Personnes de référence: docteure Bérengère Rozier Aubry, Service de rhumatologie et Centre des maladies osseuses, et docteur Eric Thein, Direction du Service d’orthopédie et de traumatologie de l’appareil locomoteur.
Pour assurer le meilleur traitement possible des fractures majeures dues à l’ostéoporose, le CHUV a créé une filière spécifique. Avec des résultats immédiats.
Aujourd’hui en Suisse, l’ostéoporose touche la moitié des femmes et un homme sur cinq. Chaque année, elle provoque environ 30’000 fractures majeures, parmi lesquelles 14’000 fractures du fémur et 11’000 fractures de vertèbres. Les fractures ostéoporotiques majeures (FOM) occupent ainsi la plus grande partie des lits dans les hôpitaux helvétiques. Elles sont par ailleurs connues pour augmenter sensiblement le risque de mortalité des personnes qui en souffrent.
Les patientes et patients qui viennent au CHUV pour une fracture ostéoporotique majeure sont souvent âgé·e·s ou très âgé·e·s. Lorsqu’elles ou ils arrivent à l’hôpital, les soins aigus prennent la priorité sur les problèmes de santé osseuse. Il arrive alors fréquemment que ces derniers ne soient pas suffisamment pris en charge.
Un tel déficit de traitement est loin d’être marginal. Il peut concerner jusqu’à 80% des fractures. En 2010, alertée par le coût humain et hospitalier des FOM, la communauté hospitalière mondiale a lancé une campagne internationale intitulée «Capture the fracture». On y encourageait notamment la création de filières de soins spécialisées dans la fracture ostéoporotique. Définis selon plusieurs degrés d’exigence, ces modèles de traitement consistent en une série d’actes médicaux coordonnés au sein de l’hôpital, de même qu’entre les médecins hospitalières et hospitaliers et les médecins traitantes et traitants.
Au CHUV, en 2008 déjà, le Département de l’appareil locomoteur (DAL) a mis en place un modèle d’organisation très exigeant pour traiter les fractures ostéoporotiques majeures. Toute patiente ou tout patient admis·e à l’hôpital avec une FOM bénéficiait d’un dépistage, de toutes les investigations nécessaires, de la mise en place d’un traitement, d’une éducation thérapeutique avec une infirmière ou un infirmier, puis d’un suivi aussi bien par les médecins spécialistes des maladies osseuses que par les médecins traumatologues de l’hôpital. Tous les services concernés assuraient également une coordination régulière entre eux. Au DAL, il s’agit du Centre des maladies osseuses (CMO), qui réunit les médecins spécialistes, et du Service de traumatologie (TRA), où séjournent généralement les patientes et patients qui souffrent de FOM.
Régulièrement évaluée depuis sa mise en œuvre, cette filière de la fracture ostéoporotique montre des effets très positifs. En premier lieu, elle permet de mieux évaluer la maladie. Ensuite, elle a pour résultat de réduire très nettement le risque de subir une deuxième fracture majeure: sans traitement adéquat, plus du tiers des patientes et patients subissent une deuxième fracture dans un avenir proche. Avec une prise en charge et un suivi complets, ce taux tombe radicalement, de même que le taux de mortalité. Par ailleurs, la mise en place d’une telle filière au sein du CHUV a modifié la pratique des médecins de famille: mieux alerté·e·s par les médecins hospitalières et hospitaliers, les médecins traitantes et traitants prennent plus tôt et plus souvent l’initiative d’un traitement avec leurs patientes et patients.
Devenue un modèle de référence en Suisse et à l’étranger, la filière de la fracture ostéoporotique du CHUV a reçu la plus haute distinction de qualité de l’International Osteoporosis Foundation. Elle a également reçu un diplôme lors de la journée Qualiday 2018 du CHUV. Elle a par ailleurs été reprise et adaptée par les hôpitaux de Fribourg, Neuchâtel, la Riviera, Delémont et Moutier avec un financement garanti.