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Collaboration avec le réseau

Très sollicité en tant qu’hôpital régional et amené par ses compétences à prendre en charge les cas les plus difficiles, le CHUV est régulièrement confronté à un manque de lits disponibles. Au lieu d’être transférés dans les étages, les patients accueillis aux urgences doivent alors séjourner plus longtemps que nécessaire dans ce service. Pendant la période hivernale, ces problèmes s’accentuent, mais aussi parfois pendant l’été, notamment en cas de canicule.

Des transferts de patients s’effectuent tout au long de l’année.

Afin de libérer le Service des urgences, le CHUV a conclu un partenariat formel avec plusieurs hôpitaux de la Fédération des hôpitaux vaudois (FHV) tels que l’Hôpital de Saint-Loup et l’Ensemble hospitalier de la Côte, mais aussi avec les cliniques privées telles que les Clinique de La Source, de Bois-Cerf et Cecil. Par ailleurs, même s’ils n’ont pas d’accord de collaboration, les Hôpitaux de Sainte-Croix et de Château-d'Oex informent régulièrement le CHUV de leur disponibilité en lits.

En cas de besoin, cette collaboration en réseau permet de transférer des patients vers ces établissements partenaires. Dans les faits, des transferts s’effectuent tout au long de l’année, si bien que ces partenariats jouent un rôle très important. Il est notamment possible, si la situation devient particulièrement difficile, de déclencher un Plan cantonal de désengorgement. Dans ce cas, toutes les institutions réunies sous la bannière de la FHV peuvent être sollicitées par le CHUV pour des transferts, ainsi que l’ensemble du réseau de soin (Etablissements médico-sociaux ou Centres de traitement et de réadaptation). L’objectif consiste à diminuer l’occupation de lit inadéquate par des patients en long séjour ou en attente de place en réadaptation. La Cellule de gestion du flux des patients s’occupe d’identifier ces personnes et d’organiser leurs déplacements. Des transferts de patients s’effectuent tout au long de l’année.

Nombre de transferts vers des établissements partenaires en cas d’engorgement

Une forte augmentation des transferts vers les hôpitaux périphériques est observable en 2015. Le surplus a été principalement absorbé par les Hôpitaux de Saint-Loup et Sainte-Croix (70 patients de plus qu’en 2014). Cette évolution témoigne pour le CHUV d’une bonne collaboration avec ses partenaires.

Hôpitaux périphériques

Cliniques

Total

« Travailler avec d’autres hôpitaux est crucial pour le CHUV»

Interview

Olivier Pétremand, infirmier chef responsable de la gestion des flux patients.

Autres personnes de référence:
François Décaillet, adjoint de l’infirmier chef responsable de la gestion des flux patients.
Vincent Adatte, adjoint à la Direction des soins.

En 2015, pendant la période hivernale et le mois de juillet, le CHUV a activé le Plan cantonal de désengorgement, en collaboration avec la Fédération des hôpitaux vaudois.

L’hiver met régulièrement le CHUV sous pression pour l’accueil des patients. Comment s’est passée cette période en 2015 ?

De janvier à mars, nous avons dû faire face à deux phénomènes: une épidémie d’entérocoque résistant à la vancomycine (VRE), un germe résistant, s’est conjuguée à une épidémie de grippe très importante. Ces deux problèmes ont entraîné une forte augmentation du nombre de patients à hospitaliser. Le VRE nous a obligés à isoler un demi-étage de médecine interne adulte et, pour faire face à la grippe, nous avons eu besoin d’un nombre important de chambres d’isolement. Ces deux situations nous ont contraints à mobiliser un demi-étage qui devait entrer en travaux, et à trouver vingt lits dans d’autres services. Cependant, toutes ces mesures n’ont pas suffi. Pour que les patients soient pris en charge adéquatement, il a fallu enclencher le Plan cantonal de désengorgement.

Comment s’organise le transfert vers d’autres hôpitaux ou cliniques ?

Nous avons mis en place plusieurs critères. Le premier consiste à voir si un patient a besoin d’une structure universitaire. Le CHUV comprend des pôles d’excellence qui n’existent pas ailleurs dans le canton, par exemple pour les maladies cardiovasculaires ou les affections neurologiques qui nécessitent un traitement particulier. Si le patient n’a pas besoin de compétences spécifiques, il devient éligible pour un transfert. Nous regardons alors s’il a de la famille en dehors de Lausanne : si le fils d’une patiente habite à Yverdon, il peut se révéler pertinent de la transférer à Sainte-Croix. Nous sommes aussi attentifs au projet de soins: si une personne doit être placée en EMS, c’est le Réseau de santé Région Lausanne qui va s’en occuper ; nous allons donc avoir tendance à garder ce patient. La durée d’hospitalisation intervient aussi comme critère : il est plus facile d’expliquer à une personne qu’on la transfère pour trois jours plutôt que pour deux ou trois semaines. Enfin, pour les patients qui ne viennent pas de Lausanne ou du Grand Lausanne, et qui n’ont pas besoin d’une structure de type universitaire, nous allons les orienter vers l’hôpital le plus proche de leur lieu de domicile. Cela dit, tout transfert se décide avec l’accord du patient. Au CHUV, nous discutons aussi avec les familles et dans la mesure du possible, nous essayons de mettre tout le monde d’accord.

Le Plan cantonal de désengorgement a t-il également été nécessaire pendant l’été ?

Au mois de juillet, nous avons connu une période caniculaire qui a duré trois semaines. L’activité aux urgences et dans les services de médecine a été telle que le nombre quotidien de lits disponibles était très limité. En interne, nous avons mis en œuvre un plan canicule, mais il a aussi fallu activer le Plan cantonal pour transférer certaines personnes vers les hôpitaux partenaires de la FHV. C’était le seul moyen de leur assurer les meilleurs soins.

Tout transfert se décide avec l’accord du patient

Avez-vous parfois des difficultés à mettre en œuvre le Plan cantonal de désengorgement ?

Nous rencontrons un problème majeur, c’est que si le CHUV est engorgé, les autres hôpitaux et cliniques le sont en général aussi. Durant l’hiver 2015, les Hôpitaux de Sainte-Croix et Château-dOex ont facilement pu nous offrir des lits, mais pour tous les autres hôpitaux, c’était difficile. Cependant, même si on ne nous propose que deux ou trois lits par jour, c’est très précieux. D’une façon générale, que ce soit en période d’engorgement ou non, la collaboration du CHUV avec ses partenaires est cruciale pour assurer à tous les patients les meilleures conditions de prise en charge.