1.1

Évolution de l'activité d'hospitalisation et d'hébergement

En 2017, les séjours somatiques aigus sont de plus courte durée, même si la complexité des cas n’a pas diminué. Suite à une baisse des durées de séjour et à l’extension de capacités dédiées au CHUV à l’Hôtel des patients, le taux moyen d’occupation du CHUV diminue pour atteindre 85,1%. Il reste toutefois proche des 90% aux soins intensifs, alors même que pour des lits de soins aigus, le taux optimal se situerait à 85%. 86 lits, soit 6% des capacités d’hospitalisation du CHUV, ont été occupés par des patientes et des patients en attente d’un séjour de réadaptation ou d’une place en EMS.

Durée moyenne des séjours

2015 2016 2017
Activité somatique
Aiguë 7,5 7,3 7,2
Réadaptation 19,9 20,4 20,4
Attente de réadaptation 7,0 6,2 6,1
Attente de placement C 17,4 19,1 20,6
Activité psychiatrique
Aiguë et réadaptation 24,4 23,7 25,3
Attente de placement C 75,0 58,5 51,5

Patients traités et journées de l'exercice

2016 2017 Variation
2016/2017
En moyenne
depuis 2016
Hospitalisation somatique aiguë
Patientes et patients traité·e·s 40'496 40'689 0,5% 0,2%
Journées de l'exercice 291'562 286'415 -1,8% -0,9%
Hospitalisation de réadaptation somatique et soins palliatifs
Patientes et patients traité·e·s 2'224 2'218 -0,3% -0,1%
Journées de l'exercice 43'223 42'729 -1,1% -0,6%
Attentes de réadaptation
Patientes et patients traité·e·s 1'131 1'676 48,2% 21,7%
Journées de l'exercice 6'923 10'008 44,6% 20,2%
Hospitalisation psychiatrique (y compris alcoologie)
Patientes et patients traité·e·s 4'802 4'677 -2,6% -1,3%
Journées de l'exercice 107'755 109'124 1,3% 0,6%
Attentes de placements somatiques
Patientes et patients traité·e·s 586 622 6,1% 3,0%
Journées de l'exercice 11'086 12'024 8,5% 4,1%
Attentes de placements psychiatriques
Patientes et patients traité·e·s 144 216 50,0% 22,5%
Journées de l'exercice 7'107 9'328 31,3% 14,6%
Hébergement médico-social (Soerensen-La Rosière)
Patientes et patients traité·e·s 137 135 -1,5% -0,7%
Journées de l'exercice 35'352 35'958 1,7% 0,9%
Activité totale
Patientes et patients traité·e·s 49'520 50'233 1,4% 0,7%
Journées de l'exercice 503'008 505'587 0,5% 0,3%

Soins aigus somatiques

La croissance du nombre de séjours d’hospitalisation somatique aiguë s’est ralentie entre 2016 et 2017: +0,5% de séjours par rapport à 2016 (contre 1,5 % en moyenne sur la période).

Le Département d’oncologie, secteur de développement stratégique de l’hôpital, connaît une forte croissance.

Les évolutions sont très contrastées à l’intérieur de l’hôpital:

  • Grâce à une baisse de 16% de sa durée de séjour, le Département de médecine a pu prendre en charge 14% de patients et patientes en plus;
  • Le Département d’oncologie, secteur de développement stratégique de l’hôpital, connaît aussi une forte croissance (14% de cas en plus);
  • Après un pic d’activité en 2016, les secteurs de pédiatrie et de gynécologie-obstétrique connaissent une légère diminution du nombre de cas traités, mais la complexité de ces cas semble augmenter;
  • L’activité chirurgicale de l’hôpital a été quelque peu ralentie en 2017, année pendant laquelle le CHUV a dû déplacer une grande partie de son activité chirurgicale vers un bloc opératoire transitoire, en attendant la réfection complète du bloc principal.

La baisse de la durée de séjour observée depuis 2014 se poursuit; les patients et patientes sont hospitalisées pour une durée moyenne de 7,2 jours.

Réadaptation et soins palliatifs

Toutes les unités de réadaptation du CHUV étant désormais pleinement occupées, le volume d’activité est similaire à celui de 2016. La durée de séjour se stabilise légèrement au-dessus de 20 jours.

Occupation inadéquate des lits somatiques

Le besoin de réadaptation, très lié en particulier à l’activité du Service de médecine interne, a quant à lui continué à augmenter.

De ce fait, le nombre de lits occupés dans les unités de soins aigus du CHUV par des patients et patientes en attente d’un séjour de réadaptation augmente à nouveau (27 lits en moyenne contre 19 l’année précédente).

