3.2

Amélioration des processus cliniques

Un algorithme pour dépister la dénutrition des personnes atteintes d’un cancer de la sphère ORL

Les centres interdisciplinaires d’oncologie du CHUV ont pour mission d’améliorer de façon continue la prise en charge de leurs patientes et patients. Au cours de l’année 2023, l’équipe des centres a finalisé plusieurs axes d’amélioration. Elle a notamment mené à bien une réflexion approfondie sur le dépistage de la dénutrition chez les patientes et patients soigné·e·s au centre des tumeurs ORL et cervico-faciales.

L’algorithme a été affiné et finalisé après plusieurs bilans intermédiaires.

Les efforts conjoints de la coordination, des infirmières référentes et du répondant médical de ce centre ont permis de créer un groupe de travail sur cet enjeu. Les spécialistes de référence du centre en charge de l’oncologie, de la radiothérapie et de l’ORL ont travaillé avec l’équipe médico-soignante de la nutrition clinique, les diététiciennes et diététiciens. Les membres du groupe de travail se sont mis d’accord sur les guidelines et les outils à utiliser; un processus qui améliore le suivi précoce des patientes et patients dénutri·e·s a été mis en place; enfin, les rôles et responsabilités de chacune et chacun ont été définis.

Le groupe de travail s’est en particulier inspiré d’un algorithme déjà utilisé par le Service de chirurgie viscérale du CHUV pour identifier les actions à entreprendre selon le score NRS de Kondrup (nutritional risk screenings). Cet outil a été adapté aux besoins spécifiques des patientes et patients du centre. Il fallait ensuite identifier un moment adapté au cours de la prise en charge pour utiliser l’algorithme et réaliser l’évaluation. La consultation des infirmières référentes, qui interviennent dès le début du parcours de soins des patientes et patients oncologiques, répond particulièrement bien à ce besoin. Après plusieurs bilans intermédiaires, l’algorithme a été affiné et finalisé.

Compétentes pour réaliser cette évaluation avec les outils définis, les infirmières référentes du centre sont en mesure d’agir dès que le score de Kondrup est déterminé, plus particulièrement avant une chirurgie de la sphère ORL, mais également avant des traitements de radio-chimiothérapie. Les propositions de l’algorithme vont de recommandations en alimentation mixée enrichie à des compléments alimentaires oraux prescrits sur ordonnance, jusqu’à la pose d’une sonde alimentaire par une équipe spécialisée.

Le groupe de travail a instauré des indicateurs qui permettent de proposer une prise en charge adaptée à chaque cas.

Le groupe de travail a également instauré, tout au long du parcours de soins, des indicateurs qui permettent de proposer une prise en charge nutritionnelle adaptée à chaque cas. De janvier à fin novembre 2023, environ 30% des patientes et patients évalué·e·s ont été précocement identifié·e·s. L’algorithme a ainsi permis de mettre en place des actions efficaces pour ralentir ou pallier un manque de nutrition. Une amélioration de la qualité de vie de ces personnes ainsi qu’une diminution des complications post-traitements ont déjà pu être observées.

Un plan de continuité clinique renforcé

Le plan de continuité clinique a pour objectif de permettre au CHUV de poursuivre sa mission de soins en cas de crise affectant le système d’information clinique (SIC). Une communauté de 180 répondantes et répondants cliniques a été constituée afin de mettre en place le matériel (constitution d’armoires et de documents imprimés) mais aussi de former et d’encadrer les médecins, le personnel soignant et le personnel administratif pour les situations dans lesquelles les applications cliniques seraient partiellement ou complètement indisponibles. Un exercice institutionnel annuel permet de tester cette organisation.

Le SUN, un service de neuroréhabilitation d’excellence

Mené en partenariat étroit avec l’Institution de Lavigny, le Service universitaire de neuroréhabilitation (SUN) est un projet de longue haleine. Il s’inscrit dans la volonté des instances cantonales d’offrir à la population vaudoise une neuroréhabilitation d’excellence par la création d’une structure universitaire interinstitutionnelle. Situé sur deux sites, le SUN servira de centre de compétence pour le canton et collaborera avec l’ensemble des acteurs cliniques et académiques.

Doté à Lavigny de 9 nouveaux lits de neuroréhabilitation, le SUN a ouvert ses portes le 1er juillet 2024 avec un total de 75 lits. En juillet 2025, suite aux travaux d’agrandissement et de rénovation du bâtiment hospitalier de Lavigny, 15 lits y seront transférés depuis le CHUV. Une unité de 10 lits subsistera à Lausanne pour les prises en charge spécialisées nécessitant l’expertise et la proximité du plateau technique. Le développement d’un centre ambulatoire au CHUV complétera la filière cantonale.

L’équipe médicale contribuera à promouvoir une culture commune entre le CHUV et l'hôpital de Lavigny.

L’ensemble des médecins (cadres, cheffes et chefs de clinique, assistantes et assistants) actifs dans le SUN et sur les deux sites bénéficieront d’un contrat CHUV sous la direction médicale et académique du chef de service du SUN. L’équipe médicale coordonnera les processus de neuroréhabilitation hospitalière et ambulatoire dans le SUN. Elle contribuera à promouvoir une culture commune entre les deux institutions, déjà initialisée sur les deux sites par un itinéraire clinique commun pour les patientes et patients admis·es en stationnaire.

