Lorsqu’elle atteint les extrémités du corps, la chimiothérapie brûle de petits nerfs. Cet effet secondaire cause des neuropathies très invalidantes chez bon nombre de patientes et patients. Collaboratrices du Département d’oncologie du CHUV, la pharmacienne Mapi Fleury et l’infirmière cheffe de service Stefania Manciana ont saisi l’opportunité du Défi Source 2023 pour développer une manière efficace de prévenir ce problème. Leur projet a remporté le Prix du jury.
Organisé sur le mode du hackathon, le Défi Source est un concours d’innovation qui favorise l’incubation rapide d’idées nouvelles. Le projet des deux lauréates consiste à bloquer progressivement et temporairement la microcirculation sanguine avec des gants et des chaussettes compressives. Leur idée a reçu l’appui d’une équipe dont faisaient partie un ingénieur de l’EPFL et un designer. Cette innovation devrait connaître d’autres développements grâce à des études cliniques menées avec l’EPFL. Une start-up sera créée, puis le procédé industrialisé et commercialisé.
Parmi les onze autres projets finalistes, le Défi Source a également octroyé le Prix HEIG-VD à la pharmacienne clinicienne Sophia Hannou et l’infirmier chef de service Samuel Cotté du CUTR Sylvana. Leur projet propose une application pour smartphone permettant d’identifier via l’appareil photo des comprimés de médicaments une fois sortis de leur blister. Un tel outil constituerait une aide à la décision pour les infirmières et infirmiers; il améliorerait aussi la sécurité des soins. La faisabilité de cette application a été jugée bonne par l’ingénieur EPFL et data scientist associé au projet.
Selon la littérature internationale, les événements indésirables touchent 10% des patientes et patients à l’hôpital; 20% de ces événements seraient dus aux médicaments et la moitié seraient évitables. La prévention dans ce domaine est donc essentielle. Mais si l’on veut modifier durablement les pratiques des personnes soignantes, il est nécessaire de mettre en œuvre des approches pédagogiques innovantes. Chaque année, la Semaine nationale d’action pour la sécurité des patientes et patients offre l’opportunité de sensibiliser les professionnelles et professionnels à ce sujet. Pour l’année 2023, on peut relever deux de ces initiatives.
Une chambre des erreurs est un espace de simulation immersif et réaliste dans lequel toutes les erreurs sont permises et scénarisées délibérément. Les personnes apprenantes s’y entraînent à les détecter en un minimum de temps. Un débriefing consolide l’apprentissage et des actions correctives adaptées aux situations à risque peuvent être mises en place. Lancées au CUTR Sylvana, des chambres des erreurs sont proposées dans un nombre croissant de services cliniques du CHUV, à destination d’un large éventail de profils professionnels.
La méthode «teach back» est une technique éprouvée qui permet d’impliquer les patientes et les patients dans la maîtrise des risques liés à leur traitement médicamenteux. Elle consiste à valider leur compréhension de manière structurée. Pour l’enseigner, les infirmières cliniciennes spécialisées du Service de chirurgie septique ont conçu un atelier participatif lors duquel les personnes apprenantes expérimentent une succession de situations dans lesquelles une consigne échoue à être appliquée. L’exercice pédagogique permet d’intégrer une à une toutes les variables susceptibles de mettre en échec les recommandations données aux personnes soignées par les personnes soignantes concernant la médication, et de les éviter.
Le CHUV poursuit activement son engagement en faveur de la sécurité des patientes et des patients au moyen de ces initiatives concrètes. L’innovation pédagogique transforme l’apprentissage en une expérience interactive et captivante, dans le but d’améliorer la sécurité des soins prodigués et de renforcer la confiance des patientes et patients.
En 2023, le
CHUV et les HUG se sont associés pour lancer une campagne de prévention et de
nouveaux supports d’information afin de sensibiliser parents et gardiennes ou
gardiens d’enfants au syndrome du bébé secoué.