En 2017, 60 lits aigus ou de réadaptation ont été occupés par des personnes ne requérant plus ce type de soins.

Par ailleurs, près de 21 lits de soins aigus et 12 lits de réadaptation sont occupés par des patients et patientes qui attendent (en moyenne 20,6 jours) de trouver une place en EMS.

Au total, en 2017, 60 lits aigus ou de réadaptation ont été occupés par des personnes ne requérant plus ce type de soins.

En outre, 4 lits en moyenne ont occupés pendant l’année par des patients et patientes recevant une prise en charge de médecine palliative tout en restant dans l’unité de soins dans laquelle ils étaient auparavant hospitalisés.

Soins psychiatriques

La baisse du nombre de cas traités s’explique à la fois par la fermeture de 10 lits de psychogériatrie courant 2016 et à une augmentation générale des durées de prise en charge en psychiatrie.

Le nombre de patients et patientes ayant dû attendre pour disposer d’une place dans un EMS ou une structure adaptée à leur besoin augmente à nouveau.

En 2017, plus de 7% des lits des secteurs psychiatriques (25,6 lits), sont occupés par des patients et patientes dans cette situation. Ils ont dû attendre en moyenne 51,5 jours.

Nombre de lits exploités en moyenne dans l'année

2015 2016 2017 Ecart
2016/2017
Médecine 248 218 221 3
Chirurgie 219 168 169 1
Gynécologie-obstétrique 90 215 215 0
Pédiatrie 122 120 - -120
Appareil locomoteur 131 131 129 -2
Cœur-vaisseaux - 77 79 2
Neurosciences cliniques 68 68 68 0
Oncologie 15 18 20 2
Soins intensifs adultes 35 35 35 0
Unités de réadaptation et soins palliatifs 110 136 135 -1
Sous-total soins somatiques 1'038 1'066 1'071 5
Sous-total psychiatrie 344 344 352 8
EMS Soerensen-La Rosière 89 100 100 0
Total 1'471 1'522 1'568 46

Taux d'occupation moyen

2015 2016 2017 Ecart
2016/2017
Médecine 89,4% 91,7% 88,0% -3,7%
Chirurgie 81,2% 80,9% 78,6% -2,3%
Gynécologie-obstétrique 82,7% 80,8% 78,0% -2,8%
Pédiatrie 75,6% 79,1% - -79,1%
Appareil locomoteur 74,2% 77,4% 72,1% -5,3%
Cœur-vaisseaux - 80,8% 77,7% -3,1%
Neurosciences cliniques 81,2% 78,9% 81,2% 2,3%
Oncologie 77,5% 73,6% 68,8% -4,8%
Soins intensifs adultes 92,4% 91,6% 90,0% -1,6%
Unités de réadaptation et soins palliatifs 90,9% 91,2% 93,4% 2,2%
Sous-total soins somatiques 83,1% 84,1% 81,8% -2,3%
Sous-total psychiatrie 93,8% 95,5% 96,5% 1,0%
EMS Soerensen-La Rosière 98,9% 96,9% 98,5% 1,6%
Total 86,6% 87,0% 85,1% -1,9%

Sur la cité hospitalière, l’année 2017 a été marquée par:

  • L’ouverture temporaire de 12 lits, pendant les 3 mois de pic d’activité hivernal, dans le Service de médecine interne tout comme en 2016 (pas d’effet sur le bilan des lits 2016-2017);
  • La fermeture progressive de 5 lits en chirurgie viscérale et la réouverture des 5 lits de chirurgie septique partiellement fermés en 2016 (effet net de +1 lits);
  • Un renforcement du Département cœur-vaisseaux (+2 lits);
  • L’extension pendant 4 mois des capacités de prise en charge en oncologie pour absorber un pic d’activité (+2 lits en moyenne annuelle);
  • La fermeture de 5 lits de traumatologie en milieu d’année (-2 lits en moyenne annuelle).

Conjuguées à la diminution des durées de séjour, ces ouvertures ont permis d’alléger la pression sur l’occupation des lits somatiques (taux d’occupation moyen de 81,8%).

  • En parallèle, l’ouverture progressive de lits somatiques aigus sur le site de l’Hôtel des patients, depuis la fin 2016, offre de nouvelles opportunités dans l’organisation de l’utilisation des lits du bâtiment hospitalier.

Ces marges de manoeuvre seront précieuses lors de la phase de travaux de rénovation des étages du bâtiment hospitalier qui s’ouvre en 2018.

