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Implication des collaboratrices et collaborateurs

Comprendre les trajectoires des professionnelles et professionnels de la santé pour éviter qu’elles et ils ne quittent le métier

Assurer la relève du personnel de santé et maintenir dans la profession le personnel en poste et en formation sont des défis majeurs du système de santé suisse. Afin d’identifier les facteurs qui motivent les professionnelles et professionnels de la santé à rester ou non dans leur métier, Unisanté, l’Institut et Haute Ecole de la santé La Source (HES-SO) et le CHUV ont lancé en 2022 une cohorte nationale de professionnelles et professionnels de santé appelée SCOHPICA (pour Swiss Cohort of Health Professionals and Informal Caregivers).

La première collecte de données a eu lieu entre octobre 2022 et janvier 2023. Elle a totalisé près de 6000 réponses provenant des trois régions linguistiques de Suisse. Une trentaine de professions différentes sont représentées. Parmi les personnes interrogées, 13% pensent qu’elles ne resteraient pas dans leur profession ces prochains mois si les conditions de travail devaient rester les mêmes. Ce pourcentage varie peu selon le secteur (public vs. privé), il se monte à 17% chez les professionnelles et professionnels ayant 30 ans et moins.

Ces premiers résultats montrent la nécessité de mieux comprendre la réalité du terrain.

Concernant le bien-être, 72% des personnes sondées disent être satisfaites à très satisfaites dans leur travail; 12% estiment ressentir en permanence des symptômes d’épuisement, voire se disent complètement épuisées. Ce pourcentage monte jusqu’à 14% pour les moins de 30 ans et les 46-55 ans.

Les principaux points d’insatisfaction sont liés à la charge de travail, aux ressources à disposition, à la capacité d’influencer la façon de travailler, aux horaires ainsi qu’à l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Les principaux points de satisfaction concernent les possibilités de développement, la cohésion des équipes et le fait d’exercer un travail qui a du sens. Ces premiers résultats montrent la nécessité de mieux comprendre la réalité du terrain.

Le projet a obtenu en octobre 2023 un financement de CHF 750'000 du FNS, ce qui permettra de poursuivre les investigations.

La Direction des ressources humaines du CHUV est directement impliquée dans le projet SCOHPICA puisque l’une des principales investigatrices du projet SCOHPICA y travaille depuis 2022.

«Vision soins», une vision stratégique renouvelée

En 2023, le CHUV s’est doté d’une nouvelle vision stratégique pour les soins et le domaine socio-éducatif avec la contribution de plus de 800 professionnelles et professionnels de l’institution. Dans un premier temps, onze enjeux ont été identifiés afin de décrire les tendances majeures, présentes et futures, dont l’impact sur les soins au CHUV est important. Les enjeux retenus résultent d’une analyse réalisée de manière participative, qui intègre le point de vue des personnes soignantes, des départements et directions transversales du CHUV, des hautes écoles, de l’université, des associations professionnelles et des associations de patientes et patients.

Les soins évoluent dans un contexte marqué par de très nombreux défis.

«Vision soins» se décline en quatre grands axes. L’excellence clinique traite de la conduite de l’évolution des soins en regard des besoins des patientes, des patients et de leurs proches ainsi que du système de santé et du contexte. La culture professionnelle aborde le développement des savoirs, des compétences et de l’organisation de manière à soutenir l’excellence clinique. Le contexte habilitant vise à promouvoir des environnements de travail sains, agiles et apprenants. Cet axe concerne prioritairement les professionnelles et professionnels eux-mêmes. Il s’inscrit en cohérence avec le slogan de «Vision soins»: «Protéger et soutenir la santé de toutes et tous». Enfin, la durabilité doit permettre d’évoluer vers une organisation dont le coût humain, écologique et économique est supportable pour la communauté.

Les soins évoluent dans un contexte marqué par de très nombreux défis, prioritairement liés à l’évolution des besoins en santé de la population (essor des maladies chroniques, facteurs liés à l’âge ou à la vulnérabilité socio-économique, risque pandémique). Ils sont traversés par de profonds changements comme les progrès technologiques, le développement des savoirs scientifiques, la transformation numérique. La relation entre personnes soignantes et personnes soignées se transforme elle aussi. Et simultanément, les professions soignantes connaissent des phénomènes de pénurie. Continuer à répondre demain aux besoins de santé de la population et aux attentes des professionnelles et professionnels dans un monde complexe et changeant nécessite une véritable transformation de l’organisation, des rôles, des pratiques et de la culture, guidée par un cap clairement défini.