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Quelques recherches

Un super-anticorps qui empêche la reproduction du SARS-CoV-2

Personnes de référence

Professeur Giuseppe Pantaleo, chef du Service d’immunologie et allergie, directeur du Centre d’immunologie humaine de Lausanne et de l’Institut suisse de recherche sur le vaccin

Docteur Graig Fenwick, responsable de recherche, laboratoire de diagnostic du Service d’immunologie et allergie

Menés conjointement par le CHUV et l’EPFL, des travaux d’ingénierie génétique ont permis de créer un anticorps monoclonal très puissant qui cible la protéine Spike du SARS-CoV-2. Sa mise au point ouvre la voie à une meilleure prise en charge des formes sévères de la maladie. Elle devrait aussi permettre de prévenir l’infection auprès des personnes fragilisées.

Dans la lutte contre le COVID-19, la recherche médicale est confrontée à une caractéristique désormais célèbre de ce type de virus: ses facultés de mutation. Comme tous les coronavirus, le SARS-CoV-2 modifie un ou plusieurs éléments de sa constitution au cours de sa transmission. Et plus le virus se transmet, plus il mute en peu de temps. L’efficacité d’un vaccin peut alors être rapidement diminuée. Face à ce casse-tête, le CHUV s’est associé à un laboratoire de l’EPFL afin de mettre au point une nouvelle arme thérapeutique.

Arrêter le processus de réplication

Le SARS-CoV-2 est notamment constitué de la protéine Spike, dont le grand public a également beaucoup entendu parler. La fonction de cette protéine consiste à ouvrir une porte d’entrée au virus au sein des cellules, en particulier celles du poumon, dans lesquelles il cherche à se multiplier. Dans un premier temps, dans le cadre de l’étude ImmunoCoV, le Service d’immunologie et allergie du CHUV a analysé des échantillons de sang de personnes infectées. Dirigé·e·s par le professeur Giuseppe Pantaleo et le docteur Craig Fenwick, les chercheuses et chercheurs ont repéré un type de globule blanc, un lymphocyte B monoclonal, qui se lie à la protéine Spike sur un segment qui n’est pas sujet aux mutations. Grâce à cette interaction, le lymphocyte empêche efficacement la protéine de se connecter aux cellules. Quelle que soit la forme mutée du virus, son cycle de réplication s’arrête. Les autres soldats du système immunitaire peuvent alors éliminer le SARS-CoV-2, que l’anticorps a en quelque sorte paralysé.

Le laboratoire de l’EPFL a trouvé une manière de modifier l’ADN de l’anticorps.

Qualifié de «neutralisant» pour son action sur la reproduction du virus, ce lymphocyte ne permet cependant d’agir sur l’infection que pendant une durée limitée. Le groupe de recherche du CHUV s’est donc associé au Laboratoire de virologie et de génétique de l’EPFL, dirigé par le professeur Didier Trono et la docteure Priscilla Turelli, afin d’augmenter la capacité d’action du globule blanc. Spécialisé dans l’ingénierie génétique, le laboratoire a trouvé une manière de modifier l’ADN de l’anticorps. Et de le rendre plus puissant. De la même manière qu’on augmenterait la musculature et l’endurance d’une ou un athlète de niveau moyen, l’anticorps neutralisant a été renforcé pour devenir un super-soldat. Alors que le même lymphocyte non modifié produit des effets protecteurs pendant trois à quatre semaines maximum, sa version «augmentée» par les équipes de recherche est susceptible d’agir pendant quatre à six mois.

Une application préventive et curative

Le développement de ce nouvel anticorps neutralisant marque une étape décisive dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. Son utilisation n’a pas pour vocation de remplacer la vaccination, qui reste encore le moyen le plus efficace de se protéger contre l’infection, mais cette nouvelle arme thérapeutique ouvre des options à la fois préventives et curatives. D’une part, l’action de cet anticorps augmenté permettra de réduire les formes sévères de la maladie chez des personnes déjà infectées. D’autre part, inoculer une ou plusieurs doses de ce lymphocyte modifié permettra de protéger les personnes vulnérables non vaccinées, de même que les personnes vaccinées qui ne parviennent pas à produire une réponse immunitaire. Les personnes immunodéprimées, celles qui ont subi une transplantation d’organe ainsi que des patientes et patients atteint·e·s de cancer pourront être protégé·e·s par deux ou trois injections par an.

