunin
Coédition avec les éditions art&fiction, juin 2020
Avec la maîtrise tout en finesse de son premier métier d’artisan ébéniste suivi de sa formation à l’ECAL, et avec la profondeur de son regard sur notre monde en mutation dans l’enchevêtrement croissant des cultures, Emmanuel Mbessé conduit sa quête d’artiste sur le tranchant d’un minimalisme intuitif. Sous le laconisme méditatif de sa géométrie épurée et de sa palette réduite à un ou deux tons, c’est tout un arrière-plan d’histoires, de mémoire et de sensibilité personnelles qui est raconté en filigrane et qui renvoie à sa double appartenance culturelle.
Au fil d’une conversation menée par Françoise Jaunin, l’artiste raconte son parcours commencé par l’amour des gestes et des matériaux de l’artisanat; sa découverte de ce monde de l’art dont il ignorait presque tout et qui lui paraissait inaccessible; sa première vocation de designer au sein d’un trio de créateurs d’emblée salué et encouragé par plusieurs prix et distinctions; ainsi que son abandon de l’objet fonctionnel pour le saut dans le vide de la libre création, jusqu’à ce statut d’artiste qu’il ne pensait pas pouvoir s’autoriser. S’inscrivant dans l’héritage du minimalisme d’Ellsworth Kelly, Agnes Martin ou Marcia Hafif, Emmanuel Mbessé se fraye son propre chemin, totalement en phase avec les turbulences et les renversements de paradigme de notre temps, et en résonance avec la richesse de la diversité magistralement évoquée par le poète, écrivain et philosophe antillais Edouard Glissant.