5.2

Recherche clinique, académique ou technologique

Data science clinique et intelligence artificielle appliquée

Sous la direction de Raphael Gottardo, l’équipe du Centre de la science des données biomédicales (BDSC) a continué le développement de la data science clinique, de même que l’application du machine learning et de l’intelligence artificielle en médecine clinique.

L’hôpital peut retirer un bénéfice financier important en améliorant le codage de ses patientes et patients et de leurs pathologies. Afin d’identifier les codages complexes de personnes atteintes de multiples pathologies, le BDSC a collaboré avec des services cliniques de dermatologie, oncologie, immunologie, maladies infectieuses et radiologie, ainsi qu’avec le centre de codage CAM du CHUV.

En améliorant le codage des patientes, des patients et des pathologies, l’hôpital peut retirer un bénéfice financier important.

Avec le Département d’oncologie et le Centre de recherche Famille Lundin sur les tumeurs cérébrales, le BDSC a supervisé et contribué de façon active à la réorganisation du domaine de la data science oncologique.

En collaboration avec les Services de pathologie et d’oncologie médicale, le BDSC a pris la responsabilité de l’étude Okwin sur la transcriptomique spatiale. Cette technique permet, en une seule expérience, de mesurer l’expression des gènes et de la localiser dans un organe.

Avec la Direction de l’innovation et de la recherche clinique, l’équipe de data science de la Direction des systèmes d’information et les services cliniques du CHUV, le BDSC s’est impliqué afin d’établir une collaboration transversale avec la gouvernance des données de santé au sein de l’hôpital.

Enfin, le BDSC a poursuivi son partenariat avec le Swiss Data Science Center de l’EPFL et le Département de biologie computationnelle de l’UNIL.

Une plateforme sécurisée pour la recherche sur les données cliniques

Sous la responsabilité de Jean Louis Raisaro du Centre de la science des données biomédicales, la Direction de l’innovation et de la recherche clinique a poursuivi le développement de la plateforme CHUV HORUS 2.0 Analytics. Elle s’est également équipée d’un outil pour la recherche sur les données cliniques. Intitulée Trusted Research Environment (TRE), cette plateforme est intégrative, centralisée, sécurisée, en phase avec les exigences réglementaires, éthiques et de sécurité.

Cette plateforme garantit un espace informatique sécurisé pour la recherche clinique observationnelle.

Grâce à elle, le CHUV s’est doté pour l’avenir d’un outil unique en Suisse. Innovante, cette plateforme garantit un espace informatique sécurisé pour la recherche clinique observationnelle. Elle offre un grand potentiel pour les chercheuses et chercheurs du CHUV, mais aussi pour le développement de collaborations scientifiques novatrices avec des partenaires externes, académiques et privés.

La recherche sur la trisomie 21 reçoit un financement important

L’équipe de Nelly Pitteloud, professeure à l’UNIL et cheffe du Service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme du CHUV, a reçu un financement important pour son étude dédiée aux personnes atteintes d’une trisomie 21. D’un montant de 1,5 million de francs, ce Grant ICCT 2023 (Investigator Initiated Clinical Trial) permettra de poursuivre le projet de recherche Pulse-UP.

Ce financement permet de lancer une étude randomisée en double aveugle chez des personnes adultes.

En étroite collaboration avec le Pr Bogdan Draganski du Service de neurologie du CHUV, cette recherche innovante étudie les effets de l’hormone GnRH sur les fonctions cognitives et les changements au niveau des microstructures cérébrales des personnes porteuses d’une trisomie 21. Après une étude pilote réalisée en 2022, ce financement permet de lancer une étude randomisée en double aveugle chez des personnes adultes. Pendant six mois, les patientes et les patients recevront soit le traitement soit un placebo.

Trois institutions hospitalières sont partenaires de cette recherche: le CHUV, les Hôpitaux universitaires de Bâle (UKBB) et Genève (HUG) et en leur sein, notamment, la Pre Ariane Giacobino (HUG), le Dr Jean-Michel Pignat (CHUV), le Dr Mark Brotzmann (UKBB). Le Centre de recherche clinique du CHUV apporte également son soutien. Enfin, le projet bénéficie de la collaboration précieuse des associations PART21 et ART21, qui contribuent à une amélioration des connaissances, de l’évolution et des conditions de vie des personnes atteintes de trisomie en Suisse romande.

