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La Faculté de biologie et de médecine

Par ses écoles (médecine, biologie, sciences infirmières, doctorale et postgraduée médicale), la Faculté de biologie et de médecine mène une activité de formation interdisciplinaire, voire interprofessionnelle. Le corps enseignant de ses deux sections (sciences cliniques et sciences fondamentales) contribue à tous les niveaux de formation.

«L’Institut des humanités en médecine doit aider à changer les pratiques hospitalières»

Personnes de référence:
Professeur Jean-Daniel Tissot, doyen de la Faculté de biologie et de médecine, UNIL
Professeur Vincent Barras, directeur de l’Institut des humanités en médecine, UNIL-CHUV

En 2019, l’Institut des humanités en médecine (IHM) a nommé la professeure Béatrice Schaad à la nouvelle chaire des relations hospitalières. L’occasion de s’attarder sur le travail de l’IHM avec Jean-Daniel Tissot, doyen de la Faculté de biologie et de médecine.

En 2018, sous votre impulsion, l’Institut universitaire d’histoire de la médecine et de la santé publique devient l’Institut des humanités en médecine (IHM): quel est le point de départ de ce changement?

Nous voulions créer une entité qui soit ancrée à la fois dans la Faculté de biologie et de médecine et dans le Département de la formation et de la recherche du CHUV. C’est le professeur Pierre-François Leyvraz qui m’a demandé d’y réfléchir avec le professeur Vincent Barras, directeur de l’IHM, lorsque je suis devenu doyen de la Faculté de biologie et de médecine en 2015. Nous nous sommes dit qu’il fallait faire quelque chose face à la déshumanisation de l’hôpital. Il existait déjà un projet sur la spiritualité, de même qu’un travail de recherche sur les conflits entre patientes ou patients et soignantes ou soignants. Nous voulions aussi développer le domaine de l’éthique institutionnelle, qui consiste par exemple à définir la position de principe de l’hôpital face à l’euthanasie pratiquée par Exit, ou l’éthique clinique, où l’on délibère pour prendre les meilleures décisions possible dans une situation particulière à un moment précis. Voilà pourquoi l’IHM repose sur quatre grands piliers: l’histoire et les études sociales de la médecine, l’éthique et la philosophie de la médecine, les relations hospitalières et la spiritualité.

Le nom de l’institut résume ces quatre axes par la notion d’«humanités»: ce terme n’est plus très usité dans le monde universitaire…

A l’origine, les humanités comprenaient l’étude du latin et du grec, éventuellement aussi de l’hébreu. Aujourd’hui, c’est un terme qu’on emploie encore en Belgique. Là-bas, si vous faites vos humanités, vous étudiez la littérature et vous vous initiez aux sciences humaines. A mon sens, les humanités en médecine englobent aussi bien les humanités traditionnelles que les medical humanities, selon le terme anglo-saxon. Je ne veux pas enfermer l’IHM dans une définition trop précise. Il y a un chemin qui permet de comprendre l’être humain et un chemin qui permet de comprendre l’être humain malade, sa famille et les soignantes ou soignants. Chacun de ces domaines comprend des éléments culturels extrêmement importants, notamment le langage verbal et sa transmission, mais aussi le langage non verbal et tous les arts, qui transfigurent la souffrance et nous aident à la porter.

La technicité de la médecine est prodigieuse, mais elle laisse de côté l’être dans son acceptation totale.

Le fait que l’hôpital se déshumanise est-il un constat largement partagé?

Oui, ce constat existe depuis plusieurs années. Lorsqu’une ou un médecin vous ausculte par le biais de différentes machines, examine vos données sans vous regarder dans les yeux, ou vous interrompt au bout de 30 secondes, il y a un problème de relation à l’autre. La technicité de la médecine est prodigieuse, mais elle laisse de côté l’être dans son acceptation totale. Nous sommes capables de mettre des centaines de milliers de francs pour soigner une maladie, mais une patiente ou un patient peut avoir le sentiment qu’ensuite on la ou le laisse dans le caniveau. Il faut que la médecine prenne en compte les besoins de l’être humain. Nous devons aussi réfléchir à ce qu’impliquent la médecine personnalisée, la médecine de précision, la Biobanque… A qui bénéficie cette fuite en avant?

Que recouvre le domaine de la spiritualité à l’IHM?

Il ne s’agit pas d’entrer sur le territoire de la religion. La dimension laïque d’un hôpital comme le CHUV est importante. La question est plutôt de voir comment prendre en considération les cultures, les besoins et les croyances des gens. Le domaine de la spiritualité concerne aussi la relation à la mort: comment donner aux patientes et patients la liberté d’exprimer leurs croyances ou leurs besoins spirituels? C’est un espace de recherche et de formation qui touche les soins palliatifs ou l’oncologie, mais aussi les moments difficiles de la vie, lorsqu’on vit une rupture de valeurs, par exemple dans les cas où une naissance se passe mal. Lorsqu’une personne entre à l’hôpital, on pourrait faire son anamnèse spirituelle, pour voir quels sont ses besoins à ce moment de sa vie.