Ce syndrome se produit lorsqu’une ou un adulte secoue un nouveau-né ou un nourrisson de manière violente et répétée, d’avant en arrière. Susceptible de provoquer des lésions cérébrales sévères, voire le décès de l’enfant, cette maltraitance touche des dizaines de bébés chaque année en Suisse. La fréquence de ce phénomène est toutefois sous-estimée. Seules les situations graves qui nécessitent une hospitalisation ou conduisent au décès du nouveau-né sont identifiées.
Le CHUV et les HUG ont uni leurs compétences afin de mettre à disposition de nouveaux outils de sensibilisation devant permettre de mieux gérer son stress face à un bébé qui pleure jusqu’à plusieurs heures par jour. Un site internet a été créé (zerobebesecoue.ch) avec des vidéos de témoignages et des conseils pratiques. Une campagne d’affichage intitulée «Bébé pleure? Restez zen» a été mise en œuvre afin d’aider les jeunes parents et les gardiennes ou gardiens d’enfants à éviter un état d’épuisement qui pourrait engendrer un geste dramatique. Des flyers et affiches complétaient le dispositif afin d’offrir aux professionnelles et professionnels de santé du matériel pour aborder ouvertement et sans jugement cette thématique avec les parents.
Financée par le Département de la santé et de l’action sociale du canton de Vaud et la Fondation privée des HUG, cette initiative a été soutenue et encadrée par le Service de néonatologie et le Département femme-mère-enfant du CHUV. Le Centre universitaire romand de médecine légale (CURML) y était également associé.
Afin de promouvoir la mobilité interne, le CHUV s’est doté d’une nouvelle plateforme numérique baptisée «NOMADE». Lancée et testée pendant la pandémie de COVID-19, cette plateforme a permis de gérer les besoins en renforts dans certains secteurs surchargés de l’hôpital et d’y affecter le personnel volontaire dont l’activité était stoppée ou réduite en raison de la pandémie. Véritable «marché intérieur» des besoins et des disponibilités en compétences, cette solution a permis d’allouer des renforts de manière quasi immédiate.
Rebaptisée après la pandémie, NOMADE a bénéficié d’un développement informatique. Les candidates et candidats qui souhaitent changer de secteur ou désirent compléter une activité à temps partiel s’inscrivent sur la plateforme numérique. En partenariat avec les recruteuses et recruteurs internes, l’équipe DREAM se charge ensuite de les accompagner. L’accompagnement est offert par la Direction des ressources humaines aux collaboratrices et collaborateurs du CHUV, à qui il est demandé de faire preuve de proactivité dans leurs démarches.
La plateforme
a été initialement testée pour des métiers spécifiques. Depuis l’automne 2023,
elle est ouverte à toute personne occupant une fonction administrative. L’objectif
est qu’elle devienne le lieu d’expression et de gestion de la mobilité interne
de toutes et tous.
Les premiers retours d’expérience sont très positifs. Les usagères et usagers apprécient de pouvoir repérer un point de contact pour démarrer les discussions concernant la mobilité interne. De plus, la 4e édition du Prix RH numérique suisse a récompensé le CHUV dans la catégorie «+ de 400 collaborateurs» pour sa plateforme NOMADE. Le prix du public a également été décerné à notre hôpital.
Dans un monde où tout va très vite, les capsules vidéo courtes sont un outil puissant pour communiquer efficacement. Les nouvelles générations de candidates et candidats recherchent des contenus courts, visuels et impactants. Les vidéos captent leur attention et augmentent la portée des annonces. La vidéo permet aussi de transmettre des émotions, de montrer la culture du CHUV et de mettre en avant de façon authentique les professionnelles et professionnels qui y travaillent, en particulier les personnes qui œuvrent dans l’ombre au bon fonctionnement de l’institution.
En collaboration avec le Service de communication, la Direction des ressources humaines a créé des capsules d’une durée maximale d’une minute et demie. Une collaboratrice ou un collaborateur parle de son métier en soulignant l’intérêt de travailler au CHUV. La transparence étant une des valeurs de l’institution, les personnes interviewées n’ont pas suivi un script ni un scénario. Les capsules donnent de bonnes raisons de rejoindre le CHUV mais révèlent aussi des points que l’on pourrait améliorer. De ce fait, le message délivré est crédible à l’externe comme à l’interne de l’institution.
