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Amélioration de la prise en charge

En 2021, malgré le contexte sanitaire, le CHUV a créé une unité d’accueil pré-chirurgical, lancé un outil d’évaluation des besoins en soins palliatifs et mis en place un nouveau programme de réadaptation pour les personnes atteintes d’un lipœdème. Il a aussi acquis un équipement de chirurgie robotique.

La chirurgie robotique s’installe dans les murs du CHUV

Personnes de référence

Professeur Christian Simon, chef du Service d’oto-rhino-laryngologie

Professeur Nicolas Demartines, chef du Département de chirurgie et du Service de chirurgie viscérale

Grâce à l’acquisition d’un robot Da Vinci, l’hôpital peut désormais pleinement s’engager dans une méthode chirurgicale qui ouvre toujours plus de possibilités pour les interventions complexes, tout en entraînant un minimum d’impacts négatifs pour les personnes opérées.

Dans son bureau sis au 10e étage du Bâtiment hospitalier du CHUV, le professeur Christian Simon parle avec l’œil des passionnés: «La chirurgie robotique représente une véritable révolution médicale. Il se pourrait qu’elle devienne bientôt une chirurgie de référence en Europe.» Chirurgien spécialiste en oto-rhino-laryngologie, notamment en chirurgie cervico-faciale et reconstructive, le professeur Simon a de quoi étayer son propos. De 2012 à 2020, le CHUV a partagé un robot Da Vinci avec la clinique privée lausannoise La Source. Durant ces huit ans de partenariat, les équipes médicales des deux hôpitaux ont mené plusieurs centaines d’opérations par an, avec un bilan plus que satisfaisant. Ce succès a finalement décidé le CHUV à acquérir sa propre machine et à l’installer entre ses murs, dans une salle ad hoc du tout nouveau bloc opératoire.

Un prolongement de la main humaine

Très semblable au modèle utilisé à La Source, le robot Da Vinci du CHUV est constitué de deux parties distinctes. Situé au pied de la table d’opération, le premier élément comprend quatre bras mécanisés qui travaillent sur la personne opérée: trois bras tiennent des instruments chirurgicaux tandis que le quatrième manipule un endoscope et visualise les tissus à opérer. Située à distance de la table d’opération, la deuxième partie du système est constituée d’une console composée d’un écran de haute résolution et d’un groupe de manettes qui commandent les bras chirurgicaux. La ou le médecin qui opère est installé·e sur un siège, le visage collé à la fenêtre visuelle qui affiche le site opératoire.

Le robot ne fait rien seul et aucun de ses gestes n’est automatisé.

Plutôt qu’un robot, terme auquel on associe généralement un appareil doté d’une certaine autonomie, la machine chirurgicale Da Vinci doit donc se comprendre comme un prolongement de la main humaine. «Le robot ne fait absolument rien seul, précise le professeur Christian Simon, et aucun de ses gestes n’est automatisé.» Autrement dit, aussi sophistiquée soit-elle, la machine ne fait qu’exécuter ce que la chirurgienne ou le chirurgien lui commande de faire. La personne qui opère et la personne opérée ne sont par ailleurs pas seules, puisqu’une ou un médecin assistant·e se tient toujours au pied de la table d’opération afin d’accompagner le déroulement de l’intervention. Enfin, comme dans toute opération classique, une ou un instrumentiste est là pour pourvoir aux outils nécessaires.

Un instrument très intuitif

Si la chirurgie robotique est révolutionnaire, ce n’est donc pas grâce à la seule complexité de la machine. C’est également grâce aux nouvelles possibilités qu’elle offre et que les médecins réussissent à mettre au point avec les années. Dans le domaine de la chirurgie ORL, par exemple, la miniaturisation des instruments et la précision des bras robotiques ont permis de développer de façon déterminante la chirurgie dite «transorale». Cette technique chirurgicale consiste à atteindre la zone opérée en passant par la bouche plutôt que d’ouvrir les tissus par le dessous ou le côté du visage. L’extrême stabilité des instruments de même que les capacités de rotation des bras permettent de pratiquer des incisions avec une très grande précision, et donc de ménager au maximum les tissus et nerfs environnants. La machine permet ainsi d’éviter toute cicatrice apparente et de réduire les séquelles opératoires au minimum possible. Les patientes et patients se remettent d’ailleurs bien plus rapidement qu’après une intervention traditionnelle. Le professeur Simon raconte qu’après une opération délicate à la base du larynx, un patient de 90 ans «a pu rentrer chez lui après quelques jours et a rapidement retrouvé une bonne déglutition». Une intervention classique l’aurait laissé «dans une situation très difficile à surmonter à cet âge».

