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Un modèle pour identifier les rats susceptibles de sombrer dans l'alcoolisme

Titre de la recherche:

A preclinical model for identifying rats at risk of alcohol use disorder

Auteurs:

Kshitij Jadhav, Pierre Magistretti, Olivier Halfon, Marc Augsburger & Benjamin Boutrel.

Publication:

Nature Scientific Reports (IF 4.3)

Les données les plus récentes sur la consommation d’alcool en Suisse suggèrent qu’environ 250'000 personnes sont alcolodépendantes, et que 20% de la population (15 ans et plus) présente une consommation d'alcool à risque. Pendant longtemps, la recherche préclinique s’est confrontée au fait que les rats ne sont pas amateurs d’alcool. Par le truchement d’animaux génétiquement modifiés ou issus d’élevage sélectionnés de rats consommateurs d’alcool, l’essentiel de la recherche fondamentale sur le sujet a jusqu'à ce jour mis en lumière les effets négatifs de l’intoxication alcoolique sur les animaux de laboratoire. Peu de travaux se sont intéressés à la vulnérabilité individuelle des rats face au risque de perdre le contrôle  sur leur consommation d’alcool. 

Le groupe du Dr Benjamin Boutrel a voulu répondre à cette question. En adaptant certains critères diagnostiques utilisés en clinique, cette équipe du Centre de neurosciences psychiatriques du CHUV a démontré que seuls 12% d’une cohorte de rats présentait des risques majeurs de perte de contrôle sur sa consommation d’alcool. La moitié des rats testés conservaient leur capacité de boire avec modération. 

Cette étude confirme que, comme chez les humains, les rats ne sont pas égaux face au risque de boire sans modération. Par ailleurs, la méthode développée par l’équipe du Dr Boutrel confirme que l’anxiété est bel et bien un facteur de risque. Elle montre enfin que, chez les rats aussi, le développement d’un comportement d’abus requiert une exposition longue et récurrente à l’alcool.

En identifiant la circuiterie cérébrale impliquée dans le développement de la pathologie addictive, cette étude ouvre une nouvelle voie de recherche visant à identifier les profils neuropsychologiques à risque d’abus d’alcool. A terme, elle devrait permettre d’entrevoir des thérapies prophylactiques ou curatives ciblées, et ouvrir la voie d’une personnalisation des traitements pour chaque patient et patiente.