Suite au développement rapide des connaissances et des traitements, les pathologies oncologiques ne peuvent désormais être soignées qu’à la condition de partager les compétences entre spécialistes. Leur regroupement au sein d’une structure permet de définir une stratégie thérapeutique adaptée à chaque patiente ou patient et une meilleure coordination des soins.
Conçus comme des pôles d’expertise, les centres interdisciplinaires d'oncologie du CHUV offrent aux patientes et patients une prise en charge interdisciplinaire complète et adaptée à chaque type de cancer. Ces unités transversales réunissent toutes les disciplines médicales impliquées dans les investigations, les traitements et les suivis. Selon le type de cancer, les intervenants peuvent varier. Cependant, en général, on y trouve les disciplines suivantes: la chirurgie, l’oncologie, la radio-oncologie, la radiologie, la médecine nucléaire et la pathologie.
Les centres interdisciplinaires disposent par ailleurs de ressources complémentaires et transverses, qui interviennent tout au long de la prise en charge de la patiente ou du patient:
L’équipe multidisciplinaire de chaque centre œuvre à atteindre les objectifs suivants:
Les Centres d'oncologie du CHUV remplissent également de nombreux critères de qualité des soins. Chaque structure dispose d’un set d’indicateurs qui évaluent son fonctionnement. En 2021, et malgré la pandémie de COVID-19, ces indicateurs prouvent le très bon fonctionnement opérationnel des centres. Entre autres, les résultats montrent qu’une forte proportion des nouvelles patientes et nouveaux patients est discutée au colloque interdisciplinaire préthérapeutique, comme demandé par les critères de qualité. De plus, une grande majorité des nouvelles patientes et nouveaux patients ont bénéficié d’une consultation avec l’infirmière référente. Le Centre du sein et le Centre des tumeurs neuroendocrines sont par ailleurs certifiés par des organismes européens reconnus.
Le projet d’offrir à chaque patiente et patient une offre de soins de qualité et coordonnée nourrit une dynamique mise en œuvre dès 2009. Depuis cette date, le CHUV a officialisé sept centres spécialisés dans le domaine du cancer (voir ci-dessous par ordre chronologique). En 2021, deux centres interdisciplinaires d'oncologie ont vu leur construction avancer de façon notable: le Centre des tumeurs ORL et cervico-faciales ainsi que le Centre des tumeurs du foie et du pancréas, dont les officialisations sont prévues courant 2022.
A l’avenir, pour autant que la création de ce type de structures se justifie sur le plan clinique et se révèle nécessaire pour l’organisation et la qualité des soins, le CHUV offrira un centre spécialisé pour la plupart des organes susceptibles d’être atteints par un cancer. A terme, la cité hospitalière comptera une douzaine de centres interdisciplinaires d'oncologie.
En 2021, malgré les contraintes liées à la pandémie de COVID-19, le Centre du sein du CHUV a continué à prodiguer des soins de haute qualité tout en respectant les délais impartis. Le nombre de nouvelles patientes qui ont fait confiance au Centre a même augmenté de plus de 20% par rapport à l’année précédente.
Après l’audit quadriennal du mois de juin, la Ligue suisse contre le cancer et la Société suisse de sénologie ont renouvelé leur label de qualité. Le Centre a également renforcé ses liens avec l’Ensemble hospitalier de La Côte (EHC) à Morges en signant un partenariat pour la prise en charge des patientes touchées par le cancer du sein.
Au mois de juin encore, la 9e édition du symposium franco-suisse de sénologie a pu avoir lieu sous forme hybride, en présentiel et en visioconférence. Le congrès a offert une formation continue à un grand nombre de professionnelles et professionnels qui soignent des patientes atteintes d’un cancer du sein.
En octobre, en collaboration étroite avec la Ligue vaudoise contre le cancer et le Réseau cancer du sein, une association de patientes et professionnelles ou professionnels qui fêtait ses 20 ans, le Centre du sein a également organisé un événement professionnel et public dans le contexte d’Octobre rose.
