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Développer les systèmes d’information

En 2019, tandis que le dossier patients informatisé Soarian a atteint sa pleine maturité, le groupe de data science de la Direction des systèmes d’information (DSI) a fortement développé son travail sur les projets qui impliquent la gestion des données. La DSI a également renforcé la sécurité informatique et mis en place un nouveau projet d’accès aux postes de travail de l’hôpital.

Des activités de gestion des données en plein développement

Personne de référence:

Pierre-François Regamey, directeur des systèmes d’information

Pendant l’année 2019, le groupe de data science du CHUV a répondu aux problèmes de sécurité, de stockage, d’extraction, de compatibilité et d’anonymisation des données qui se posent pour la recherche et la pratique clinique. Son travail est destiné aux services de l’hôpital, mais aussi à des collaborations au niveau national et international.

Pendant l’année 2019, l’organisation du groupe de data science s’est consolidée. Les principaux efforts se sont concentrés sur le chargement des données en provenance du système clinique dans la plateforme analytique HORUS, afin de permettre aux trois analystes de données de répondre aux quelque 150 demandes d’extraction adressées chaque année par les équipes de recherche du CHUV. Il ressort que 20% des demandes concernent les études de faisabilité, 69% les études sous accord de la Commission cantonale vaudoise d’éthique de la recherche sur l’être humain (CER-VD) et 11% le contrôle de l’existence du consentement général.

Le Département des systèmes d’information a relevé le défi de l’anonymisation des données.

La problématique lancinante du stockage et de l’archivage des données de recherche dans des environnements sécurisés a également fait l’objet de nombreux contacts avec les institutions de recherche de l’Arc lémanique. La définition d’un contrat de prestation avec un partenaire académique est arrivée à bout touchant. Par ailleurs, en dotant la plateforme HORUS d’un service de dépersonnalisation automatique des informations, le DSI a relevé le défi de l’anonymisation des données. Déployé en 2020, ce service est capable de calculer le risque résiduel de réidentification en fonction du contexte dans lequel les données sont fournies. Il est basé sur les normes HIPAA, acronyme de la loi Health Insurance Portability and Accountability Act aux Etats-Unis, qui impose à toutes les intervenantes et tous les intervenants du secteur des soins de santé de protéger les informations détenues sur les patientes et les patients.

L’équipe de data science a également travaillé sur la problématique de la gestion des bases de données de registres. Grâce aux premiers travaux d’études, une solution moderne pour remplacer les fichiers Excel sera mise à disposition au premier semestre 2020. Une autre solution a été étudiée, destinée à adresser les enjeux complexes des bases de données de registres, tout en réduisant au minimum les besoins de ressaisie des données du système d’information clinique et en respectant les principes dits FAIR de la recherche internationale. Les premiers essais techniques commenceront mi-2020.

La notion de FAIR (acronyme de l’anglais findable, accessible, interoperable, reusable) recouvre les manières de construire, stocker, présenter et publier des données de manière à permettre que celles-ci soient faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables.

Projets d’analyses de données

Les services du CHUV ont mené des discussions en leur sein, afin de déterminer les projets d’analyses de données les plus pertinents, du point de vue de leur faisabilité et du rapport entre coût et efficacité.

En 2019, les projets suivants ont démarré:

  • MIA-LOS: supervisé par le Service de médecine interne, ce projet vise à prédire la durée de séjour des patientes et patients admis·es via les urgences
  • SEPSIS: un soutien au projet institutionnel supervisé par la Direction médicale, dont le but est de mieux comprendre, identifier et prédire les cas de septicémie au sein des différents services du CHUV
  • CAM-AD: un projet en collaboration avec l’Unité de codage et d’archivage médical (CAM) visant à identifier rapidement les lettres de sortie dont le codage est potentiellement problématique

Le groupe de data science a contribué à des projets d’innovation en informatique médicale.

Collaboration aux projets nationaux et internationaux

Le groupe de data science collabore activement aux projets du Swiss Personalized Health Network (SPHN). Sous la direction de l’Académie suisse des sciences médicales, le SPHN est un projet national de développement d’infrastructures dans le but de faciliter l’utilisation et l’échange des données de santé pour la recherche.

Dans ce projet complexe, des étapes clés ont été atteintes dans la création de standards technologiques à même de permettre l’interopérabilité des données entre hôpitaux: une sémantique commune, un format d’échange de données ainsi qu’une méthode de dépersonnalisation et d’encryption ont été définis. L’implémentation de ces technologies dans plusieurs projets métiers (en oncologie, infectiologie, gériatrie et radiologie) est en cours. Dès que les derniers aspects légaux seront résolus, les premières données nécessaires pour l’analyse avancée et prédictive circuleront au sein du SPHN.

Le groupe de data science a également contribué de manière significative à des projets d’innovation en informatique médicale, avec un accent particulier sur les sujets liés à la confidentialité des données, à la sécurité et au consentement. Des résultats importants ont été obtenus, par exemple avec le projet MedCo, qui vise à développer, en collaboration avec l’EPFL, un système capable d’explorer et d’analyser des données provenant de plusieurs hôpitaux sans qu’il soit nécessaire de centraliser ces données. En collaboration avec les HUG, le système C3-STuDY vise à développer la base de la gestion du consentement dynamique en Suisse.

Enfin, le groupe de data science a été impliqué dans le projet scientifique Human Brain Project. En terminant la phase dite SGA2, qui a vu le déploiement de la plateforme d’informatique médicale MIP dans plus de 30 hôpitaux européens, ce projet a franchi une étape importante.