Très médiatisés, les résultats spectaculaires de ces travaux ont été publiés dans la revue Cell Reports en automne 2021. Après avoir conclu des accords de collaboration et de propriété intellectuelle, le CHUV et l’EPFL envisagent désormais de créer une start-up commune, qui aura pour mission d’assurer la production et le développement clinique de ce puissant instrument de lutte contre la pandémie.

Titre de la publication: A highly potent antibody effective against SARS-CoV-2 variants of concern

Revue: Cell Reports, octobre 2021

Auteurs: Craig Fenwick, Priscilla Turelli, Laurent Perez, Céline Pellaton, Line Esteves-Leuenberger, Alex Farina, Jérémy Campos, Erica Lana, Flurin Fiscalini, Charlène Raclot, Florence Pojer, Kelvin Lau, Davide Demurtas, Marc Descatoire, Victor S. Joo, Mathilde Foglierini, Alessandra Noto, Rana Abdelnabi, Caroline S. Foo, 
Laura Vangeel, Johan Neyts, Wenjuan Du, Berend-Jan Bosch, Geertruida Veldman, Pieter Leyssen, Volker Thiel, Roger LeGrand, Yves Lévy, Didier Trono et Giuseppe Pantaleo.

Vers l’article

Recherches marquantes

Activités de recherche et publications du BEST

Le Bureau d’échange des savoirs pour des pratiques exemplaires de soins (BEST) est issu d’une collaboration entre cinq partenaires: la Haute Ecole de la santé La Source, la Haute Ecole de santé Vaud (HESAV), la Haute Ecole de santé de Genève, l’Institut universitaire de formation et de recherche en soins (IUFRS) de l’UNIL et le CHUV (Direction des soins et Centre des formations). L’objectif du BEST est de développer une pratique fondée sur les données probantes (evidence-based practice). En 2021, le Bureau a également établi un partenariat avec les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Quatre projets d’implantation de recommandations de bonnes pratiques ont été finalisés au CHUV en 2021.

Dans le cadre de la formation au leadership clinique accréditée par le Joanna Briggs Institute proposée par le BEST, quatre projets d’implantation de recommandations de bonnes pratiques ont été finalisés au CHUV en 2021. Ces projets portent sur des thèmes variés: l’implantation de l’outil de communication SCAR dans une unité de soins intermédiaires de pédiatrie, la préparation à la sortie dans une unité de médecine interne, l’implantation d’un outil de dépistage de la détresse pour les personnes atteintes d’un cancer en oncologie ambulatoire, et la détection précoce des adultes à risque de violence et d’agression dans trois unités de psychiatrie.

Le BEST a augmenté son équipe de formatrices au leadership clinique, avec deux collaboratrices du CHUV qui ont suivi la formation «Train the Trainer» du Joanna Briggs Institute.

Développé selon les méthodologies du Joanna Briggs Institute et impliquant des collaboratrices et collaborateurs du CHUV, un rapport de revues systématiques a été publié par le BEST:

Teike Lüthi F., MacDonald I., Rosselet Amoussou J., Bernard M., Borasio G. D. et Ramelet A. S. (2021), «Instruments for the identification of patients in need of palliative care in the hospital setting: a systematic review of measurement properties», JBI Evidence Synthesis, 10.11124/JBIES-20-00555

L’Office de transfert de technologies PACTT

L’Office de transfert de technologies UNIL-CHUV (PACTT) a pour missions la gestion des inventions et des biens immatériels ainsi que leur valorisation. Ce travail comprend l’évaluation, la protection et l’élaboration d’une stratégie de commercialisation de la propriété intellectuelle, de même que la rédaction, la révision, la négociation et le suivi des contrats de collaboration en lien avec la recherche, entre les institutions d’une part et les tiers d’autre part.

En 2021, suite au processus d’autoévaluation de l’UNIL et à une expertise externe, les directions de l’UNIL et du CHUV ont décidé de recentrer les missions du PACTT sur les relations avec l’industrie. Certaines activités juridiques ont été transférées aux services juridiques de l’UNIL et CHUV. De nouveaux postes ont été créés pour répondre à la croissance des activités.

