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Construire l’hôpital de demain

Pour répondre aux besoins croissants de la population vaudoise en matière de santé, le CHUV suit depuis plusieurs années un plan de constructions et de rénovations ambitieux. En 2021, malgré la situation générée par le SARS-CoV-2, la Direction des constructions, ingénierie, technique et sécurité (CIT-S) a lancé de nouveaux chantiers, tandis que d’autres se sont achevés. De futurs projets ont également été planifiés. La pandémie a également obligé la CIT-S à adapter certaines structures de l’hôpital pour accueillir toutes les personnes contaminées par le virus.

Mesures de protection contre le COVID-19

De façon à permettre à l’institution de bénéficier de possibilités d’accueil en cas de nécessité, le CHUV a maintenu les mesures architecturales et techniques mises en place à la phase initiale de la pandémie pour faire face à l’afflux des patientes et patients ayant contracté le COVID-19.

L’organisation cantonale de vaccination (logistique, administrative et communicationnelle) a également incombé au CHUV. Des centres d’injection ont été déployés dès le 11 janvier. Des mesures internes ont été mises en œuvre afin de combattre les infections nosocomiales: prises en charge spécifiques (isolement, nettoyages, masques, contrôles, limitation des visites, tests systématiques, suppression des chambres à 5 lits dans certains secteurs). Les contrôles et la gestion de l’accès à l’hôpital ont été renforcés pour les patientes et les patients comme pour les visiteuses, les visiteurs et les externes (étudiantes, étudiants, visiteuses et visiteurs médicaux, prestataires), qui devaient obligatoirement présenter un certificat COVID-19 dès le 15 septembre.

La tente des urgences, qui comprenait 18 places supplémentaires, a été maintenue.

Afin de garantir les capacités augmentées d’accueil, en prévision aussi de la surcharge hivernale, la tente des urgences, qui comprenait 18 places supplémentaires, a été maintenue, de même que l’exploitation de la salle de réveil du bloc opératoire rénové (BOR), dotée de 28 lits de soins intensifs en appoint. Dans le but de faciliter les transferts de patientes et patients entre les divers établissements hospitaliers, une centrale de coordination des soins intensifs a également été mise en place.

Travaux pilotés par la Direction des constructions, ingénierie, technique et sécurité

2019 2020 2021 Total
1992-2021
Moyenne annuelle
1992-2021
Travaux d’entretien au CHUV 6,4 6,3 8,1 182,8 6,1
Travaux de transformation au CHUV 7,4 6,4 8,3 268,6 9,0
Travaux dans des locaux tiers 0,5 0,9 0,6 16,9 0,6
Fonds de 1 à 8 millions de francs 23,2 14,5 8,0 163,0 5,4
Financement CHUV 37,5 28,1 25,0 631,3 21,0
Budget de l’Etat 48,8 63,0 75,5 849,4 28,3
Financement hors CHUV (UNIL, Lavey-les-Bains) 0,1 0,0 0,0 42,0 1,4
Total 86,4 91,1 100,5 1'522,7 50,8

Un bloc opératoire qui respire la médecine de demain

Personne de référence

Tidiane Petit, chef du Service d’ingénierie biomédicale

Remis en service après une rénovation totale, le bloc opératoire central du CHUV offre un ensemble de salles et équipements qui correspondent aux standards les plus élevés de l’ingénierie biomédicale contemporaine.

Pour un peu, on se croirait dans un vaisseau de science-fiction. Devant les couleurs impeccablement unies des murs se détachent une gamme d’écrans grands et petits. Du plafond lumineux descendent deux coupoles à multiples facettes et un puissant bras articulé qui porte le ventilateur d’anesthésie. Au sol, sur un rectangle noir découpé comme une scène de théâtre, trône une table d’opération autour de laquelle aucun câble ne traîne. Le bloc opératoire rénové du CHUV n’en manque pourtant pas, de câbles: l’ensemble de sa structure en abrite plus de 700 kilomètres, qui alimentent près de 600 équipements techniques. C’est d’ailleurs l’une des grandes caractéristiques d’un complexe opératoire flambant neuf: adieu les longs serpentins qui sortaient autrefois des murs et venaient s’emmêler aux équipes médicales et soignantes pendant les interventions. Tout vient désormais du plafond, comme une manne tombée du ciel.

La place primordiale de l’image

Inauguré à l’automne 2021, le tout nouveau bloc opératoire du CHUV reprend la plupart des nouveautés qu’abritait déjà le bloc opératoire complémentaire (BOPC) mis en service en 2017. Construit pour permettre la rénovation complète du bloc opératoire central, le BOPT n’a pas seulement permis au CHUV de continuer normalement son activité chirurgicale; il a également offert l’occasion de tester de nouveaux équipements médicaux avant de les valider pour une installation dans le bloc central. Pendant dix-huit mois, les équipes cliniques ont pu évaluer leur pertinence et les équipes en charge de la construction prendre la mesure des configurations spatiales qu’impliquaient de nouveaux appareils, en particulier la place que prendraient les infrastructures techniques nécessaires à leur fonctionnement.

