3.4

La gestion des événements critiques et indésirables

Le CHUV reconnaît que l’activité hospitalière comporte un risque. Exercé au sein de systèmes faillibles et en perpétuelle mutation, l’acte de soigner peut être à l’origine d’événements indésirables.

Afin de gérer les incidents critiques et indésirables, mais aussi d’éviter qu’ils ne se reproduisent, la première étape est d’en avoir connaissance. Il est donc essentiel de promouvoir une culture d’annonce des incidents au sein d’une institution comme le CHUV. Cette nécessité est d’ailleurs stipulée dans sa Charte institutionnelle: «Je signale les événements indésirables avec bienveillance et dans un esprit constructif afin de permettre une démarche d’amélioration.»

Le recueil des événements critiques et indésirables (RECI) permet de récolter les incidents ou les quasi-incidents survenus au cours du processus clinique.

Il est essentiel de promouvoir une culture d’annonce des incidents.

Par le biais du portail RECI, toute personne qui travaille au sein du CHUV peut signaler un incident, qu’elle ait été impliquée ou non dans la survenue de l’événement. Le signalement est obligatoire pour tout événement qui génère un dommage pour la patiente ou le patient. La gestion des dommages s’effectue ensuite de façon séparée.

En 2022, des évolutions ont pris place:

  • Les données de traitement des incidents dans l’outil RECI sont anonymisées:

Si le signalement des incidents peut être anonyme ou nominatif, son traitement impliquait l’utilisation de données nominatives des patientes, des patients, des collaboratrices et des collaborateurs. Dorénavant, afin de renforcer la culture d’annonce et de ne pas stigmatiser les professionnelles et professionnels qui signalent ou sont impliqué·e·s dans l’incident, l’identité des patientes, des patients, des professionnelles et des professionnels est systématiquement supprimée après la gestion de l’incident.

  • La procédure d’analyse rapide de certains incidents a été mise en place:

Dans les situations d’événements graves impliquant des risques importants pour la sécurité des soins, la Direction médicale et la Direction des soins pilotent, en coordination avec les directions des services cliniques, une analyse rapide (analyse fast-track). Cette démarche a pour but d’identifier et de mettre en œuvre des actions correctives rapides visant à réduire le risque de récidive. L’engagement des cadres et la rapidité de l’intervention sont deux facteurs-clés de ce processus. Certains principes sont rappelés par leur intégration dans l’outil de gestion des événements indésirables, en particulier le soutien de la collaboratrice ou du collaborateur (qu’on considère comme une deuxième victime) et l’information des patientes et patients.

Une information transparente et un dialogue empathique sont privilégiés avec la patiente ou le patient et ses proches.

Il n’est pas facile de partager un incident dont on est soi-même à l’origine ni de signaler un incident dont on a été témoin. L’institution offre un soutien juridique et psychologique aux collaboratrices et collaborateurs impliqué·e·s. Elles et ils sont considéré·e·s comme «deuxième victime» pour autant que l’incident ne soit pas le résultat d’un acte délibéré ou d’une négligence grave (volonté de nuire intentionnellement, manquement à des devoirs essentiels, abus de substances). Ce principe est désormais rappelé dans l’outil de gestion de l’événement.

En outre, afin d’être transparent sur les événements ayant pu survenir et sur leurs causes associées, et ainsi conserver un lien de confiance dans la relation thérapeutique, une information transparente et un dialogue empathique sont privilégiés avec la patiente ou le patient et ses proches. La finalisation de la gestion de l’incident intègre désormais ce principe.

  • Des tableaux de bord qui agrègent les données sont disponibles

Depuis peu, les données issues de l’outil RECI font partie des indicateurs institutionnels de la qualité et la sécurité des soins. Des tableaux de bord qui agrègent les informations offrent désormais aux responsables de la gestion des événements et aux directions médico-infirmières la possibilité de piloter les démarches d’amélioration de la qualité et la sécurité des soins sur la base de statistiques exhaustives.

Si l’on veut soutenir la culture d’annonce des incidents, le retour est essentiel.

  • Le retour à la personne qui signale un incident est devenu systématique

Lorsqu’un incident est signalé dans le RECI, le système prévoit désormais un retour systématique d’information à la personne qui l’a signalé sur les suites qui ont été données à sa déclaration (sauf si le signalement est anonyme). Si l’on veut soutenir la culture d’annonce des incidents et renforcer les démarches d’amélioration et de prévention, ce retour est essentiel.

Ces évolutions permettent de consolider un climat de confiance dans lequel les collaboratrices et collaborateurs sont encouragé·e·s à s’impliquer dans l’annonce et la gestion des événements indésirables. L’enjeu consiste à améliorer de façon continue la qualité et la sécurité de la prise en charge des patientes et des patients.

RECI - Signalements par priorité

Nombre de signalements

P1

P2

P3

Vide

RECI - Durée de traitement du signalement

Durée médiane en semaines

Signalements par type d'événements

2022

2021

Commentaire des graphiques

Le nombre de signalement est en augmentation au CHUV. Cela ne signifie pas que les événements critiques et indésirables sont en augmentation. Le fait que les événements soient davantage signalés offrent l’opportunité de les analyser et de proposer des mesures de sécurisation des pratiques. Alors que les signalements augmentent, leur durée de traitement diminue, ce qui relève l’engagement des coordinatrices et coordinateurs RECI pour les traiter.