Un décès qui survient lors du séjour d’une patiente ou d’un patient à l’hôpital constitue un événement majeur, qui oblige une institution à comprendre ce qui s’est passé.
L’indicateur de mortalité hospitalière témoigne de la mortalité observée durant le séjour hospitalier. Les indicateurs de mortalité actuellement utilisés permettent d’indiquer la mortalité spécifique à une maladie, ou à un type d’intervention, dont le taux de décès peut révéler un défaut de qualité des soins.
Il s’agit cependant d’une évaluation partielle. En effet, lorsqu’une patiente ou un patient meurt après sa sortie de l’hôpital, son décès n’est pas pris en compte dans les statistiques de l’établissement qui l’a pris·e en charge.
Par ailleurs, cet indicateur est pondéré par un taux attendu de mortalité, en fonction de l’âge et du sexe de la patiente ou du patient. La prise en compte de ces deux paramètres est très importante: plus l’âge d’une patiente ou d’un patient est avancé, plus le risque de décéder augmente. Néanmoins, il serait encore plus pertinent de prendre en compte l’ensemble des maladies dont elle ou il souffre, par exemple un diabète, une insuffisance cardiaque, une maladie neurologique, etc. L’identification de toutes ses pathologies permettrait de mieux définir le degré de sévérité de la situation d’une patiente ou d’un patient. Tel qu’il est défini aujourd’hui, l’indicateur de mortalité hospitalière ne prend pas ces éléments en compte. Cette lacune constitue l’une des limites de cet indicateur.
L’indicateur national de mortalité hospitalière est fourni aux hôpitaux par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) dans un délai d’au moins deux ans. Pour analyser des informations plus récentes, le CHUV s’appuie sur les indicateurs calculés dans le cadre de l’Initiative pour une médecine de qualité (IQM). Cette association allemande pour la promotion de la qualité en médecine est également à l’origine d’une démarche d’analyse des décès par une équipe médico-soignante issue d’autres hôpitaux. Ce sont les résultats fournis par IQM qui sont présentés dans le Rapport qualité.
En 2018, une équipe de médecins, infirmières et infirmiers du CHUV a été formée à l’analyse telle que préconisée par IQM. Destinée à la réalisation de revues dans d’autres hôpitaux, cette formation permet aussi au CHUV d’en bénéficier pour améliorer la revue interprofessionnelle de dossiers dans le cadre des colloques mortalité-morbidité.
Données IQM 2018
Taux du CHUV dans la norme
Taux du CHUV au-dessus de la norme
Norme
Nombre de cas
Lorsque le taux de mortalité hospitalière observé au CHUV est au-dessus de la valeur attendue, les équipes cliniques analysent les causes de ce résultat. Pour un certain nombre de situations, le taux élevé s’explique avant tout par la gravité de l’état des patientes et patients. En tant qu’hôpital de référence, le CHUV a la responsabilité de prendre en charge les patientes et patients les plus sévèrement atteint·e·s. L’indicateur de mortalité ne prend cependant pas ce facteur en compte. C’est ce qui peut expliquer, par exemple, la mortalité plus élevée qu’attendue observée pour les coronarographies chez les patientes et patients qui n’ont pas eu d’infarctus du myocarde. En effet, la cause primaire du décès n’est donc pas forcément cardiaque, celui-ci peut être dû à de multiples comorbidités, dont les conséquences d’une insuffisance cardiaque.
Dans certaines situations, pour lesquelles la mortalité est très rare, un seul décès peut faire varier le taux de manière très importante. C’est le cas pour les opérations de hernie.
Les études multicentriques ont montré qu’après un AVC, les traitements de recanalisation ne réduisent pas la mortalité, mais le handicap. De plus, lors d’un AVC massif, c’est un projet de soins palliatifs qui est souvent décidé, et qui vise à accompagner la patiente ou le patient jusqu’à son décès, sans avoir à la ou le transférer dans une autre structure hospitalière. Dès lors, l’évaluation de la mortalité requiert une analyse différenciée de ces diverses situations.
En 2019, si le taux de mortalité observé est plus élevé qu’attendu, les situations de patientes et patients décédé·e·s continueront à être analysées.