Depuis 2012, le Service de médecine interne du CHUV a pour principe d’avertir systématiquement le médecin traitant d’un patient de l’arrivée de ce dernier au sein de l’hôpital. Dans la mesure du possible, cette information se transmet dans les jours suivant l’admission par le biais d’un fax - d’où le nom de cette mesure dite du « faxmed d’admission ». Le lien avec le médecin traitant est primordial pour la continuité des soins.
L’objectif de cet envoi est d’abord d’informer le médecin traitant de l’hospitalisation de son patient et du diagnostic initial posé au CHUV. Le faxmed d’admission sert aussi à transmettre les coordonnées des médecins et chefs de cliniques du CHUV qui prennent le patient en charge, afin que le médecin traitant puisse les atteindre facilement. Ce lien est en effet primordial pour assurer une bonne continuité des soins. Par cette prise de contact, l’équipe médicale du Service de médecine interne peut obtenir des informations extrêmement utiles pour une prise en charge adéquate du patient.
Le Service de médecine interne du CHUV accueille environ 4500 patients par année. Parmi eux, la grande majorité vient du domicile. En moyenne, les patients restent hospitalisés dans le service pendant une douzaine de jours.
Depuis son instauration en 2012, l’information au médecin traitant est envoyée dans près de 60 % des cas d’hospitalisation. Les deux tiers de ces envois sont effectués dans les 48 heures qui suivent l’admission. Mais le délai d’envoi moyen est d’environ trois jours. Au vu des difficultés que représente l’application de cette mesure, et même si le délai d’envoi peut sans doute être encore amélioré, on peut considérer ce résultat comme très satisfaisant. Le nombre de patients éligibles pour être inclus dans ce processus d’information par faxmed d’admission peut varier selon leur provenance, leur accord pour transmettre l’information, ainsi que de l’existence ou non d’un médecin de famille.
Nombre de séjours (éligibles) sortis
Délai moyen
Taux de documents envoyés dans les 48 heures
Prof. Gérard Waeber, chef du Service de médecine interne.
Initiateur du « faxmed d’admission », le Prof. Waeber explique les difficultés que rencontre la mise en œuvre d’une pratique apparemment simple.
Le problème, c’est que je ne connais pas le taux idéal. Voilà quatre ans que j’ai instauré l’envoi automatique d’un fax au médecin traitant des patients dès leur arrivée dans notre service. Mais au CHUV, nous sommes les seuls à mettre cette mesure en œuvre. Je ne sais pas non plus si d’autres institutions la pratiquent. Je ne peux donc pas comparer. Je suis tout de même satisfait de voir que le taux d’envoi est élevé. Nous parvenons à envoyer une grande majorité des fax aux médecins traitants dans les trois jours après l’arrivée de leur patient dans notre service.
Il y a de nombreuses raisons. Certaines personnes refusent que nous transmettions des informations à leur médecin, d’autres ne sont pas capables de discernement ou sont désorientées – ce cas est très fréquent ; d’autres encore n’ont tout simplement pas de médecin de famille. Il arrive aussi que l’un de nos médecins assistants oublie d’inscrire le nom du médecin traitant dans notre logiciel, ou que notre secrétariat soit débordé par une situation de crise dans laquelle d’autres missions priment, comme la rédaction des lettres de sortie.
Si le médecin traitant nous envoie des informations utiles, nous pouvons éviter de répéter des examens, scanner ou autre, qu’il aurait pratiqués auparavant. Nous évitons aussi certaines errances de diagnostic: si un électrocardiogramme paraît anormal au moment de l’admission, je ne considère pas cette observation de la même manière si le résultat était le même six mois plus tôt; si une radiographie du thorax montre une zone suspecte, mais que l’image était identique il y a trois ans, ça change tout. On ne perd pas de temps, on dépense moins d’argent et on évite de pratiquer des examens parfois douloureux. Informer un confrère que son patient arrive chez nous est d’abord une question de politesse.
Personnellement, j’aimerais pouvoir atteindre tous les médecins par courrier électronique; certains n’ont pas de fax et souvent, atteindre un confrère au téléphone est laborieux. Cependant, si environ 90% des 2500 médecins actifs au sein de la Société vaudoise de médecine ont une adresse email, moins de 500 d’entre eux ont une adresse électronique sécurisée. On entend souvent qu’il est difficile pour les médecins de ville de communiquer avec le CHUV, mais pour nous, communiquer avec l’extérieur est bien plus compliqué qu’il n’y paraît.