Secteurs psychiatriques

Les mouvements intervenus au cours de l’été 2016 déploient leur plein effet sur 2017:

  • fermeture de 10 lits de psychogériatrie supplémentaires dans la région lausannoise;
  • ouverture d’une nouvelle unité de réhabilitation psychiatrique de 18 lits pendant l’été 2016;
  • les taux d’occupation restent très élevés (96,5% en moyenne);
  • l’EMS Soerensen – La Rosière atteint à nouveau un taux d’occupation maximal (98,5%).

Provenance des patientes et patients hospitalisés

La provenance des patients ne s’est pas profondément modifiée depuis 2004 : les patients vaudois forment le 88% de la patientèle du CHUV. La proportion des personnes provenant des cantons romands augmente progressivement pour se rapprocher des 10%. L’introduction du nouveau système de financement hospitalier favorise le libre passage des patients extra-cantonaux.

2015 2016 2017
Région Lausanne 55,3% 53,6% 52,6%
Reste du canton de Vaud 32,8% 34,2% 35,1%
Cantons romands 9,1% 9,6% 9,7%
Autres cantons suisses 0,9% 0,8% 0,9%
Etranger 1,9% 1,8% 1,8%

Soins intermédiaires: les soins continus du CHUV reconnus​

En 2013, portées par la Société Suisse de Médecine Intensive, ainsi que neuf sociétés de spécialistes, des recommandations nationales ont été émises afin de soutenir l’amélioration continue de la qualité des soins, de la sécurité des patients et patientes et de l’efficience des prestations dans les unités de soins intermédiaires. Le CHUV s'est engagé à faire reconnaître ses unités en complétant les critères requis. Les processus, responsabilités, dotations et compétences ont fait l'objet de développements.

Près de 100 infirmières et infirmiers ont accompli le certificat post diplôme en soins intermédiaires.

L’ensemble des unités de soins intermédiaires, pour lesquelles une demande a été déposée, a reçu une reconnaissance provisoire. La reconnaissance définitive sera délivrée suite à un rapport circonstancié, et après mise en application des recommandations. Près de 100 infirmières et infirmiers ont accompli le certificat post diplôme en soins intermédiaires, reconnu au niveau national et dispensé par le Centre des formations du CHUV.

Hébergement psychogériatrique : saturation régionale

Le dispositif d’hébergement psychogériatrique de la région lausannoise est actuellement saturé: en 2017, le nombre de demandes de placement a augmenté de + 11%. L’attente moyenne pour accéder à une place dans ce type d’EMS est de 48 jours (la médiane est à 23 jours), ceci sans perspective d’ouverture de places nouvelles avant 2020.

Psychogériatrie: fermetures de lits et développement de l'équipe mobile

Depuis 2014, le Service universitaire de psychiatrie de l'âge avancé (SUPAA) développe un dispositif pilote qui permet de dispenser, sur le lieu de vie des patients et patientes, des soins spécialisés en psychiatrie gériatrique (PsyGér).

Une réorganisation a permis de disposer de chambres de 1 à 2 lits, alors qu'auparavant les chambres en comprenaient trois ou quatre. Les professionnels libérés ont pu renforcer les activités ambulatoires de l’Équipe Mobile de Psychiatrie de l’âge avancé (EMPAA).

Un numéro unique permet de centraliser toutes les demandes d’hospitalisation et d’intervention de l’Équipe Mobile de Psychiatrie de l’âge avancé (EMPAA).

La mobilité des soignants facilite l’accès aux soins spécialisés en PsyGér. Les soins se dispensent dans un esprit de continuité et de collaboration, tant avec les soins de première ligne qu'avec le patient ou la patiente et ses proches.

Un numéro unique permet de centraliser toutes les demandes d’hospitalisation et d’intervention de l’EMPAA.

Les pathologies mentales étant toujours plus présentes chez toujours plus de personnes âgées, il est devenu primordial de développer de façon continue la psychiatrie gériatrique de liaison et d’intervention sur le lieu de vie.

Les acteurs du réseau lausannois doivent collaborer.

Cette situation accroît l’occupation inappropriée du CHUV, et alors que la pression sur les soins aigus est toujours plus importante, le problème risque de perdurer. Dans un environnement hospitalier compliqué pour ces personnes, ce temps d’attente accentue leur perte de repère. Les acteurs du réseau lausannois doivent ainsi collaborer. Ils questionnent chaque étape du parcours de soins de ces patients et patientes pour évaluer leurs besoins. Ils mobilisent les ressources adéquates, adaptent les prises en charge à l’hôpital et facilitent l’utilisation des lits d’EMS du réseau. Fin 2017, une des premières mesures concrètes a été d'affecter l’ensemble des lits du SPAH de la Rozavère, lieu d’accueil transitoire pour l’attente d’un lit d’hébergement médico-social, pour les besoins des patients et patientes psycho-gériatriques.

