4.1

Délai de prise en charge aux urgences

Le premier défi d’un service d’urgences est de déterminer correctement les priorités de prise en charge des patientes et patients à leur arrivée (urgence vitale immédiate, urgence vitale potentielle, sans urgence vitale). Le deuxième consiste à gérer un flux de patients extrêmement variable et conséquent, puisque le Service des urgences du CHUV a accueilli environ 62’000 personnes en 2015, 5000 de plus qu’en 2012 (+8%).

Selon l’Echelle suisse de tri des urgences (EST) appliquée en Suisse romande, les degrés de priorité sont les suivants:

  • Degré 1: Urgence vitale, prise en charge médicale immédiate;
  • Degré 2: Urgence vitale potentielle, prise en charge médicale dans les vingt minutes après l’arrivée du patient;
  • Degré 3: Urgence modérée, prise en charge dans les deux heures;
  • Degré 4: Pas d’urgence, délai de prise en charge dès que possible (mais en moins de cinq heures).

De 2012 à 2015, le nombre de patients pour lesquels une hospitalisation au CHUV a été nécessaire après leur passage aux urgences est passé de 15'000 à près de 16'000. Il arrive régulièrement que le CHUV manque de places disponibles dans les services d’hospitalisations pour les accueillir. Cela a pour conséquence une présence plus longue des patients dans les box d’examen des urgences et dès lors une augmentation des délais d’attente, en particulier pour les patients en urgence vitale potentielle (degré 2). En 2015, les Urgences du CHUV ont accueilli environ 62’000 personnes.

En 2015, les Urgences du CHUV ont accueilli environ 62’000 personnes.

En ce qui concerne les patients sans urgence vitale (degrés 3 et 4), malgré une augmentation du nombre de prises en charge entre 2013 et 2015 (6%), 80% des patients sont installés dans les 82 minutes.

PROPORTION DE PATIENTS INSTALLÉS EN 2015, ET TEMPS D’ATTENTE

Tous les patients avec une urgence vitale immédiate (degré 1) sont pris en charge sans aucun délai. Près de 63 % des patients avec une urgence vitale potentielle (degré 2) sont pris en charge dans les délais. Le temps d’attente médian pour chaque degré est bon, s’élevant à onze minutes pour les patients de degré 2, et moins de trente minutes pour les patients de degrés 3 et 4.


Nombre de patientes et patients accueilli·e·s au tri

Objectif

Proportion de patientes et patients de degré 2 installé·e·s dans un délai en dessous de l'objectif

"L’organisation des urgences : un véritable enjeu"

Interview

Prof. Bertrand Yersin, chef du Service des urgences.

La fréquentation des urgences augmente partout dans les pays occidentaux, avec pour conséquence des temps d’attente très variables pour les patients. Le Service des urgences du CHUV n’échappe pas à cette tendance.

Selon quelle procédure les patients sont-ils accueillis aux urgences du CHUV ?

Lorsqu’un patient arrive au desk d’accueil des urgences, une infirmière ou un infirmier de tri détermine le degré de priorité de son problème. La durée dévolue à ce tri infirmier est de cinq minutes. Les patients en urgence vitale sont pris en charge immédiatement.

Les patients en urgence vitale potentielle sont pris en charge à 63% seulement dans le délai prescrit de vingt minutes. Comment expliquer ce résultat ?

Ce résultat, qui peut sembler peu satisfaisant, s’explique par deux facteurs. Il se peut qu’un patient attende 45 minutes en salle d’attente avant qu’un box d’accueil ne se libère. Cependant, cela ne veut pas dire que ce patient reste « en attente »: en cas de nécessité (patients de degré 2), la prise en charge médicale et infirmière commence déjà dans la salle d’attente, avant que le patient ne soit effectivement installé dans un box. Ainsi, le délai de 45 minutes, qui est calculé lorsque le patient est effectivement installé, ne mesure pas le délai réel du début de sa prise en charge.

D’autre part, une grande proportion de ces patients devant être hospitalisée, les délais sont fortement influencés par le taux d’occupation des étages d’hospitalisation et donc par la capacité de les transférer des urgences vers ces lits d’hospitalisation.

Enfin, le taux de recours au Service des urgences va aussi avoir un impact sur la file d’attente. Nous avons pu mesurer par exemple que, lors d’une épidémie de grippe, le délai d’attente augmente de 30%. Lorsque beaucoup de patients sont accueillis sur un court laps de temps, les box d’accueil du service peuvent être saturés. Leur prise en charge se fait donc dès la salle d’attente.

Comment s’organise l’attente des patients qui arrivent en ambulance?

Le Service des urgences dispose de deux salles d’attente: l’une pour les patients dits « couchés », qui arrivent en ambulance et qui présentent souvent un degré de priorité 1 ou 2; l’autre pour les patients dits « debouts », qui arrivent à pied. La première salle est déjà un véritable lieu de prise en charge. Des infirmières et infirmiers peuvent effectuer une prise de sang, installer une perfusion, poser un masque à oxygène ou conduire le patient vers une radiographie. Une équipe infirmière et médicale y effectue une première phase de prise en charge. La prise en charge médicale et infirmière commence déjà dans la salle d’attente.

La prise en charge médicale et infirmière commence déjà dans la salle d’attente.

Comment améliorer le flux des patients ?

Des solutions doivent être trouvées pour transférer plus rapidement les patients qui nécessitent une hospitalisation. Plusieurs projets sont en cours, comme le transfert rapide vers une unité de médecine dédiée, permettant de compléter le bilan diagnostique et poursuivre les premiers traitements introduits aux urgences. Par ailleurs, le CHUV collabore avec d’autres hôpitaux et cliniques privées (voir chapitre 4.5). La Direction générale du CHUV a aussi mis en œuvre une politique de construction de nouvelles infrastructures. Dans les prochaines années, l’hôpital va augmenter le nombre de ses lits de façon importante, ce qui devrait permettre de compenser la réduction de la capacité d’accueil des urgences. La situation devrait s’améliorer progressivement.