En novembre, conjointement avec neuf centres romands, les recommandations de pratique clinique ont été mises à jour. Ces lignes de conduite permettent des attitudes consensuelles et basées sur les preuves scientifiques.
Enfin, tout au long de 2021, le Centre du sein a pu proposer des thérapies innovantes ou de nouvelles stratégies thérapeutiques issues d’études cliniques. De nombreuses patientes ont également contribué à la recherche translationnelle, permettant une interaction entre la clinique et la recherche en laboratoire.
Malgré la succession de mesures limitatives dictées par le COVID-19, l’activité du Centre des tumeurs thoraciques a continué de progresser. Par rapport à 2020, le nombre de nouvelles patientes et nouveaux patients a augmenté de plus de 20% et les cas présentés au colloque de concertation interdisciplinaire de presque 10%. Cette évolution représente près de 400 nouvelles patientes et nouveaux patients et un total de plus de 1250 personnes présentées au colloque de concertation interdisciplinaire. Dans le contexte incertain de la pandémie, l’équipe interdisciplinaire est parvenue à maintenir les meilleurs standards de traitement. Elle a conservé la qualité de chaque prestation et permis aux malades de bénéficier des innovations tout en respectant des délais optimaux dans les prises en charge.
Les progrès de la recherche, de même que plusieurs avancées, ont changé les pratiques. Notre recherche et plusieurs avancées en 2021 ont changé nos pratiques, comme l’amélioration par les pneumologues du marquage permettant une radiothérapie des plus précises. L’usage de la chirurgie par scopie, qui est minimalement invasive, a été étendu. Des traitements d’immunothérapie ont été appliqués aux personnes atteintes de maladies précoces opérables, avec un but curatif. Tous ces changements font l’objet de discussions hebdomadaires, nourrissent la collaboration interprofessionnelle et améliorent le pronostic.
Pendant l’année 2021, le Centre de la prostate a connu plusieurs innovations. D’une part, une plateforme de chirurgie robotique a été installée dans le nouveau bloc opératoire du CHUV. Ce nouvel instrument, qui rend désormais possibles toutes les interventions au sein du Centre, permet également d’élargir les indications et de prendre en charge les patients dont les cas sont les plus complexes. D’autre part, l’offre thérapeutique proposée aux personnes soignées s’est enrichie d’un nouveau traitement nommé «thérapie PSMA». Cette méthode permet de détecter les caractéristiques de surface des cellules cancéreuses et d’y fixer une certaine molécule radioactive. Elle est utilisée pour les cancers de la prostate métastatiques résistants aux traitements traditionnels. En Suisse romande, le Centre de la prostate du CHUV est le seul à la proposer. Enfin, malgré les vagues de COVID-19, les patients ont été pris en charge de manière optimale. Ce haut niveau de soins se traduit par l’atteinte des objectifs de l’ensemble des indicateurs de qualité.
Depuis son ouverture en 2016, le Centre des sarcomes a régulièrement augmenté son activité clinique. Malgré la pandémie de COVID-19, l’activité a perduré sans discontinuité et de manière prioritaire. En 2021, les nouveaux cas pris en charge par le Centre ont augmenté de plus de 18% par rapport à 2020. En outre, les collaborations avec d’autres centres se sont développées, notamment pour que le CHUV prenne en charge des patientes et patients de l’Hôpital de l’île de Berne afin de leur prodiguer un traitement d’exception par perfusion isolée de membre (ILP).
Enfin, la plupart des activités scientifiques ont été maintenues. De nouveaux protocoles de recherche ont été lancés, notamment avec l’équipe de médecine nucléaire du CHUV (professeur John Prior), ouverte à l’inclusion (premier trimestre 2021), dans le domaine de la théranostique pour soigner des sarcomes des tissus mous. La première étude académique suisse sur le traitement des sarcomes des tissus mous a été présentée au Congrès américain sur les sarcomes de la Connective Tissue Oncology Society (CTOS). Le Centre a contribué à des publications et à des travaux scientifiques sur la base de données des ILP. Les membres de l’équipe ont participé à plusieurs congrès internationaux, notamment ceux de la CTOS, de l’Organisation européenne pour la recherche et le traitement du cancer (EORTC) et de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO).