InnoPACTT pour dynamiser l’entrepreneuriat

Au-delà de la valorisation de la propriété intellectuelle créée au sein des institutions et de la bonne gouvernance en matière de collaboration avec l’industrie, les missions du PACTT comprennent le conseil et le soutien aux chercheuses et chercheurs dans leurs projets de création d’entreprises. Le PACTT est ainsi au service du CHUV et de toutes les facultés de l’UNIL. Il représente les deux institutions auprès de divers organismes locaux et régionaux actifs dans le soutien de l’innovation et de l’entrepreneuriat, notamment auprès du Hub Entrepreneuriat et Innovation de l’UNIL, de la Fondation pour l’innovation technologique (FIT), de BioAlps et de l’incubateur StartLab. Du fait de ses interactions régulières avec ces organismes et leurs actrices et acteurs, le PACTT est étroitement lié au tissu économique local du canton de Vaud.

Depuis sa création, InnoPACTT a distribué des bourses pour plus de 2,6 millions de francs à 26 lauréates et lauréats.

En 2013, sous l’impulsion du PACTT, les directions de l’UNIL et du CHUV ont décidé de renforcer leur soutien à l’innovation avec la création d’InnoPACTT, un fonds destiné à financer des projets innovants issus de l’UNIL et du CHUV. Egalement soutenues par la FIT et dotées de 100’000 francs chacune, les bourses InnoTREK sont destinées à de jeunes chercheuses ou chercheurs qui souhaitent développer un projet de start-up.

Depuis sa création, InnoPACTT a distribué des bourses pour plus de 2,6 millions de francs à 26 lauréates et lauréats. Ces financements ont permis le lancement de treize start-up.

Les entreprises créées depuis 2013 et qui sont encore en activité sont les suivantes:

  • Lymphatica Medtech SA
  • Matchmore SA
  • Sulfiscon Sàrl
  • VRIST Sàrl
  • Flares Analytics SA
  • AgroSustain SA
  • JeuPRO Sàrl
  • Genknowme SA
  • HAYA Therapeutics SA
  • NIRLab Sàrl
  • Atreon SA
  • Recherche translationnelle NeuroRestore: un article très remarqué

    Respectivement professeure en neurochirurgie au CHUV, où elle dirige l’unité de neurochirurgie fonctionnelle, et professeur en neurosciences à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, Jocelyne Bloch et Grégoire Courtine ont fondé un centre de recherche baptisé NeuroRestore. Portée par la Fondation Defitech, cette structure unit les compétences médicales du CHUV et l’expertise en sciences de l’ingénieur de l’EPFL. Son but est de développer des neurothérapies innovantes qui impliquent des interventions neurochirurgicales. Les implants neuroprosthétiques de Jocelyne Bloch et Grégoire Courtine ont déjà permis à des personnes paralysées de remarcher. Le centre NeuroRestore a aussi pour objectif d’appliquer les thérapies innovantes à d’autres indications, telles que l’accident vasculaire cérébral ou la maladie de Parkinson.

    Cette publication montre que, pour la première fois, un programme de neurostimulation a pu rétablir le baroréflexe de personnes tétraplégiques.

    En 2021, un article intitulé «Neuroprosthetic baroreflex controls haemodynamics after spinal cord injury» a été publié dans la revue Nature. Jocelyne Bloch et Grégoire Courtine figurent parmi les auteures et auteurs. Très remarquée, cette publication montre que, pour la première fois, un programme de neurostimulation a pu rétablir le baroréflexe interrompu de personnes tétraplégiques, souffrant par conséquent d’hypotension orthostatique réfractaire symptomatique. Cette étude visait aussi à comprendre les mécanismes de cette thérapie.

    Data science et santé numérique: création d’un Centre de la science des données biomédicales

    Dans le domaine de la recherche clinique et de l’application des soins aux malades, l’intelligence artificielle et la data science – l’analyse avancée des données des patientes et patients – jouent un rôle capital

    La Direction des systèmes d’information du CHUV comprend une unité spécialisée en data science, dirigée par Nicolas Rosat. Grâce à son équipe et aux spécialistes cliniques impliqués, l’hôpital est un acteur important du programme national Swiss Personalized Health Network (SPHN). Soutenu par le SPHN, l’un de ses projets vise à garantir une optimisation des registres de données cliniques (database) qui revêtent une priorité nationale pour le Medical Health System suisse (MHS) et montrent un double potentiel, à la fois pour le suivi de qualité et l’investigation clinique. Le CHUV est aussi très impliqué dans l’interopérabilité des données au niveau national SPHN avec le projet National Data Stream (NDS).

    La création d’un Centre de la science des données biomédicales souligne la volonté du CHUV de se positionner comme un acteur majeur de la data science et de la santé numérique.