La chirurgie robotique est vouée à étendre son application à la chirurgie thoracique et la chirurgie cardiaque.

Principalement utilisée en urologie, en gynécologie, en chirurgie viscérale et dans le domaine ORL, la chirurgie robotique est vouée à étendre son application à d’autres disciplines telles que la chirurgie thoracique et la chirurgie cardiaque. C’est d’abord une question de formation: même si, selon le professeur Simon, apprendre à manipuler le robot Da Vinci est très intuitif, le caractère inédit de ses possibilités demande parfois aux médecins d’aborder leur discipline sous un angle nouveau et de mettre en place des protocoles opératoires spécifiques. La progression de la chirurgie robotique au CHUV apparaît cependant inéluctable pour les opérations complexes. En 2021 déjà, dans le seul domaine ORL, le robot Da Vinci a été utilisé pour 60 opérations lourdes: «C’est autant que dans certains grands hôpitaux de référence américains.» Une manière de dire que le CHUV s’est déjà profilé comme un hôpital où la chirurgie robotique va occuper une place déterminante – et sans doute faire référence pour d’autres institutions, en Suisse et au-delà.

Autres sujets

Création d’une unité d’accueil préchirurgical (same-day surgery)

Afin de mieux anticiper le flux des patientes et patients, la Direction médicale (DIM) et la Direction des soins (DSO) ont lancé un projet d’unité d’accueil préchirurgical (same-day surgery) qui permet de recevoir les patientes et patients le jour même de leur intervention chirurgicale élective. Opérationnelle en 2021 pendant trois mois, une structure pilote a permis de tester de façon satisfaisante les processus soignants, administratifs et organisationnels nécessaires pour accueillir les patientes et patients en toute sécurité. La DIM et la DSO ont donc décidé de pérenniser l’activité de cette nouvelle unité à partir du 1er septembre 2021 en la mettant au service des chirurgies viscérale, vasculaire et thoracique, ainsi que de l’ORL et l’urologie. Malgré la cinquième vague de COVID-19, 150 personnes ont pu bénéficier de cette nouvelle structure durant le dernier trimestre de l’année. L’inclusion des autres services de chirurgie du CHUV est prévue dès 2022.

Le fait que les personnes arrivent le jour même de leur opération favorise leur autonomie.

Ce nouveau mode d’hospitalisation répond à des besoins institutionnels et sociétaux. En harmonisant la documentation du dossier patient·e informatisé et en veillant à ce que les documents légaux (consentements chirurgical et anesthésique) soient signés dans les délais requis, le same-day surgery facilite la collaboration des nombreuses personnes qui interviennent dans le parcours préchirurgical des patientes et patients. Le fait que les personnes arrivent le jour même de leur opération favorise leur autonomie et permet d’utiliser de manière plus efficiente les lits disponibles dans les unités de soins.

Inauguration du Centre d’immunologie humaine de Lausanne

A l’initiative de la Faculté de biologie et de médecine, la FBM et le CHUV ont créé le Centre d’immunologie humaine de Lausanne (CHIL) au sein de la Section des sciences cliniques (SSC). Après un lancement en 2019, le Centre a été inauguré en juillet 2021. L’événement a été l’occasion de leçons inaugurales sur les thèmes des réservoirs de VIH, du guidage de la réponse immunitaire, de la thérapie cellulaire et de la tolérance des transplantations.

L’objectif du CHIL est de développer les synergies nécessaires au développement d’un programme unique.

Douze services de la SSC participent au programme du CHIL. Les programmes de recherche existants sont centrés sur les mécanismes régulatoires de la réponse innée et adaptative, l’immunité antivirale et tumorale, l’immunopathogenèse des maladies systémiques inflammatoires, la tolérance dans la transplantation, le vieillissement du système immunitaire chez la personne âgée, la relation entre la signalisation du récepteur de surface des lymphocytes T (TCR) et l’oncogenèse, la réponse vaccinale chez les populations vulnérables, les immunodéficiences primaires et secondaires, l’immunopathogenèse de la sclérose en plaques, la réponse thérapeutique à des agents biologiques dans les maladies systémiques inflammatoires et dans les cancers, enfin l’immunogénétique des maladies infectieuses.

L’objectif du CHIL est de développer les synergies nécessaires au développement d’un programme unique et compétitif au niveau national et international, afin d’assurer la durabilité du programme et la formation des futur·e·s immunologistes au sein de la SSC.

