5.5

Efficience et smarter medicine

Afin de favoriser des prestations médicales dont la plus-value est réelle pour le patient, le CHUV est engagé dans la lutte contre la surmédicalisation.

Aux Etats-Unis, certaines voix se sont élevées afin de mettre en garde contre les conséquences d’un excès de soins médicaux. En 2011, des médecins américains lancent l’initiative Choosing Wisely (« Choisir avec sagesse ») qui favorise les prestations médicales dont la plus-value est bien réelle pour le patient. Cette démarche vise aussi à mieux partager le processus de décision entre patient et patiente et médecin. En Suisse, l’association Smarter medicine a lancé une campagne pour lutter contre la surmédicalisation. Y sont associés la Société suisse de médecine interne générale (SSMIG) et l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM), mais aussi les patients et les patientes.

En Suisse, l’association Smarter medicine a lancé une campagne pour lutter contre la surmédicalisation.

Dans le domaine des soins hospitaliers, la Société suisse de médecine interne générale recommande de ne pas pratiquer certains tests et prestations. Elle conseille, par exemple, de ne pas effectuer des prises de sang à intervalles réguliers ou de ne pas planifier des batteries d’examens sans répondre à une question clinique spécifique, ou encore, pour des patients et patientes qui ne sont pas en soins intensifs, d'éviter de laisser en place une sonde urinaire uniquement pour des raisons de commodité.

Dans le cadre de l’une de ces recommandations, et afin de ne pas laisser les personnes âgées alitées pendant leur séjour à l’hôpital, le CHUV a décidé de lancer un projet dans le domaine de la mobilisation.

Le mouvement, indispensable à la guérison

Personne de référence :

Guillaume Roulet, physiothérapeute chef de service, Département de médecine

Depuis 2017, le Service de médecine interne du CHUV met en place un programme de mobilisation pour les patientes et patients qui séjournent à l'hôpital. Un bouleversement culturel.

Rester au lit, bouger le moins possible, économiser ses forces en réduisant ses mouvements: tel était auparavant le modèle de comportement que le monde médical conseillait après une opération, à l'hôpital ou chez soi. Aujourd'hui, cette vision a totalement changé. On sait désormais que le mouvement, quelle que soit sa maladie ou son opération, conduit à une meilleure guérison.

Les patients et patientes âgé-e-s qui ne bougent pas assez peuvent rapidement décliner.

En 2017, à l'initiative de Guillaume Roulet, physiothérapeute chef de service, le Département de médecine interne du CHUV a lancé un programme de
« Mobilisation précoce ». Cette initiative a pour but de susciter un changement culturel chez les patients et patientes comme chez leurs proches et les équipes médicales. Par le biais d'exercices, mais aussi de documentation, de séminaires et de supports visuels, les uns et les autres peuvent désormais comprendre l'importance du mouvement pour le processus de guérison. La question est même vitale au-delà d'un certain âge: les patients et patientes âgé-e-s qui ne se mobilisent pas assez peuvent rapidement décliner, et perdre toute autonomie lors de leur retour à la maison. Ils et elles risquent alors de devoir revenir à l'hôpital ou être placé-e-s dans une institution.

Au cours de l'année 2017, le Département de médecine a édité un dépliant intitulé « Bouger aide à la guérison ». Destiné aux patientes et patients, ce document de quatre pages explique ce que veut dire « bouger à l'hôpital »: tous les mouvements, y compris les plus simples tels que: se lever de son lit, en faire le tour, s'habiller ou faire sa toilette ont des effets positifs sur le processus de guérison. Une activité régulière permet de préserver sa musculature, de maintenir son endurance physique, de prévenir les complications liées à la position couchée telles que les escarres, la douleur ou des problèmes respiratoires. Les patients et patientes qui bougent supportent mieux leurs traitements et maintiennent aussi bien leur autonomie que leur moral. Distribuée aux patientes et patients et à leurs proches dès leur arrivée au CHUV, cette information est également diffusée via des posters et des écrans dans les services.

Posées à côté de chaque patient et patiente, des affiches indiquent le type de mobilisation qui convient à chacune et chacun.

Afin d'accompagner les patients et patientes et les équipes médicales dans ce changement de culture, le Département de médecine a également édité des affiches colorées qui précisent la capacité de mobilisation des personnes soignées. Certaines peuvent bouger librement, d'autres doivent demander de l'aide pour accompagner leurs déplacements, d'autres encore ne peuvent être mises en mouvement que par les soignants et soignantes. Posées à côté de chaque patient et patiente, ces affiches indiquent le type de mobilisation qui convient à chacune et chacun.

Enfin, plus précisément destinés au personnel soignant, des séminaires sont organisés, afin que les professionnels et les professionnelles adoptent les bonnes pratiques en la matière.