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Les délais de prise en charge en cas d’infarctus du myocarde

Lorsqu’un infarctus du myocarde survient suite à l’occlusion d’une artère coronaire, il est impératif d’intervenir très rapidement pour désobstruer l’artère bouchée. Au bout de 30 minutes, le muscle cardiaque commence à se nécroser de façon irréversible.

En janvier 2013, après avoir constaté que des patientes et patients arrivaient trop tard dans la salle prévue pour administrer le traitement adéquat, le CHUV a mis en place la filière STEMI. Issue de l’anglais ST-elevation myocardial infarction, cette abréviation décrit l’anomalie que révèle un électrocardiogramme lors d’un probable infarctus du myocarde.

La filière STEMI organise les actions à suivre lorsqu’on suspecte un tel événement. Après l’appel au 144, elle veille à ce qu’une ou un médecin du Service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) pose un diagnostic, puis organise le transfert de la patiente ou du patient directement au CHUV et simplifie la procédure d’admission à l’hôpital. La ou le malade va directement dans l’Unité de cardiologie interventionnelle qui va la ou le prendre en charge, sans passer par les urgences. Dans le canton de Vaud, le CHUV est le seul centre qui réalise des cathétérismes cardiaques 24 heures sur 24, tous les jours de l’année.

Temps de prise en charge en cas d’infarctus

CHIFFRES 2012 à 2019

Délai (médian) en minutes entre l'arrivée au CHUV et le traitement

Nombre de patientes et patients traité·e·s

Commentaire du graphique

En 2019, le nombre de patientes et patients qui ont passé par la filière STEMI a diminué. Comme le CHUV est le seul hôpital du canton à prendre en charge les personnes qui souffrent d’un infarctus du myocarde, la variation dépend du nombre annuel de cas au sein de la population vaudoise. Il faut souligner que d’autres pays européens observent aussi une variation du nombre d’infarctus.

Parallèlement, le temps médian entre l’arrivée de la patiente ou du patient au CHUV et l’administration du traitement a augmenté de quelques minutes. Il se maintient néanmoins en dessous de 60 minutes. Ce résultat reste satisfaisant si l’on se réfère aux recommandations internationales qui fixent un délai inférieur à 90 minutes.

Objectif 2020

En 2020, l’objectif sera de maintenir en dessous de 60 minutes le délai entre l’arrivée au CHUV et le début du traitement. De plus, dans le cadre de la collaboration entre les cinq hôpitaux universitaires de Suisse, il est prévu de travailler à la comparaison des résultats et à l’amélioration des filières STEMI.

Une prise en charge rapide pour les souffrances cardiaques

Personnes de référence


Docteur Grégoire Girod, médecin associé, Service de cardiologie


Arnaud Zufferey, cadre de soins, MScN, Département cœur-vaisseaux, Services de chirurgie cardiaque et de cardiologie


Professeur Olivier Muller, chef de service, Service de cardiologie

Afin de traiter au plus vite les patientes et patients en souffrance cardiaque sans urgence vitale, le CHUV a créé la filière NSTEMI. Immédiat, son succès repose notamment sur une contrainte simple: réserver en permanence deux lits dans le Service de cardiologie.

Lorsqu’une personne arrive aux urgences du CHUV avec une douleur thoracique et qu’elle paraît susceptible de subir un infarctus du myocarde, une équipe soignante la prend immédiatement en charge: un électrocardiogramme et une prise de sang déterminent au plus vite le degré d’urgence de sa situation. Si cette urgence est vitale, la patiente ou le patient est pris·e en charge par la filière STEMI, qui permet de recevoir très rapidement les interventions nécessaires. Si en revanche les premiers examens ne montrent pas d’urgence vitale, mais que la patiente ou le patient doit néanmoins subir des examens supplémentaires, elle ou il est pris·e en charge par la filière NSTEMI, qui mène rapidement à une hospitalisation dans le Service de cardiologie.

Un problème récurrent

Pendant plusieurs années, lorsque les personnes en souffrance cardiaque arrivaient au Service des urgences du CHUV sans être en urgence vitale, elles devaient parfois attendre trop longtemps avant qu’une place ne se libère dans le service de cardiologie. En plus d’être angoissante pour la patiente ou le patient et ses proches, cette situation posait un problème d’embouteillage dans le Service des urgences, dont les lits doivent se libérer rapidement pour d’autres arrivantes ou arrivants.

Face à une situation devenue récurrente, la Direction de l’institution a demandé aux trois services concernés de trouver une solution. Le Service de cardiologie, le Service des urgences et la Gestion des flux de patients ont alors proposé un nouveau processus de prise en charge. L’efficacité de leur projet reposait sur une contrainte pratique simple: pour que les patientes et patients en urgence non vitale puissent rapidement sortir du Service des urgences, il fallait que le Service de cardiologie réserve en permanence deux lits à cette catégorie de malades.

Un effet collatéral inattendu

Avant qu’il ne soit mis en œuvre, les effets du projet NSTEMI paraissaient incertains. Le Service de cardiologie allait logiquement disposer de moins de lits pour les patientes et patients hospitalisé·e·s «en électif» (les personnes qui ne viennent pas des urgences): cette diminution des places allait-elle créer à son tour un embouteillage? On aurait alors seulement déplacé le problème du Service des urgences au Service de cardiologie.

Testée à la fin de l’année 2018, la filière a rapidement atteint son premier objectif, qui consistait à désengorger le Services des urgences. Comme prévu, réserver deux lits aux patientes et patients en souffrance cardiaque permet de les recevoir au plus vite dans le Service de cardiologie: elles et ils attendent désormais beaucoup moins longtemps au Service des urgences pour recevoir les examens et les soins nécessaires. Cette nouvelle prise en charge a permis de diminuer le temps d’attente par 3.

Depuis sa remise en œuvre au printemps 2019, la filière NSTEMI n’a généré que des effets positifs. En plus d’une meilleure qualité de soins, en termes de rapidité de prise en charge, et d’une meilleure circulation aux urgences comme en cardiologie, le projet a permis aux équipes médicales et soignantes des deux services de mieux collaborer. Le fait d’améliorer le vécu des patientes et patients au sein de l’hôpital suscite également une forte motivation chez toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs. Enfin, le projet a initié une réflexion sur les mesures simples qui permettraient de réduire la durée moyenne de séjour dans les autres services de l’institution.