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Le penchant pour l’alcool est-il dicté par nos intestins?

Titre de la recherche:

Gut microbiome correlates with altered striatal dopamine receptor expression in a model of compulsive alcohol seeking

Auteurs:

Jadhav K.S., Peterson V.L., Halfon O., Ahern G., Fouhy F., Stanton C., Dinan T.G., Cryan J.F., Boutrel B.

Publication:

Neuropharmacology, octobre 2018

Tandis que 250’000 personnes sont alcoolo-dépendantes en Suisse, 20% de la population présente une consommation d’alcool à risque. Pendant longtemps, la recherche fondamentale s’est essentiellement consacrée aux effets négatifs de l’intoxication alcoolique sur les animaux de laboratoire. Elle ne prenait pas en compte leur vulnérabilité individuelle face au risque de perdre le contrôle de leur consommation d’alcool.

En 2017, en adaptant certains critères diagnostiques utilisés en clinique pour identifier les sujets à risque d’alcoolo-dépendance, l’équipe du docteur Benjamin Boutrel a démontré que seuls 12% d’une cohorte de rats présentaient des risques majeurs de perte de contrôle de leur consommation d’alcool. La moitié des rats testés conservaient leur capacité de boire avec modération.

Plus récemment, en collaboration avec l’équipe du professeur John Cryan de l’Université de Cork (Irlande), l’équipe du docteur Boutrel a montré que certaines bactéries intestinales pouvaient être corrélées avec des adaptations fines dans le cerveau. Ces modifications sont susceptibles de promouvoir une perte de contrôle de la consommation d’alcool chez les rats.

Pour la première fois, les résultats de cette étude laissent supposer que le microbiome intestinal pourrait prédisposer des individus à consommer de l’alcool en quantité excessive, avant même que l’intoxication alcoolique n’engendre de perturbation massive de la biodiversité microbiale contenue dans les intestins. L’équipe du docteur Boutrel envisage de poursuivre sa recherche afin d’identifier les liens entre le microbiome intestinal, les réponses inflammatoires et les adaptations cérébrales impliquées dans le développement de l’alcoolisme.