Extension du projet LOGES: améliorer l’information aux patientes, patients et proches

Implémenté dans trois unités du Service de médecine interne, le projet LOGES vise à impliquer les patientes et patients dans leur plan de soins et à améliorer la communication du projet thérapeutique. Installé sur le mur en face du lit, un tableau blanc offre une vision de toutes les informations connues (examens prévus, objectifs de traitement, date de sortie, régime alimentaire, mobilité, etc.), tout en respectant le secret professionnel (pas de nom complet ni de maladie précise). La patiente ou le patient se trouve ainsi aux premières loges de sa prise en charge. Elle ou il peut anticiper sa sortie, poser ses questions et parfois utiliser le tableau comme aide-mémoire.

Le projet s’intégrera à la refonte de la visite médico-soignante quotidienne.

Le projet sera étendu à tout le service en 2022. Il s’intégrera à la refonte de la visite médico-soignante quotidienne, essentielle à la documentation du tableau. Toute l’équipe de soins disposera des mêmes informations, ce qui permettra d’améliorer la prise en charge interprofessionnelle. Il est prévu de développer une version numérique du projet.

Lancement d’ID-PALL, un outil pour évaluer les besoins des patientes et patients en soins palliatifs

ID-PALL est un instrument de dépistage destiné aux infirmières, aux infirmiers et aux médecins. A l’exception des urgences, des soins intensifs et des milieux socio-éducatifs, il permet à tous les services d’identifier les patientes et patients adultes qui ont besoin de soins palliatifs, quelle que soit leur pathologie. Validé en médecine interne au CHUV et au Tessin, cet outil a été conçu pour favoriser la discussion des professionnelles et professionnels autour du projet thérapeutique des personnes en situation palliative. Son but est d’améliorer la prise en charge, et donc la qualité de vie des patientes, des patients et de leurs proches.

Disponible au CHUV dans le logiciel médical Soarian, ID-PALL comporte deux parties. Intitulée ID-PALL G, la première permet d’identifier les personnes qui ont besoin de soins palliatifs généraux. Intitulée ID-PALL S, la deuxième concerne celles qui requièrent des soins palliatifs spécialisés.

Une prise en charge de la carcinose péritonéale reconnue dans le monde entier

Pendant longtemps, la chimiothérapie palliative a été le «traitement standard» des patientes et patients atteint·e·s de carcinose péritonéale, avec un pronostic réservé. En 2013, le Service de chirurgie viscérale du CHUV a créé une équipe dédiée à cette maladie. Celle-ci a d’abord mis en place de la cytoréduction associée ou non à de la chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale (CHIP). En 2015, la chimiothérapie pressurisée par aérosol (PIPAC) a été introduite.

Actuellement, le nombre d’opérations pour carcinose dépasse la centaine par an.

Au CHUV, le nombre d’opérations pour carcinose a beaucoup augmenté. Avant 2013, on en comptait annuellement une dizaine. Actuellement, ces interventions dépassent la centaine par an. L’équipe carcinose du Service de chirurgie viscérale a effectué un travail scientifique de pionnier. Publiés dans The Lancet Oncology et Nature Reviews, ses résultats ont eu un grand impact. Le Service a par ailleurs dirigé l’implémentation de la chimiothérapie PIPAC (6 cours suivis par 122 participantes et participants du monde entier), de même que la standardisation de ce traitement (publication de 7 guidelines). Enfin, l’année 2021 a vu la création du Registre suisse de carcinose sur la base d’une élaboration systématique d’algorithmes de prise en charge optimale des personnes concernées.

Prise en charge multidisciplinaire de la pathologie de l’aorte thoracique

La pathologie de l’aorte thoracique comprend principalement les anévrismes et les dissections (une brèche sur la paroi interne du vaisseau sanguin). L’incidence de ces pathologies est en constante augmentation à cause du vieillissement progressif de la population, mais aussi en raison des progrès techniques et des techniques d’imagerie plus accessibles.

Le Département cœur-vaisseaux a prévu de mettre en place une «filière de l’aorte» en 2022.

Lorsque l’affection se situe en amont de l’isthme de l’aorte, le traitement reste dominé par les approches chirurgicales ouvertes, le plus souvent avec un recours à la circulation extracorporelle. Les atteintes qui se situent en aval de l’isthme ont très largement bénéficié des progrès spectaculaires des techniques endovasculaires.

Les atteintes extensives de l’aorte thoracique, qui s’étendent en amont et en aval de l’isthme aortique, peuvent bénéficier d’approches hybrides qui combinent une chirurgie ouverte et une procédure endovasculaire. De telles stratégies nécessitent toutefois une collaboration étroite entre les spécialistes médicaux de la pathologie aortique (angiologie, cardiologie), de l’imagerie (radiologie), et les chirurgiennes et chirurgiens cardio-vasculaires et vasculaires. C’est la raison pour laquelle le Département cœur-vaisseaux (DCV) a prévu de mettre en place en 2022 une «filière de l’aorte», qui assure une plateforme pour optimiser la discussion multidisciplinaire et assurer le suivi de ces patientes et patients complexes.

