3.1

Des maladies génétiques suscitées par un segment d'ADN manquant

Titre de la recherche:

Non-coding deletions identify Maenli lncRNA as a limb-specific En1 regulator

Auteurs:

Lila Allou, Sara Balzano, Andreas Magg, Mathieu Quinodoz, Beryl Royer-Bertrand, Robert Schöpflin, Wing-Lee Chan, Carlos E. Speck-Martins, Daniel Rocha Carvalho, Luciano Farage, Charles Marques Lourenço, Regina Albuquerque, Srilakshmi Rajagopal, Sheela Nampoothiri, Belinda Campos-Xavier, Carole Chiesa, Florence Niel-Bütschi, Lars Wittler, Bernd Timmermann, Malte Spielmann, Michael I. Robson, Alessa Ringel, Verena Heinrich, Giulia Cova, Guillaume Andrey, Cesar A. Prada-Medina,
Rosanna Pescini-Gobert, Sheila Unger, Luisa Bonafé, Phillip Grote, Carlo Rivolta, Stefan Mundlos et Andrea Superti-Furga

Publication:

Nature, février 2021

La science répertorie aujourd’hui environ 8000 maladies génétiques. La cause de ces malformations reste cependant souvent mystérieuse. On sait qu’elles peuvent être provoquées par des mutations sur certains gènes utiles à la fabrication des protéines, mais les tests de diagnostic permettent actuellement d’établir un diagnostic précis dans 50% des cas de maladies génétiques présumées.

Un ensemble international de chercheuses et chercheurs, sous la direction du CHUV, a étudié la cause de malformations congénitales des membres apparues chez quatre individus sans lien de parenté. A la surprise des médecins, aucun des 20’000 gènes humains connus ne présentait de modification. Des études plus approfondies ont cependant révélé le rôle que pouvait jouer l’absence d’un segment d’ADN retrouvé à distance, dans un «désert de gènes» qu’on appelait aussi «ADN poubelle» (junk DNA).

L’analyse de ce segment d’ADN a montré qu’il était utile au codage d’un certain type d’ARN (long non-coding RNA, IncRNA), lui-même nécessaire pour activer le gène EN1 associé aux malformations. Ainsi, lorsque le segment ADN manque, le gène n’est pas activé, alors même qu’il est intact. Cette absence d’activation serait responsable des malformations.

Ces résultats suggèrent qu’une partie des cas non diagnostiqués peuvent être associés à des changements dans les régions du génome dont la fonction reste encore à élucider. Tous les morceaux d’ADN du génome humain, y compris ceux considérés comme «ADN poubelle», sont désormais des candidats à de nouvelles fonctions et pourraient expliquer les maladies génétiques. C’est un nouveau domaine de recherche qui s’ouvre.

Publiés dans Nature, ces travaux ont été réalisés en étroite collaboration par trois groupes dirigés par le professeur Andrea Superti-Furga (Université de Lausanne et CHUV), le professeur Carlo Rivolta (Université de Lausanne, Université de Bâle et Institut d’ophtalmologie moléculaire et clinique de Bâle), et le professeur Stefan Mundlos (Institut Max Planck et Hôpital universitaire de la Charité de Berlin) avec des contributions cliniques de médecins de Brasilia, Ribeirão Preto et São José do Rio Preto au Brésil ainsi que de Chennai et Cochin en Inde. Vers l’article