Quelles sont les questions qu’abordera la chaire des relations hospitalières, pour laquelle Béatrice Schaad a été nommée en 2019?

Le champ des relations hospitalières englobe aussi bien le domaine des relations entre les équipes soignantes que celui des relations des patientes ou patients avec les équipes médicales et soignantes. L’un des points forts de cette chaire est la gestion des doléances dans ses dimensions multiples. Les plaintes des personnes soignées au CHUV sont une source incroyable pour réorganiser certains aspects de la prise en charge. On va faire de la recherche, essayer de comprendre et de changer les pratiques. Il faut que les professionnelles et professionnels puissent admettre qu’ils se sont trompés ou qu’ils ont mal fait. L’Espace Patients & Proches du CHUV, qui accueille ces doléances, propose des médiations entre patientes ou patients et équipe soignante qui permettent de donner à comprendre le vécu de chacune des parties au conflit.

L’IHM a-t-il d’autres chaires en projet?

Nous allons finir de mettre en place une chaire de droit du vivant, qui sera rattachée à la Faculté de droit de l’UNIL. L’IHM va aussi développer l’anthropologie de la santé et ses dimensions transculturelles, avec la Faculté des sciences sociales et politiques. L’Institut doit également prendre en considération les relations de la médecine de demain avec la société et le public, autour de grandes thématiques. Que se passera-t-il quand on aura toutes nos données sur notre iPhone et qu’on pourra nous les prendre? Il faut que l’IHM s’entoure de spécialistes qui font des humanités en médecine sans le savoir, que ce soit pour travailler sur les questions de genre ou s’associer à la chaire des vulnérabilités, qui existe déjà à la Faculté de biologie et de médecine et qui étudie les populations vulnérables, celle des migrantes et migrants, des toxicomanes, des personnes précaires. Ma vision personnelle est que l’Institut des humanités en médecine doit être dirigé par une ou un médecin au service des patientes et patients. S’il permet de changer les pratiques à l’hôpital, il remplira son rôle.

L’Ecole de médecine

Destiné à la Haute Ecole de santé Vaud (HESAV), à l’Institut et la Haute Ecole de la santé la Source, à la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne et au CHUV, le Centre coordonné de compétences cliniques (C4) mettra à disposition des infrastructures réunies sur un site unique, afin d’y enseigner les pratiques cliniques par le biais de la simulation. Afin que le projet reste dans la cible budgétaire, les travaux de la Commission de projet (CoPro) ont abouti à un redimensionnement: le bâtiment devrait comporter 3 niveaux au lieu des 4 prévus initialement. La mise en fonction est programmée pour 2024-2025. Placés sous la responsabilité de l’organe quadripartite sur la gouvernance du C4 (GPil C4), les travaux progressent (forme institutionnelle, structure organisationnelle, vision, business plan).

L’Unité de pédagogie médicale a donné des formations pédagogiques sur l’utilisation d’outils de vote pour animer des enseignements interactifs.

Dans le domaine des nouvelles technologies d’enseignement, le Portfolio de l’Université de Lausanne pour les skills (PULS), développé sur mesure pour les étudiantes et les étudiants de médecine, a été mis en production avec succès (le même outil a été adopté par la Faculté de médecine de l’UNIGE). L’Unité de pédagogie médicale a donné des formations pédagogiques sur l’utilisation d’outils de vote pour animer des enseignements interactifs.

Pérenniser des locaux pour l’examen fédéral: en 2019, l’examen fédéral Clinical Skills a eu lieu dans les locaux du bâtiment Géopolis, ainsi que dans le bâtiment qui héberge l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP). Cette situation durera jusqu’à l’ouverture du C4. La disponibilité des locaux n’a toutefois pas permis de réaliser les activités préparatoires proposées aux candidates et candidats (entraînement à l’examen fédéral Clinical Skills) sur le même site que l’examen.

Etudiantes et étudiants en médecine

2017 2018 2019
1ère année bachelor 627 605 691
2ème année bachelor 266 261 254
3ème année bachelor 223 242 235
Total 1'116 1'108 1'180
1ère année master 223 229 236
2ème année master 195 208 221
3ème année master 187 194 215
Total 605 631 672
Total général 1'721 1'739 1'852

L’Ecole de biologie

La nouvelle direction de l’Ecole de biologie a été désignée en août 2019 avec la mise en œuvre d’un plan stratégique. Ce plan comprend notamment l’introduction du bachelor à temps partiel depuis la rentrée 2019-2020, une amélioration de l’organisation et du soutien aux travaux pratiques, ainsi qu’une réflexion sur la communication interne et externe de l’Ecole.

