3.2

Comment l’environnement proche influence la conscience de soi

Montant:

784’480 francs (2021-2023)

Titre de la recherche:

My Space – Peripersonal space as the interface between the individual and the environment

Requérant principal:

Professeur Andrea Serino, Service de neuropsychologie et neuroréhabilitation, Département des neurosciences cliniques

Programme FNS:

Professeurs boursiers FNS

L’espace «péripersonnel» représente l’interface entre le corps et l’environnement physique. Des études menées sur des primates ont mis en évidence l’existence de neurones capables de répondre à la fois à des stimuli tactiles sur une certaine région du corps, et à des stimuli auditifs ou visuels à proximité de celle-ci. La représentation neuronale de l’espace péripersonnel définit une distinction entre le corps et l’environnement au sein duquel il agit. Il apparaît de plus en plus clairement que la conscience de soi se fonde (au moins en partie) sur la distinction ancestrale et préréflexive entre soi et cet environnement immédiat qu’est l’espace péripersonnel.

Ce projet de recherche émet l’hypothèse que l’espace péripersonnel constitue le fondement implicite et «préréflexif» de la conscience de soi. Financée par le FNS de 2017 à 2021, la première phase du projet a contribué à une meilleure compréhension des structures neurales sous-jacentes à l’espace péripersonnel chez l’homme, ainsi que des mécanismes par lesquels ces structures pourraient s’auto-organiser en fonction des propriétés statistiques des stimuli sensoriels. La phase de développement actuelle se concentre sur le lien entre l’espace péripersonnel et la conscience de soi, notamment en ce qui concerne les altérations des états de cette conscience.

Chez les personnes souffrant de lésions cérébrales, la conscience corporelle peut être altérée jusqu’à la négation de l’existence du membre atteint en tant que partie intégrante du corps. Des preuves récentes suggèrent que ces altérations sont liées à des déficits dans les mécanismes d’intégration multisensoriels sous-jacents à l’espace péripersonnel. Un premier axe d’investigation vise à fournir un modèle mécaniste afin d’expliquer l’origine de ces phénomènes par la combinaison d’expériences de psychophysique, d’imagerie fonctionnelle et de modèles computationnels. Cette approche peut avoir une application dans l’étude d’altérations similaires présentes dans d’autres conditions neurologiques et psychiatriques.

Un deuxième axe de recherche approfondit le lien entre l’espace péripersonnel et la conscience de soi en étudiant l’altération physiologique que le corps subit au cours du sommeil chez des sujets sains. Le projet porte sur la comparaison des réponses neurophysiologiques liées à l’espace péripersonnel lors des phases d’éveil et de sommeil, où la conscience de soi est présente (sommeil paradoxal) ou absente (sommeil non paradoxal).

Les connaissances apportées par ce projet auront également des répercussions sur la manière dont les altérations pathologiques de la conscience sont conçues et étudiées. Elles ouvriront peut-être la voie à de nouvelles stratégies de diagnostics et d’interventions thérapeutiques.