Titre de la recherche:
Astrocytes mediate the effect of oxytocin in the central amygdala on neuronal activity and affective states in rodents
Auteurs:
Jérôme Wahis, Angel Baudon, Ferdinand Althammer, Damien Kerspern, Stéphanie Goyon, Daisuke Hagiwara, Arthur Lefevre, Lara Barteczko, Benjamin Boury-Jamot, Benjamin Bellanger, Marios Abatis, Miriam Da Silva Gouveia, Diego Benusiglio, Marina Eliava, Andrei Rozov, Ivan Weinsanto, Hanna Sophie Knobloch-Bollmann, Matthew K. Kirchner, Ranjan K. Roy, Hong Wang, Marie Pertin, Perrine Inquimbert, Claudia Pitzer, Jan Siemens, Yannick Goumon, Benjamin Boutrel, Nathalie Rouach, Valery Grinevich, Christophe Maurice Lamy, Isabelle Décosterd, Jean-Yves Chatton, W. Scott Young, Javier E. Stern, Pierrick Poisbeau, Ron Stoop, Pascal Darbon et Alexandre Charlet
Publication:
Nature Neuroscience, février 2021
Au sein des centaines de milliards de cellules qui composent le cerveau, les cellules gliales ont longtemps été considérées comme de simples soutiens aux neurones. On assiste actuellement à un changement de paradigme: on sait aujourd’hui que les cellules gliales, et plus particulièrement les cellules en forme d’étoile nommées «astrocytes», collaborent étroitement avec les neurones pour traiter l’information sensorielle et émotionnelle. Ces dernières peuvent ainsi détecter certaines substances neuroactives comme les neurotransmetteurs «classiques», tels le glutamate ou l’adrénaline.
Une étude internationale, à laquelle le CHUV et la FBM ont participé, montre que les astrocytes participent à la modulation des émotions par des neurohormones, telles que l’ocytocine, une hormone synthétisée au sein de l’hypothalamus. Ce petit peptide de neuf acides aminés est connu pour ses fonctions de régulation d’émotions comme la peur, la sensation désagréable de la douleur ou pour son influence sur le lien social. De manière générale, l’ocytocine promeut le bien-être. Jusqu’ici, les scientifiques pensaient que son action sur les neurones était directe. En étudiant son effet au sein de l’amygdale, une structure présente à double dans le cerveau, les chercheuses et chercheurs ont découvert que l’ocytocine stimule une sous-population spécifique d’astrocytes, qui coordonnent et amplifient son action au sein du réseau neuronal. Les astrocytes sécrètent un messager qui augmente l’activité des neurones. Chez le rongeur, ce mécanisme provoque une diminution de l’anxiété, une meilleure tolérance à la douleur chronique et une sensation de bien-être.
En plus de cette découverte, l’équipe de recherche étaye la théorie selon laquelle les neurones et les astrocytes seraient des canaux de communication complémentaires: les influx électriques portés par les neurones sont rapides et localisés tandis que les signaux astrocytaires sont longs et diffus, expliquant ce sentiment persistant de bien-être induit par l’ocytocine.
Cette étude internationale a été dirigée par le docteur en sciences Alexandre Charlet, ancien postdoctorant au Centre des neurosciences cliniques du CHUV, actuellement chargé de recherche à l’Institut des neurosciences cellulaires et intégratives du CNRS à Strasbourg. Plusieurs scientifiques de la FBM et du CHUV y ont participé: la professeure Isabelle Décosterd (Centre d’antalgie du CHUV et Département des neurosciences fondamentales FBM-UNIL), le professeur Jean-Yves Chatton (Département des neurosciences fondamentales FBM-UNIL), enfin le professeur Ron Stoop et le docteur en sciences Benjamin Boutrel, tous deux au Centre de neurosciences psychiatriques du CHUV.
Crédit photo : Alexandre Charlet