Après une intervention, il arrive qu'une infection survienne à l'endroit du corps qui a été opéré. Le CHUV a pour tâche de déterminer les raisons de tels événements. Il met également des actions en œuvres afin d'éviter ce type de problèmes.
Les infections du site opératoire (endroit du corps où a lieu une intervention chirurgicale) figurent parmi les infections associées aux soins les plus fréquentes.
Une infection du site opératoire est considérée comme telle si elle survient dans les trente jours après l'intervention, ou durant l'année qui suit en cas de pose de prothèse (implant définitif tel que: valve cardiaque, prothèse articulaire, etc.).
L’infection peut être superficielle ou affecter des zones plus profondes.
La survenue d’une infection dépend principalement du type d’opération. Elle dépend aussi de l’état de santé du ou de la patient-e, de la technique opératoire, des mesures de prévention telles que l’asepsie, l’administration d’antibiotiques avant l’opération et la désinfection du site opératoire.
La méthode utilisée pour détecter et suivre les infections du site opératoire obéit aux règles édictées par Swissnoso (www.swissnoso.ch). Cette association suisse de médecins hospitaliers, dédiée à la lutte contre les infections nosocomiales, veille à sa bonne application par les hôpitaux. Swissnoso s’assure que le relevé des infections s’effectue avec rigueur, sans biais dans la sélection des patient-e-s.
Nous rapportons ici les résultats observés au CHUV de deux manières:
En 2016, Swissnoso a à nouveau évalué avec quelle qualité le suivi des infections du site opératoire était effectué au CHUV; la note de 4 sur 4 a été attribuée pour la deuxième fois.
Ce résultat souligne la rigueur avec laquelle ces infections sont dépistées au CHUV.
Lorsqu'ils sont hors normes, les taux d’infections du site opératoire font l’objet d’analyses approfondies et de mesures préventives avec les équipes chirurgicales, en particulier s'ils montrent une tendance à la hausse. Le ratio standardisé d’infections (SIR) ne tient compte que partiellement des différents facteurs de risque. En ce qui concerne les appendicectomies, un taux d’infections plus élevé peut s’expliquer par le fait que les interventions les plus simples s'effectuent désormais en ambulatoire. De ce fait, elles ne font plus partie du programme de surveillance. Le contrôle ne comprend donc plus que les appendicectomies les plus compliquées, dont le risque d'infection est plus important.
Les résultats présentés ci-dessous concernent la période d'octobre 2015 à septembre 2016, sauf lorsque indiqué par une astérisque; dans ce cas, la période de mesure est d'octobre 2014 à septembre 2015.
Taux d'infection brut
Ratio standardisé (SIR) dans la norme
Ratio standardisé (SIR) significativement plus élevé qu'attendu
Nombre d'interventions suivies
Personne de référence :
Dr Laurence Senn, médecin associée, Service de médecine préventive hospitalière.
Depuis 2008, le Groupe de travail sur les anti-infectieux émet des recommandations sur le bon usage des antibiotiques au CHUV. Il conseille en particulier de limiter leur administration dans la majorité des interventions.
Toute intervention chirurgicale comprend un risque d'infection, dont l'importance varie selon le type d’opération. Entre autres mesures, l'antibioprophylaxie permet de limiter les infections du site opératoire. En cas d'indication, chirurgien-ne-s et médecins anesthésistes protègent les patient-e-s qu'ils opèrent en leur administrant un antibiotique.
Dans le but de fixer les bons principes d'utilisation des antibiotiques en son sein, le CHUV a créé, en 2008, un Groupe de travail sur les anti-infectieux. On y trouve des pharmacien-ne-s et des médecins spécialistes en infectiologie, en microbiologie, en pharmacologie clinique et en hygiène, prévention et contrôle des infections (HPCI). L'une de leurs tâches consiste à émettre des recommandations d’antibioprophylaxie adaptées au risque d'infection de chaque situation chirurgicale.
Depuis sa création en 2008, le Groupe de travail sur les anti-infectieux du CHUV publie et met à jour des recommandations détaillées et opérationnelles pour le bon usage des antibiotiques en prophylaxie chirurgicale. Destinées aux chirurgien-ne-s et médecins anesthésistes, ces recommandations ont été élaborées avec leur collaboration. Dans le domaine de la chirurgie viscérale, de la chirurgie cardiaque et vasculaire, en oto-rhino-laryngologie, en orthopédie et en urologie, ces recommandations donnent des indications très précises sur le bon antibiotique à utiliser pour une intervention. Pour chaque type d'opération, elles indiquent à quelle dose, à quel moment et à quel intervalle il convient de l’administrer. Le Groupe de travail insiste également sur la nécessité, dans la majorité des cas, de limiter l'administration des antibiotiques à une dose unique au début de l’intervention.
Auparavant, lors de certaines interventions chirurgicales, il était d'usage d'administrer largement des antibiotiques aux patients opérés avant, pendant et après leur opération.
Des études montrent cependant qu'administrer une seule dose d'antibiotiques avant une opération s'avère tout aussi protecteur que de donner plusieurs doses avant et après l'opération. Par ailleurs, l'usage non limité d'antibiotiques a conduit à l’augmentation du nombre de germes résistants. Depuis les années 2000, les infections dues à des bactéries résistantes deviennent de plus en plus nombreuses. Le développement de nouveaux antibiotiques ne paraissant, aujourd'hui, pas suffisamment prometteur, ces germes résistants menacent de rendre les médicaments de moins en moins efficaces.
De 2008 à 2016, le Groupe de travail sur les anti-infectieux du CHUV a travaillé avec les spécialités chirurgicales de l'hôpital les plus exposées aux infections, notamment la chirurgie digestive.
Les secteurs qui restent à couvrir présentent des risques infectieux moindres: il s'agit principalement de la neurochirurgie, de la chirurgie thoracique et de la gynécologie-obstétrique. Enfin, les recommandations actuelles ne conviennent qu'à l'antibioprophylaxie des adultes. Il reste encore à les adapter au secteur pédiatrique.