En 2021, le Centre des tumeurs gynécologiques a présenté plus de 11% de nouvelles patientes supplémentaires au colloque interdisciplinaire par rapport à 2020. Suite à une activité en croissance constante, son équipe atteint presque 100% de nouvelles patientes présentées au colloque interdisciplinaire en préthérapeutique. Compte tenu des effets de la pandémie de COVID-19, qui a entraîné une aggravation des cas à prendre en charge (stades plus avancés), de même qu’une augmentation du nombre des premières chimiothérapies, ces chiffres sont remarquables.
Par ailleurs, tant l’hyper-expertise du Centre (traitement des cancers ovariens, cancers du col utérin, cancers de la vulve ainsi que des maladies trophoblastiques) que sa volumétrie lui permettent d'envisager une reconnaissance prochaine en tant que site de Médecine Hautement Spécialisée (MHS).
Unique en Suisse romande et certifié depuis 2019 par la Société européenne des tumeurs neuroendocrines (ENETS Center of Excellence), le Centre des tumeurs neuroendocrines a vécu en 2021 une année très active. Par rapport à 2020, plus de 30% de patientes et patients supplémentaires souffrant de tumeurs neuroendocrines ont été présenté·e·s au colloque interdisciplinaire (tumor board). Tous les critères relatifs à la certification ont par ailleurs été remplis. Tout en favorisant l’échange constructif entre les disciplines, le Centre des tumeurs neuroendocrines propose des méthodes diagnostiques et thérapeutiques de pointe. Grâce aux interventions de l’infirmière référente et malgré la complexité des interactions entre les différentes disciplines, chaque patiente et patient a la garantie de disposer en tout temps d’un interlocuteur identifié. Enfin, la collaboration collégiale et constructive au sein de l’équipe médicale et soignante participe favorablement au très bon classement dans le registre SwissNet. Selon le rapport annuel SwissNet 2020, le Centre des tumeurs neuroendocrines du CHUV occupe désormais la première place en termes de référencement de patientes et patients.
Pionnier dans le développement et le traitement standard du glioblastome, l’une des tumeurs du cerveau les plus fréquentes et les plus agressives, le CHUV a officialisé son Centre des tumeurs du cerveau et de la moelle épinière en 2021. La création de ce centre garantit aux patientes et patients l’accès à une équipe hyperspécialisée dans tous les domaines de compétence et dont le travail intègre systématiquement les progrès qui améliorent la prise en charge. L’hôpital se positionne ainsi comme un pôle de référence international dans la prise en charge de personnes atteintes de tumeurs du système nerveux, de même que pour la formation postgraduée des médecins. De plus, les équipes cliniques et les laboratoires de recherche du CHUV dédiés aux tumeurs cérébrales collaborent désormais de façon très intense. Cette coopération étroite a déjà permis la publication de plus de 30 articles scientifiques dans le domaine de la neurooncologie.
Docteur Khalil Zaman, médecin adjoint, responsable médical du Centre du sein, Département d’oncologie
En 2021, le Centre oncologique du CHUV dédié à cette maladie s'est adapté à une demande de soins toujours plus importante. On peut attribuer la hausse du nombre de patientes et patients à la sécurité qu’offre ce type d’organisation médicale, mais aussi à la qualité des soins dont les professionnelles et professionnels impliqué·e·s font preuve.
«Quand une société devient plus fragile, une structure tient mieux qu’une simple addition de personnes»: lorsqu’il cherche une explication à la fréquentation qu’a connue le Centre oncologique du sein en 2021, le docteur Khalil Zaman n’a pas de réponse définitive. Les années précédentes, ce réseau de soins intra-hospitalier prenait en charge environ 200 personnes par année – un chiffre constant depuis douze ans. Et voilà qu’en 2021, en pleine pandémie de COVID-19 et sans que le cancer du sein n’ait connu de hausse dans la région vaudoise, le nombre de patientes reçues par le Centre a augmenté de 20%. «Une patiente peut être prise en charge par différents médecins qui travaillent tout à fait bien, mais c’est toujours mieux de savoir qui fait exactement quoi et de se sentir prise en charge de façon coordonnée», précise le docteur Zaman. Autrement dit, mieux les soins sont organisés et cohérents, plus les patientes peuvent se sentir bien entourées et bien soignées.