Innovations révolutionnaires dans le traitement du lymphœdème

Souvent dû à des interventions chirurgicales, le lymphœdème affecte notamment une femme sur cinq après une opération du cancer du sein. En 2023, le CHUV a réalisé deux avancées très prometteuses pour améliorer la vie des personnes touchées par cette pathologie.

Le lymphœdème survient lorsque les vaisseaux lymphatiques, responsables de la circulation de la lymphe et essentiels au système immunitaire, sont endommagés. Les conséquences incluent gonflement, douleur et mobilité réduite, altérant considérablement la qualité de vie des personnes atteintes. Pour compléter les soins conservateurs (drainage manuel, bas de compression), le CHUV offre aujourd’hui des traitements microchirurgicaux.

Le Service d’angiologie a testé pour la première fois sur l’être humain un drain artificiel implantable qui travaille à la place du vaisseau lymphatique abîmé.

Spécialisé dans la reconstruction lymphatique, le Service de chirurgie plastique et de la main propose des anastomoses lymphoveineuses, qui permettent de relier les vaisseaux lymphatiques à de petites veines. Ces jonctions facilitent l’évacuation de la lymphe. Des techniques de microchirurgie et supra-microchirurgie rendent même possible la suture de vaisseaux minuscules (jusqu’à 0,5 mm de diamètre). Pour les stades plus avancés de la maladie, la transplantation ganglionnaire donne des résultats plus efficaces. Des ganglions sont revascularisés dans la zone atteinte et favorisent la création d’un nouveau réseau lymphatique.

Spécialisé dans la prise en charge des personnes atteintes d’affections des veines, des artères, des vaisseaux lymphatiques et de la microcirculation, le Service d’angiologie a quant à lui testé pour la première fois sur l’être humain, dans le cadre d’une recherche, un dispositif développé en collaboration avec une start-up lausannoise: un drain artificiel implantable qui travaille à la place du vaisseau lymphatique abîmé ou absent. Testé dans le cadre de l’étude clinique Lymphopilot, ce dispositif implanté sous la peau fonctionne avec une petite pompe automatique. Les résultats préliminaires de cette étude, menée depuis juin 2021, sont très prometteurs.

Chez les étudiantes et étudiants de la FBM, une empathie résistante

Les capacités d’empathie et la santé mentale des étudiantes et étudiants en médecine de la Faculté de biologie et de médecine (FBM) sont auscultées depuis 2021 dans une étude ambitieuse pilotée par Alexandre Berney, professeur associé de l’UNIL, qui dirige une unité de psychiatrie de liaison au CHUV. En 2023, cette recherche a livré ses premiers résultats.

Le point de départ de l’étude était d’explorer l’évolution des compétences interpersonnelles des étudiantes et étudiants de médecine au fil de leur cursus en mesurant finement deux dimensions: l’empathie affective, qui permet de se rapprocher du vécu émotionnel de l’autre, et l’empathie cognitive, qui permet de se mettre à la place de l’autre et de comprendre ses émotions, afin d’adapter son comportement en conséquence.

Une proportion importante du corps estudiantin est touchée par la dépression lors des deux premières années de bachelor.

Les premiers résultats de l’étude ne montrent pas d’érosion de l’empathie chez les étudiantes et étudiants de la FBM (50% ont répondu aux questionnaires). On observe au contraire une stabilité, voire une amélioration de la dimension cognitive tout au long du cursus. Le tableau s’assombrit cependant lorsqu’on aborde la santé mentale: une proportion importante du corps estudiantin est touchée, notamment par la dépression, surtout lors des deux premières années de bachelor. Environ 18% sont concernés en première et deuxième années de bachelor. Mais ce chiffre tombe à 10% en master. Quelque 20% des personnes sondées avaient consulté une professionnelle ou un professionnel de la santé mentale au cours des douze derniers mois.

Reste la dernière question de savoir comment la santé mentale s’articule avec les dimensions affective et cognitive de l’empathie. Les premiers résultats, partiels, montrent une corrélation significative entre une moins bonne santé mentale et une plus haute empathie affective. L’empathie cognitive est associée à une meilleure santé mentale. Il ne s’agit cependant que de corrélations. Les éventuels liens de causalité doivent encore être explorés.