Cardiologie: création d’un système d’éducation en ligne

Issu de la volonté de mettre un programme de formation postgraduée et continue à disposition des cardiologues et des assistantes ou assistants en cardiologie, EduCardio est une initiative du Service de cardiologie du CHUV et du Groupement des cardiologues vaudois.

Le programme se compose de congrès bi-annuels hybrides et de colloques postgradués filmés.

Lancé pendant la pandémie au format numérique avec la plateforme www.educardio.ch, le programme est ensuite devenu hybride (virtuel et physique). Il se compose de congrès bi-annuels hybrides et de colloques postgradués du CHUV filmés, ainsi que de contenu multimédia publié sur la plateforme et les réseaux sociaux (interviews d’expertes et experts, résumés d’études, commentaires sur des découvertes scientifiques, etc.). S’y ajoute encore un «eCours» avec questionnaire à choix multiple permettant de s’évaluer soi-même. Dans un avenir proche, une section «Soignant·e·s» sera lancée sur la plateforme, destinée au personnel de santé actif en cardiologie.

Grâce à un ensemble de sponsors industriels parmi lesquels aucun n’est assez important pour exercer une influence, EduCardio se développe en toute indépendance. Edité principalement en français, son contenu de grande qualité est accessible gratuitement à tout·e cardiologue, sur une simple inscription.

Mise en place d’un nouveau programme de réadaptation pour les personnes atteintes d’un lipœdème

Certifié par la Société suisse d’angiologie, le programme de réadaptation vasculaire ANGIOFIT a fait ses preuves pendant dix ans. Fort de ce succès, le Service d’angiologie du CHUV propose depuis 2021 une version 2.0 du dispositif: ANGIOFIT-Lipœdème. Une femme sur dix est concernée par cette maladie chronique, mal connue et sous-diagnostiquée, qui se caractérise par un trouble de la répartition des graisses induisant une accumulation locale et douloureuse de tissu adipeux sous-cutané au niveau des jambes et/ou des bras. Grâce à cette version adaptée du programme, les personnes atteintes d’artériopathie ne seront plus les seules à bénéficier des bienfaits de l’exercice.

ANGIOFIT-Lipœdème s’inscrit dans une prise en charge coordonnée et globale.

La mise en place de cette nouvelle offre est inédite. ANGIOFIT-Lipœdème s’inscrit dans une prise en charge coordonnée et globale. L’exercice préconisé vise à réduire la douleur, aider à contrôler le poids, améliorer la mobilité et la qualité de vie. Prescrit et coordonné par une ou un médecin angiologue et une équipe médicale spécialisée dans l’activité physique adaptée dans le Service d’angiologie, il comprend deux séances hebdomadaires d’exercices de renforcement musculaire et d’aérobie, en partie effectués dans l’eau.

Traitement de problèmes rénaux chez les enfants, opération des reins par rétropéritonéoscopie

Depuis 2015, l’équipe d’urologie pédiatrique du CHUV offre une approche minimalement invasive pour les interventions rénales non oncologiques. Initialement limitée aux enfants de 5 ans et plus, la rétropéritonéoscopie est également disponible depuis 2017 pour les plus jeunes, certain·e·s étant âgé·e·s seulement de quelques semaines.

La rétropéritonéoscopie permet d’accéder directement au rein avec des instruments de laparoscopie.

Peu répandue ailleurs en Suisse et en Europe chez les petits enfants, la rétropéritonéoscopie permet d’accéder directement au rein avec des instruments de laparoscopie, sans devoir par exemple déplacer les organes digestifs. La majorité de ces opérations visent à rétablir un écoulement adéquat des urines depuis le rein, afin d’éviter une perte de fonction. Mais d’autres situations requièrent l’ablation d’une partie ou de la totalité d’un rein qui ne fonctionne pas.

Pour les enfants opérés (plus de 150 en 2021), l’avantage est net en termes de douleurs, de durée d’hospitalisation et d’impact cosmétique. La plupart rentrent à la maison le jour suivant l’opération, avec trois cicatrices mesurant entre 3 et 6 millimètres. De plus, la collaboration avec l’équipe d’urologie pédiatrique des Hôpitaux universitaires de Genève permet d’offrir plus largement cette approche et d’accroître l’expertise.