La collaboration avec le Département d’oncologie fondamentale s’est développée, afin de mettre en place un groupe supplémentaire de travaux pratiques de biologie moléculaire.

L’Ecole de biologie a été impliquée dans la mise en place du nouveau système de calcul de haute performance de l’UNIL.

Le document relatif à l’application de la directive interne 3.4 de l’UNIL, «Langues utilisées dans le cadre des enseignements», a été mis à jour pour les évaluations.

Une réflexion sur une meilleure sélection des étudiants de 1re année du bachelor en biologie a été lancée.

Le suivi de l’organisation de la mineure en physiologie du bachelor en sciences du mouvement et du sport a été développé avec la Faculté des sciences sociales et politiques. L’Ecole de biologie a également été impliquée dans le cadre de la mise en place du nouveau système de calcul de haute performance de l’UNIL.

L’étude de faisabilité du passage à des masters de 90 à 120 crédits ECTS a été entreprise.

La collaboration avec l’EPFL, l’Université de Genève et l’Université de Neuchâtel a continué, afin de suivre la qualité des enseignements de la 1re année du bachelor en sciences pharmaceutiques.

Un enseignement optionnel de morphologie a été mis en place depuis la rentrée 2020/2021, afin de répondre à la demande des étudiantes et étudiants qui se préparent à l’examen d’admission au programme «Passerelle biologie / ingénierie des sciences du vivant - médecine» et ne peuvent pas suivre l’enseignement optionnel de morphologie donné par l’EPFL.

Vers l’Ecole de biologie

L’Ecole doctorale

Avec un master en poche, beaucoup d’étudiantes et étudiants souhaitent poursuivre leurs études par une recherche scientifique plus personnelle. L’Ecole doctorale leur donne l’occasion de mener une thèse dans l’un des laboratoires de la Faculté ou l’un des services cliniques du CHUV.

En 2019, les services du CHUV ont accueilli:

  • 430 doctorantes et doctorants en médecine;
  • 193 doctorantes et doctorants en sciences de la vie;
  • 50 doctorantes et doctorants en neurosciences;
  • 27 doctorantes et doctorants MD-PhD;
  • 21 PhD en sciences infirmières.

Ces personnes suivent également un programme doctoral à la carte afin de valoriser leur travail de recherche et de se préparer à leur future carrière.

Activités de l’Ecole doctorale en 2019

Bien intégré au sein de la FBM, le Graduate Campus de l’UNIL a financé des projets d’associations. Il a également collaboré avec le programme «Skills for Scientists» (Epalinges).

L’édition 2019 de la journée «Life Science Career Day» (LSCD) s’est déroulée avec un forum de l’emploi prometteur (28 stands).

Le BioScience Network Lausanne (BSNL), partenaire du LSCD, a développé un carnet d’adresses avec les entreprises dans le domaine des sciences de la vie.

Afin de valoriser l’implication des doctorantes et doctorants qui ont réalisé des actions notables au sein des associations, des attestations qui mettent en lumière les soft skills (project management, leadership, communication, etc.) ont été délivrées.

Une brochure a été créée pour mieux orienter les doctorantes et doctorants dans leur choix de formation et valoriser les événements et les cours organisés sur le campus.

Des nouvelles lignes directrices ont été créées afin d’assurer la qualité des examens par visioconférence.

L’Ecole doctorale a collaboré avec le Centre informatique à un projet d’amélioration du système de gestion administrative du doctorat en médecine (MD).

Les documents réglementaires des différentes filières doctorales ont été en grande partie actualisés.

Un financement a été obtenu afin d’encourager la participation en personne de l’experte ou expert externe lors de l’examen de demi-thèse.

Des nouvelles lignes directrices ont été créées afin d’assurer la qualité des examens ayant lieu par visioconférence.

Une sensibilisation au plagiat a été mise en place (avec des contrôles ponctuels).

Vers l’Ecole doctorale

MicroMBA: projets innovants et communauté Alumni

La cérémonie du MicroMBA 2019 a consacré 15 projets innovants réalisés en groupe. Certains d’entre eux ont pu être mis en place plus largement au sein du CHUV. On peut citer notamment le projet de vaisselle recyclable et de suppression du plastique, la mise à disposition de tenues professionnelles de grossesse pour les femmes enceintes ou encore la création d’une communauté Alumni CHUV. Cette dernière a permis de mettre en réseau près de 180 cadres du CHUV ayant suivi le programme du MicroMBA. Une page dédiée aux Alumni a été créée sur LinkedIn. Les vidéos des projets ont été diffusées en bandeau sur TRIBU. Comme en 2018, les participantes et participants ont bénéficié d’un coaching pour la présentation de leurs projets en 180 secondes par Etienne Duval, un journaliste de renom.