Le dossier patient·e Soarian arrivé à maturité

Outil vivant qui se développe au fur et à mesure des évolutions de l’hôpital, le dossier patient·e Soarian, qui se situe au cœur de l’activité clinique du CHUV, a de nouveau été un des points saillants de l’activité de la Direction des systèmes d’information en 2019. Il a désormais atteint sa pleine maturité. Devenue massive, son utilisation soutient les activités et les projets transverses de l’hôpital, tels que gestion proactive des séjours (GPS), ProMouv, placement à des fins d’assistance (PLAFA), patient blood management, document médico-social de transmission (DMST) version 3, antibiothérapie, colloques multidisciplinaires, protocoles oncologiques, protocoles ERAS, etc.

Parmi les réalisations de l’année 2019, on trouve l’extension de la prescription informatisée. Plusieurs centaines de protocoles oncologiques ont migré vers Soarian depuis l’ancien système PrediCyt. Par ailleurs, le déploiement de ce système d’information dans les consultations ambulatoires et les hôpitaux de jour ainsi que l’introduction d’un dossier de soins générique en ambulatoire ont été préparés.

Lancé en 2018, le projet «Soarian Phase II» a continué pendant toute l’année. Conjointement avec les services cliniques, des priorités réalistes ont été fixées afin de consolider et de simplifier l’utilisation du dossier électronique des patientes ou patients: dossiers de spécialités, ajustements de protocoles, automatisation de processus, etc. Ce projet poursuivra son développement en 2020, avec pour objectif de mettre en place une organisation pérenne de gestion du système d’information clinique.

Sécurité informatique: un sujet toujours aussi brûlant

En 2019, afin de garantir la continuité des services hospitaliers et la confidentialité des données des patientes et patients, la sécurité informatique a été plus que jamais une des priorités de la Direction des systèmes d’information.

Les questions de sécurité sont d’autant plus critiques que les échanges informatisés se prolongent désormais aussi en dehors de l’hôpital, avec la connexion au dossier électronique de la patiente ou du patient (DEP), ou par le biais de portails de communication entre les équipes cliniques et les personnes suivies par le CHUV.

En conséquence, la Direction des systèmes d’information s’est renforcée en créant deux nouvelles fonctions:

  • la fonction de cloud manager, afin d’apporter une expertise sur la gestion des services hébergés à l’extérieur de ses locaux (cloud) et d’assurer la conformité avec les règles de sécurité internes;
  • la fonction de responsable de la sécurité opérationnelle (RSO), afin d’épauler le responsable de la sécurité du système d’information (RSSI), et dont le travail consiste à prendre en charge la sécurité des couches techniques de l’infrastructure informatique du CHUV.

Enfin, en prévision de la déclinaison du nouveau Règlement européen sur la protection des données (RGPD) dans la loi suisse, une société externe a accompagné le CHUV dans une analyse d’écart avec la politique de sécurité actuelle du CHUV. Les conclusions ont permis d’identifier les actions à mener pour répondre aux futures exigences techniques et organisationnelles.

Un projet phare: EasyBadge

EasyBadge est un nouveau système d’accès aux quelque 12’900 postes de travail informatisés du CHUV (chiffre à fin 2019), dont il permet d’améliorer à la fois l’ergonomie et la sécurité. Après s’être identifié avec son nom et son mot de passe, l’utilisatrice ou utilisateur (personnel soignant ou administratif, médecin, etc.) peut utiliser son badge sans contact pour verrouiller sa session ou la reprendre, ou encore se déplacer sur un autre poste de travail.

EasyBadge permet des fonctionnements divers adaptés aux différents types d’utilisatrices et utilisateurs du CHUV: usage sédentaire ou en mobilité, postes de travail partagés ou dédiés, pilotage d’équipements. Cela permet par exemple à une ou un médecin de retrouver instantanément, dans un box de consultation, les dossiers des patientes et patients sur lesquels elle ou il travaillait dans son bureau. Le mot de passe ne doit plus être confirmé que deux ou trois fois par jour (pour des raisons de sécurité), ce qui améliore nettement l’efficacité.

Début 2019, un premier essai pilote de ce système a été réalisé avec succès aux urgences couchées. Le Comité de direction du CHUV a décidé d’en généraliser le déploiement à l’ensemble de l’institution. Fin 2019, plus de 6’700 postes de travail étaient équipés avec EasyBadge. Le reste sera accompli en 2020.

Refonte de l’annuaire

En février 2019, sur la base de remarques de collaboratrices et collaborateurs perdu·e·s dans leur recherche de contacts téléphoniques, une équipe pluridisciplinaire (informatique, communication, ressources humaines, centrale téléphonique) s’est formée pour travailler sur la refonte de l’annuaire.

Actuellement, l’annuaire est exclusivement basé sur la structure financière du CHUV.

Au fil des années, les outils ont changé, passant du bottin de papier à un premier annuaire électronique puis à l’annuaire TRIBU. Le contrôle sur les données a été perdu.

Actuellement, l’annuaire est exclusivement basé sur la structure financière du CHUV, ce qui ne reflète pas la réalité du terrain, aussi la direction générale a-t-elle autorisé les services à baser l’annuaire sur leur organigrammes fonctionnels.

L’équipe a commencé par créer une maquette d’un «annuaire idéal» avec le Service de radiodiagnostic et radiologie interventionnelle pour un projet pilote. Elle a poursuivi sa démarche itérative avec le Département de médecine. Les premiers services ont bien accueilli ce projet et ont participé à la récolte et à l’adaptation des données.