C’est à la fin des années 2000 que le CHUV a décidé de mettre en place des centres interdisciplinaires d'oncologie. La complexité du cancer, mais aussi les progrès réalisés dans les traitements, amenaient les patientes à consulter de plus en plus de médecins spécialistes de diverses disciplines: oncologues, radio-oncologues, chirurgiennes ou chirurgiens, mais aussi médecins pathologistes, psychologues, physiothérapeutes, spécialistes en chirurgie reconstructive ou en médecines alternatives, etc. Actuellement, la prise en charge d’un cancer peut impliquer plus d’une vingtaine de personnes. Cette multiplication des intervenantes et intervenants a sensiblement modifié le parcours médical des personnes soignées, jusqu’à rendre parfois les soins difficiles à comprendre pour les patientes et les patients.
Lancé au CHUV en 2009, le Centre du sein est la première structure à répondre à ce besoin d’organisation spécifique des soins. Conçu sous forme d’un réseau au sein de l’hôpital, il forme un pôle de compétences en lien avec toutes les spécialités nécessaires à une prise en charge rapide et coordonnée. Dans un hôpital qui compte autant de disciplines que le CHUV, cela veut dire que les patientes sont certaines de trouver la ou le médecin qui correspond à leur situation. Par ailleurs, à chaque phase de soin, l’institution donne accès à toute la gamme des traitements actuels, de la radiothérapie à l’immunothérapie, dont l’hôpital universitaire est devenu un centre de recherche de référence. C’est enfin une question de choix offert aux personnes soignées: en chirurgie reconstructive, par exemple, une patiente peut se voir proposer une prothèse mammaire ou une reconstruction dite «autologue», les chirurgiennes et chirurgiens du Centre maîtrisant l’ensemble des techniques. Cette dernière consiste à reprendre certaines parties du propre corps de la patiente – muscle, peau ou graisse – pour reconstruire un sein.
En 2013, le Centre du sein du CHUV obtenait pour la première fois son label de qualité décerné par la Ligue suisse contre le cancer (LSC) et la Société suisse de sénologie (SSS). Chaque année une évaluation est effectuée sur la base de 70 critères, et tous les quatre ans un audit est réalisé. Les deux associations sont donc revenues en 2021 avec leurs expertes et experts afin de vérifier que le travail et l’organisation du Centre correspondaient toujours à l’exigence requise. Parmi les critères d’évaluation figure par exemple le délai de prise en charge: toutes les personnes accueillies au Centre du sein doivent avoir reçu un diagnostic et un premier traitement dans les meilleurs délais et sans dépasser quatre semaines après leur arrivée pour les situations qui nécessitent plus d’investigations. La présence de plusieurs infirmières et infirmiers référent·e·s constitue un autre critère extrêmement important. Cette fonction est en effet primordiale pour la coordination des soins. Chargé·e d’établir le lien entre les spécialistes et les patientes, de s’assurer qu’elles ont bien saisi les soins proposés ainsi que leur déroulement, l’infirmière ou infirmier référent·e s’occupe aussi de recueillir toutes les informations non médicales utiles, d’un état émotionnel qui nécessiterait une psychothérapie à des problèmes familiaux ou professionnels qui appellent une aide sociale.
Avec une équipe de base qui comprend une quinzaine de médecins spécialistes, avec ses deux infirmières référentes et ses colloques interdisciplinaires hebdomadaires, grâce aussi à une très bonne entente des équipes et bien sûr, à une qualité des soins maintenue à très haut niveau, le Centre du sein du CHUV a rempli tous les critères de l’audit quadriennal 2021. Son label de qualité a donc été renouvelé pour la troisième fois consécutive.