Plateforme enfants/adultes, immunodéficiences primaires et secondaires

Les immunodéficiences (ID) sont des maladies qui résultent des défauts du système immunitaire. Elles augmentent la susceptibilité des patients et patientes aux maladies infectieuses. Les ID primaires sont causées par des troubles génétiques du système immunitaire, tandis que les ID secondaires se développent en raison de facteurs qui n'ont pas une origine génétique, comme la chimiothérapie et les carences alimentaires.

Des consultations mixtes enfants-adultes ont été développées.

Il est important que le CHUV dispose d'une expertise spécifique dans le domaine de ces maladies, afin de pouvoir y faire face de manière efficace et appropriée. Des consultations mixtes enfants-adultes, basées sur des protocoles cliniques communs, ont été développées. Elles profitent d’outils diagnostiques d’avant-garde, comme les analyses d’immunologie cellulaire par cytométrie de masse et le séquençage à haut débit. Ces consultations partagent des objectifs scientifiques communs et complémentaires qui vont améliorer la prise en charge et le passage de l'enfance à l'âge adulte. La recherche translationnelle dans le domaine des ces maladies en bénéficiera également.

Soins psychiatriques : intégration dans les soins de pairs praticiens qui ont vécu des troubles psychiques

Afin de développer le partenariat avec le patient ou la patiente dans les soins psychiatriques, le CHUV a réalisé une expérience pilote avec des personnes qui ont vécu l’expérience du trouble psychiatrique. Ces pairs praticiens ont suivi une formation pour contribuer au rétablissement d’autres personnes. Leur implication dans les soins diminue le recours aux Urgences. Elle augmente la capacité des patients et patientes à gérer leur propre santé, ainsi que le degré de satisfaction vis-à-vis des services de psychiatrie. Les pairs favorisent également une culture de l'espoir et du rétablissement auprès des autres professionnels.

Deux pairs praticiens en santé mentale ont été engagés dans des services hospitaliers et ambulatoires du département de psychiatrie du CHUV. Pour cette nouvelle profession, il s’agissait de définir avec précision le rôle, les missions et les conditions d’engagement, et d’expérimenter l’intégration dans les équipes de soins.

Les pairs praticiens apportent un regard différent, qui améliore la compréhension des besoins des patients et patientes.

Dispensée par l’Ecole d'étude sociales et pédagogiques (EESP), la formation a préparé les pairs praticiens à leur position particulière de médiateur entre les patients et patientes et les soignants. Supervisés par les cadres de proximité, ils se sont rapidement intégrés dans les équipes, qui ont apprécié l'expertise issue de leur expérience. Les pairs praticiens apportent un regard différent, qui améliore la compréhension des besoins des patients et patientes, augmente l’espoir de rétablissement, diminue la stigmatisation et favorise le partenariat. L’expérience pilote s’est terminée avec des recommandations pour des développements futurs dans des conditions optimales.

« Chez soi d’abord » : une équipe mobile au service de personnes souffrant de troubles psychiatriques sévères

Pour éviter des hospitalisations prolongées ou un recours à l’urgence répété chez des personnes en grande précarité souffrant de troubles psychiatriques sévères, le CHUV a réalisé une expérience pilote intitulée « Chez soi d’abord » en collaboration avec la Ville de Lausanne et avec le soutien du canton de Vaud.

Dans ces situations, dissocier les aspects médicaux et sociaux enferme les personnes dans une double impossibilité: être sans abri ne permet pas de se soigner correctement et souffrir d’un trouble psychiatrique non traité ne permet pas d’accéder au logement.

Le dispositif "Chez soi d'abord" augmente les chances de rétablissement et de maintien en logement.

Le modèle « Chez soi d’abord » (housing first) propose un accès direct au logement avec le soutien d’une équipe de psychiatrie mobile, qui court-circuite les étapes usuelles (hôpital/foyer/logement individuel). Ce dispositif augmente les chances de rétablissement et de maintien en logement.

Seize personnes ont bénéficié du programme pilote. Pour un coût direct moindre, la durée moyenne et le nombre moyen d’hospitalisations psychiatriques ont diminué de manière statistiquement significative, respectivement de 81 à 15 jours, et de 1,31 à 0,44 hospitalisations. Le programme cherche maintenant un financement durable pour être capable d’accueillir de nouvelles situations.