4.5

Programme ERAS

Personne de référence

Prof. Nicolas Demartines, chef du Service de chirurgie viscérale

Le programme ERAS permet de récupérer rapidement après une opération. Il implique autant les patients que les médecins et le personnel soignant.

Depuis plusieurs années, les Services de chirurgie viscérale, d’urologie et de gynécologie du CHUV suivent un protocole spécial qui accélère la récupération des patient-e-s après une opération chirurgicale.

Intitulé ERAS, pour Enhanced Recovery after Surgery (littéralement: récupération améliorée après la chirurgie), ce programme a pour but de diminuer le stress qu'entraîne toute intervention pour un-e patient-e, et de maintenir son bon état physiologique. Appliqué avec la participation active des patient-e-s, ce protocole atténue les effets négatifs d'une opération et réduit significativement les complications postopératoires. Les patient-e-s jouissent ainsi d’une meilleure qualité de vie avant, pendant et après leur intervention.

Plus de 20 mesures composent le programme ERAS. Comme l’état nutritionnel d'une personne, et notamment sa réserve en glucides, joue un rôle prépondérant pour la chirurgie comme pour la récupération, le ou la futur-e opéré-e doit consommer, le jour avant l’opération, des boissons riches en sucre. Elle ou il doit aussi s’alimenter peu de temps après l'intervention, si possible le jour même. En cas de besoin, elle ou il reçoit un traitement anti-nauséeux.

Pour qu'un-e patient-e récupère rapidement, il est aussi crucial qu'elle ou il se mette en mouvement peu après son opération. Le programme ERAS recommande de se lever quelques heures après une intervention, et de rester assis dans un fauteuil au moins pendant deux heures. Les jours suivants, il faut aussi marcher, ou prendre ses repas à table. Si nécessaire, afin de rendre cette mise en mouvement plus facile, le ou la patient-e reçoit un traitement antidouleur plus puissant.

ERAS exige que les chirurgien-ne-s, anesthésistes, infirmier-ère-s, physiothérapeutes, nutritionnistes, stomathérapeutes collaborent étroitement.

D'autres mesures du programme ERAS s'adressent aux équipes chirurgicales. Elles demandent, entre autres, de bien hydrater le ou la patient-e durant l’intervention. Elles visent aussi à empêcher que sa température corporelle ne s'abaisse; si c'est le cas, son organisme dépense davantage d’énergie, ce qu'il faut précisément éviter. ERAS recommande par ailleurs que les chirurgien-ne-s recourent prioritairement à la chirurgie par laparoscopie. Moins invasive, elle nécessite aussi moins de drains.

Le programme ERAS a été conçu en 2001 par un groupe de chirurgien-ne-s basé en Suède. En 2011, dans le but d'unifier et de standardiser leurs pratiques de prise en charge, ces médecins ont fondé l’ERAS®Society. A l'attention des équipes chirurgicales, elles et ils ont rédigé des recommandations basées sur les meilleures données scientifiques. Leurs propositions sont de plus en plus suivies au niveau international, principalement en chirurgie viscérale.

Le succès d'ERAS exige que plusieurs disciplines collaborent: chirurgien-ne-s, anesthésistes, infirmier-ère-s, physiothérapeutes, nutritionnistes, stomathérapeutes. Il demande aussi et surtout la participation active des patient-e-s.

La première personne à bénéficier d’une prise en charge ERAS au CHUV a été opérée en mai 2011 déjà. Fin 2016, quelques 2'300 patient-e-s avaient bénéficié de ce programme.

Cependant, afin que les recommandations soient bien appliquées, de même que pour juger des résultats cliniques, il est indispensable d'évaluer un tel programme par un audit de qualité. De manière anonyme et prospective (au fur et à mesure), les cliniciens du CHUV récoltent les données des patient-e-s relatives à leur prise en charge ERAS. Sur cette base, l’équipe du CHUV évalue la qualité des soins (les complications, la durée du séjour, etc.), ainsi que l'évolution des patient-e-s après leur opération. Ce suivi permet de contrôler régulièrement, et avec précision, le degré d'adhésion au programme ERAS et de comparer les résultats du CHUV avec ceux d'autres établissements certifiés.

Site internet: www.erassuisse.ch

Résultats du programme ERAS

Avant la mise en place du programme ERAS, les équipes cliniques du CHUV appliquaient déjà plusieurs de ses mesures. Le graphique montre qu'avant 2011, 46.6% des 20 mesures ERAS étaient appliquées aux patient-e-s lors d'une chirurgie colorectale programmée. Depuis la mise en place du programme ERAS et le suivi de l’audit, on voit que le degré d'application des mesures s’élève à près de 80% en moyenne sur la période 2012 à 2016.

Chez les patient-e-s opéré-e-s pour une chirurgie colorectale élective (qui n'a pas été pratiquée en urgence), le programme ERAS a permis de réduire la durée d'hospitalisation de plus de 5 jours (40%).

Proportion de mesures ERAS appliquées

avant la mise en place du programme ERAS (N=50)

avec le programme ERAS (N=938)

N = nombre de patients

Taux de complications

avant la mise en place du programme ERAS (N=50)

avec le programme ERAS (N=938)

N = nombre de patients

Durée moyenne de séjour entre l'intervention et la sortie de l'hôpital (en nombre de jours)

avant la mise en place du programme ERAS (N=50)

avec le programme ERAS (N=938)

N = nombre de patients