L’activité de recherche au sein du SUN bénéficie du NeuroRehab Research Center (NRC). Inaugurée en novembre 2023, cette structure interinstitutionnelle de recherche translationnelle permet d’intégrer l’innovation et la recherche clinique dans la prise en charge des patientes et patients (cf. également point 1.3).

L’année 2023 a été consacrée à préparer la transition opérationnelle du SUN. L’organisation médicale a été peaufinée, et la question des gardes et piquets sur les deux sites a été réglée. Les scénarios de l’unité de 10 lits et du futur centre ambulatoire ont été élaborés, tant sur le plan de l’éventail des cas (case mix) que sur le plan financier. La gouvernance du service, notamment les interactions entre les deux institutions, a été définie sur la base d’une matrice des responsabilités qui détermine les compétences dans les différents domaines.

Le CHUV compte 15 infirmières ou infirmiers praticien·ne·s spécialisé·e·s (IPS)

Depuis 2020, le CHUV soutient le développement et l’intégration du rôle d’infirmière ou infirmier praticien·ne spécialisé·e (IPS) dans différents contextes cliniques. Fin 2023, l’hôpital comptait 15 IPS. C’est trois fois plus que quatre ans plus tôt. Ces professionnelles et professionnels de haut niveau œuvrent dans divers contextes cliniques tels que l’oncologie, l’endocrinologie pédiatrique, les urgences adultes et pédiatriques, le Centre de la mémoire, les soins palliatifs, la gériatrie, la chirurgie viscérale, le Centre interdisciplinaire des maladies osseuses et le Centre de l’obésité, ainsi qu’en psychiatrie.

Afin d’intégrer la fonction d’IPS dans tous les secteurs où cela est pertinent, le CHUV mène des projets dans d’autres contextes cliniques. Avec l’appui de la Direction des soins, chaque projet est mis en œuvre dans le service clinique concerné par une équipe interdisciplinaire médico-infirmière. Les médecins partenaires représentent une ressource essentielle pour développer les compétences cliniques des IPS. Elles et ils contribuent activement à la nouvelle organisation de soins qui intègre cette fonction.

Le travail du CHUV lui vaut d’être régulièrement sollicité par d’autres hôpitaux et cliniques.

Pour la formation académique des étudiantes et étudiants IPS, le CHUV collabore étroitement avec l’Institut universitaire de formation et de recherche en soins (IUFRS, UNIL). Plusieurs IPS travaillant au CHUV enseignent dans des modules cliniques. Des places de stage sont également ouvertes au sein de l’institution pour accueillir les étudiantes et étudiants de l’IUFRS.

Afin d’assurer un développement pérenne et économiquement durable du rôle d’IPS dans les soins hospitaliers et communautaires, le CHUV collabore étroitement avec le Département de la santé et de l’action sociale du canton de Vaud. Ce dernier a été le premier canton suisse à légiférer afin de permettre à des IPS d'exercer en Suisse et ainsi faire face aux enjeux du système de santé. Ce travail de pionnier vaut au CHUV d’être régulièrement sollicité par d’autres hôpitaux et cliniques. Le rôle d’IPS se développe désormais sur le plan régional et national.

En médecine intensive, une intégration précoce de l’accompagnement palliatif des patientes et patients et de leurs proches

Afin d’améliorer les pratiques en matière d’accompagnement palliatif des personnes hospitalisées et de leurs proches au Service de médecine intensive adulte, le SMIA a développé un partenariat unique avec le Service de soins palliatifs et de support (SPL) du CHUV. Mené par un groupe interprofessionnel et interdisciplinaire SPL-SMIA, le projet a pour mission:

  • L’intégration précoce de l’accompagnement palliatif des patientes, des patients et des proches;
  • Le développement d’outils d’évaluation des besoins palliatifs et de fin de vie;
  • L’amélioration du consensus interprofessionnel lors des discussions relatives au projet de soins.

Les partenariats avec les services d’accompagnement social et spirituel ont été renforcés.

Depuis le lancement du partenariat, un médecin hospitalier et une infirmière spécialisée SPL ont été intégrés chaque semaine aux visites interprofessionnelles et au colloque des patientes et des patients qui séjournent longtemps au SMIA. Les partenariats avec les services d’accompagnement social et spirituel qui existaient déjà ont également été renforcés. Le projet a permis d’implémenter des outils spécifiques tels qu’une check-list SPL (utilisée lors des visites interprofessionnelles) et un diagramme de flux (flowchart) sur la gestion des symptômes. Le groupe a également mis en place quatre modules de formation dédiés aux équipes interprofessionnelles ainsi qu’une réunion bisannuelle de discussion rétrospective autour de cas complexes.

En douze mois, les indicateurs de qualité principaux sont:

  • Plus de 270 interventions précoces, dont 95% auprès de patientes ou patients dont le projet de soins est défini sans limitation des mesures qui prolongent la vie ou avec certaines limitations uniquement;
  • Une nette diminution de la durée de séjour moyenne avant la première consultation de SPL (de 18 jours à 6 jours);
  • Un nombre de consultations SPL spécialisé pour les séjours SIA ayant triplé en 12 mois;
  • Le transfert direct de patientes et patients du SMIA vers l’Unité de médecine palliative.

Un plan de pérennisation est en cours d’élaboration entre les deux services afin d’inscrire cette collaboration de manière durable dans le plan d’accompagnement clinique des équipes, de l’enseignement et de la recherche.