Le nouveau complexe opératoire du CHUV compte au total 56 moniteurs de très haute résolution (4K).

Parmi les nouveaux équipements testés au BOPC figuraient un système dit «de routing vidéo», qui permet de transmettre les différentes sources vidéo d’une salle d’opération vers des écrans d’affichage. La progression constante de la chirurgie mini-invasive, par laquelle on opère en utilisant divers appareils optiques, implique de recourir toujours plus à la visualisation des interventions. La chirurgienne ou le chirurgien qui opère, mais aussi les autres membres de son équipe, doivent pouvoir suivre intégralement le déroulement des événements. Il est aussi utile que les médecins puissent consulter des documents préopératoires pendant une intervention. Chaque salle d’opération a été équipée d’un grand écran mural, qui permet de voir des radiographies, des images scannographiques et IRM. Enfin, de chaque côté de la table, dans l’espace du champ opératoire, un écran suspendu sur un bras mobile permet aux médecins, aux médecins assistant·e·s et au personnel soignant de suivre clairement l’action des outils qui manœuvrent au niveau du site opératoire.

Le nouveau complexe opératoire du CHUV compte ainsi quatre écrans vidéo par salle, soit au total 56 moniteurs de très haute résolution (4K) qui témoignent de la place toujours plus importante de l’image dans le domaine médical. A cette infrastructure de diffusion s’ajoutent encore des outils qui permettent de filmer une intervention à des fins de formation, voire de diffuser les images en direct sur d’autres écrans encore à l’extérieur de la salle d’opération, que ce soit pour des personnes assises dans un auditoire de la Faculté de biologie et de médecine ou à l’intention d’une équipe médicale et soignante présente à proximité du bloc où l’opération se déroule.

Le plafond, origine de tous les flux

L’autre grande innovation testée dans le bloc opératoire transitoire a été de faire arriver par le plafond tous les flux qui irriguent aujourd’hui en permanence toute salle d’opération: flux d’énergie qui alimentent les appareils de surveillance, les ordinateurs, les bistouris électriques ou les ventilateurs; flux d’air laminaire qui assurent l’asepsie du site opératoire; flux électroniques qui transportent les données visuelles et techniques; flux médicaux enfin, qui apportent les gaz nécessaires tels que l’oxygène ou l’air médical. Faire passer toutes ces circulations par le haut n’apporte pas seulement de l’espace et de la liberté de mouvements pour les personnes. Le niveau de protection aseptique s’en trouve aussi nettement amélioré: lorsque des câbles traînent au sol, ils représentent des surfaces de dépôt potentielles pour les germes infectieux. Enfin, grâce à un espace désencombré, le temps de nettoyage du bloc entre deux interventions s’en trouve par ailleurs sensiblement réduit.

Les deux salles «hybrides» du bloc opératoire rénové ajoutent encore à la sophistication des lieux.

Mais si l’apparence du nouveau bloc opératoire du CHUV paraît si futuriste, c’est aussi du fait d’un nouveau type de salles que la direction a décidé d’installer, et qui préfigure la médecine de demain. Bien plus grandes que les autres, les deux salles «hybrides» du bloc opératoire rénové ajoutent encore à la sophistication des lieux. D’une surface de 80 m² (environ 30 m² de plus qu’une salle standard), la première comprend, en plus des autres équipements, un appareil d’imagerie angiographique robotisé. Ancré au sol et muni d’un impressionnant bras automatisé, l’appareil permet de procéder à un contrôle radioscopique pendant l’intervention. Cette possibilité d’imagerie in situ existait auparavant, mais avec des appareils mobiles bien moins puissants. Désormais partie intégrante de l’espace d’intervention, la nouvelle machine permet de créer sur place des clichés de très haute qualité, et donc d’avoir une vision extrêmement précise des tissus à opérer. Principalement dédiée à la chirurgie vasculaire et cardiaque, cette salle permettra de pratiquer des opérations complexes avec une plus grande sécurité.

D’une surface semblable à la précédente, la deuxième salle hybride abrite quant à elle une machine d’un autre genre – mais tout aussi impressionnante. On y trouve un robot chirurgical avec lequel un groupe de chirurgiennes et chirurgiens du CHUV sait depuis longtemps pratiquer des opérations complexes en urologie, en gynécologie, en chirurgie viscérale et dans le domaine ORL (voir focus du chapitre 1). La chirurgie robotique ne nécessitant pas nécessairement une salle de cette taille, sa présence n’y est cependant pas définitive, en fonction des besoins futurs. Selon l’évolution des besoins et de la pratique opératoire, la machine changera d’espace pour laisser la place à d’autres modes de chirurgie hybride, qui combinent radiologie interventionnelle et gestes chirurgicaux dans une salle d’opération. Le progrès de la technique médicale étant très rapide, la rénovation du bloc opératoire a en effet été pensée de manière à pouvoir facilement accueillir les évolutions à venir de la science opératoire.

Travaux achevés en 2021

Travaux en cours

Travaux planifiés