Depuis 2011, le CHUV dispose d'une équipe spécialisée dans le traitement des blessé-e-s graves. Chargé de soigner des patients et des patientes polytraumatisé-e-s, ce groupe réunit des spécialistes de plusieurs disciplines.
Dans l'équipe spécialisée de la filière de traumatologie, on trouve des médecins et des infirmiers et infirmières issu-e-s du Service des urgences, du Service de chirurgie viscérale, du Service de radiologie, du Service d'anesthésiologie, du Service de traumatologie, du Service de neurochirurgie et du Service de médecine intensive adulte. Ensemble, ils et elles ont organisé la prise en charge au sein d'une procédure intitulée « Filière trauma ».
Un patient ou une patiente est « polytraumatisé-e » si elle ou il présente au moins deux blessures, dont l’une menace sa vie à court terme. Le plus souvent, ces traumatismes multiples sont dus à un accident de la route, du travail ou des loisirs. On compte en Suisse de 800 à 1000 blessé-e-s graves par an, et parmi eux, beaucoup de personnes jeunes. Les traumatismes multiples représentent 13 à 24% des décès parmi les personnes de moins de 40 ans. C'est la première cause de mortalité au sein de cette population.
Les polytraumatismes sont dangereux du fait que les lésions ne font pas que s'additionner: elles s'aggravent souvent les unes les autres. Le risque existe aussi que l’équipe clinique n’identifie pas l'une d'elle ou qu'elle sous-estime la gravité d'une autre. Une telle erreur peut conduire au décès. Un blessé ou une blessée grave représente donc toujours une urgence clinique. Il ou elle exige d'abord un traitement immédiat et adéquat sur le lieu même de l'accident. Il est ensuite impératif que sa prise en charge soit rapide, adaptée aux blessures et conduite selon les bonnes priorités.
Soigner des blessées et des blessés graves de façon adéquate représente ainsi un enjeu majeur. Il est indispensable de disposer de centres de traumatologie dont la structure et l'organisation offrent des moyens humains spéciaux, et dont les moyens techniques répondent aux besoins diagnostiques et thérapeutiques. L’équipe interdisciplinaire doit être entraînée à la gestion des patientes et des patients polytraumatisé-e-s, ainsi qu'à la coordination du traitement médical nécessaire. A noter que ces exigences ne servent pas seulement à améliorer sans cesse les résultats, elles permettent aussi d'assurer une bonne formation post-graduée du personnel soignant et des médecins.
Dans le cadre de la Médecine hautement spécialisée (MHS), est considérée comme « blessé grave » une personne qui présente une ou plusieurs lésions qui atteignent un score de gravité d’au moins 20 points, selon une échelle définie par l'Injury Severity Score (ISS). En font aussi partie les victimes d’un traumatisme cranio-cérébral significatif, qui atteint un score de gravité plus grand ou égal à 3, selon une échelle définie par l’Abbreviated Injury Score (AIS).
Le CHUV est l’un des 12 hôpitaux suisses chargés de proposer une filière de traumatologie spécialisée. Depuis 2011, la prise en charge des patients et patientes polytraumatisé-e-s fait l’objet d’un mandat de Médecine hautement spécialisée (MHS). Cette obligation demande de répondre à certains critères. Il faut un volume d’activités suffisant et une équipe interdisciplinaire. Cette dernière doit suivre des tâches définies, ainsi que des recommandations de bonnes pratiques cliniques.
Nombre total de patientes et patients de la filière de traumatologie admis·es au déchocage
Patientes et patients de la filière de traumatologie admis·es au déchocage ne remplissant pas les critères MHS
Patientes et patients de la filière de traumatologie admis·es au déchocage remplissant les critères MHS
Parmi l’ensemble des patientes et patients de la filière de traumatologie admis·es au déchocage
Parmi les patientes et patients de la filière de traumatologie admis·es au déchocage remplissant les critères MHS
Le nombre annuel de patients et de patientes qui correspondent aux critères de la Médecine hautement spécialisée (MHS) oscille entre 120 et 150. Ce chiffre demeure stable depuis 2008. Depuis 2014, le taux de mortalité est stable autour des 10% pour l’ensemble des patientes et des patients polytraumatisé-e-s admis-e-s dans la salle de déchocage aux Urgences du CHUV et varie entre 20-25% pour les personnes les plus gravement blessé-e-s. La légère hausse en 2017, par rapport à 2016, est non significative et potentiellement explicable par une proportion plus importante de traumatismes crâniens sévères. Depuis 2015, ces résultats font l’objet d’une analyse systématique dans le cadre de colloques interdisciplinaires qui leur sont consacrés. Les spécialistes y repassent en vue les prises en charge de toutes les personnes décédé-e-s, dans le but de proposer, si nécessaire, des mesures d’amélioration.
Effectuée depuis 2015, cette revue a montré que les trois quarts des décès étaient associés à une lésion neurologique sévère (76%). Par ailleurs, ses participants et participantes ont mis en place des séances régulières de simulation, afin d'améliorer la bonne application des procédures par l’équipe de la filière trauma, dans un contexte où le temps compte.
En 2018, l’équipe du Centre de traumatologie poursuivra les séances de simulation pour maintenir voire augmenter ses performances. Elle continuera aussi à analyser chaque décès pour identifier les éventuelles pistes d’amélioration.