    La création au CHUV d’un Centre de la science des données biomédicales, directement rattaché à la Direction générale, souligne la volonté du CHUV de se positionner comme un acteur majeur sur le terrain de la data science et de la santé numérique, domaines clés pour l’avenir de la médecine. Dirigée par le professeur Raphael Gottardo, cette structure réunit des expertes et experts en biostatistique, bio-informatique, intelligence artificielle et machine learning.

    Une aide aux projets de recherche avec le Centre intégratif de la recherche clinique

    Sur mandat de la Direction générale du CHUV et du Décanat de la FBM, la recherche clinique du CHUV s’est réorganisée autour du Centre intégratif de recherche clinique (CIRC). Chapeauté par le CHUV et la FBM, le CIRC est dirigé par le vice-directeur médical en charge de la recherche, formation, innovation, le professeur Mauro Oddo.

    Le CIRC comprend les différentes structures de soutien pour la recherche, notamment le Bureau du promoteur de recherche (BPR), le Centre de recherche clinique (CRC), le Comité opérationnel des biobanques et registres (COB) et le Centre de recherche et innovation en sciences pharmaceutiques (CRISP). Il entretient des liens étroits avec l’Unité data science de la Direction des systèmes d’information, de même qu’avec l’Unité des affaires juridiques. Les responsables de ces structures forment le Bureau de la recherche, chargé de la gestion et coordination opérationnelle de la recherche clinique et des référentiels et directives de l’institution en matière de recherche orientée patient.

    Le Bureau du promoteur de recherche a pour mission de garantir la qualité et d’assurer une sécurité maximale des activités de recherche.

    Sur le plan opérationnel du soutien des investigatrices et investigateurs à la recherche clinique, le CIRC s’articule sur deux portails principaux:

    1) L’Unité de conseil et de coordination de la recherche clinique (UCCR), rattachée au Centre de recherche clinique sous la responsabilité de Samia Abed-Maillard. Il s’agit d’un nouveau portail d’accès centralisé pour tous les besoins en matière de recherche clinique. La permanence de l’UCCR rassemble les compétences des collaboratrices et collaborateurs de la Direction médicale, du Centre de recherche clinique, du Bureau du promoteur de la recherche, du Laboratoire pré-analytique et du data science travaillant en réseau multidisciplinaire au sein du CIRC. Son but est d’offrir une palette d’expertises, de faciliter les démarches et de favoriser une recherche de qualité au CHUV. Toute collaboratrice et tout collaborateur du CHUV ayant une question concernant un aspect de recherche clinique, de la réalisation d’une étude de faisabilité à la clôture d’une étude, en passant par la rédaction du protocole et l’extraction des données, peut contacter l’UCCR.

    2) Le Bureau du promoteur de la recherche (BPR), sous la responsabilité de Kim Ellefsen-Lavoie. Ce portail a pour mission de garantir la qualité et d’assurer une sécurité maximale des activités de recherche dont le CHUV est promoteur. Dans le cadre de ses fonctions, le BPR est rattaché à la Direction générale du CHUV. Il est en charge de la gestion et de la coordination opérationnelle de la recherche, ainsi que des référentiels et directives de l’institution en matière de recherche orientée vers les patientes et patients. Il garantit la conformité légale et réglementaire et assure la tenue d’un répertoire de la recherche clinique dont l’institution est le promoteur. Tout projet de recherche qui engage la responsabilité du CHUV en tant que promoteur est soumis au BPR avant la soumission à la Commission cantonale d’éthique de la recherche sur l’être humain (CER-VD). Le BPR effectue un contrôle de la conformité réglementaire des documents, qui permet de faciliter la soumission à la CER compétente.

    La création du CIRC vise également à bien positionner le CHUV et la FBM au niveau national. Si cet objectif est important pour les investigatrices et investigateurs, de même que pour l’institution, le rôle du CIRC l’est surtout, in fine, pour les patientes et les patients.

    L’Unité d’évaluation technologique, un soutien aux chercheuses, chercheurs, cliniciennes et cliniciens au service de l’innovation

    Depuis 2002, l’Unité d’évaluation technologique (UET) offre aux chercheuses, chercheurs, cliniciennes, cliniciens et à la Direction générale du CHUV des compétences en évaluation médico-économique.

    L’UET permet à la Direction générale de se prononcer sur l’adoption de nouvelles technologies.

    Pour un hôpital universitaire, la gestion des innovations est un enjeu stratégique. Par ses analyses, l’UET permet à la Direction générale de se prononcer sur l’adoption de nouvelles technologies et d’en anticiper les impacts médico-économiques. L’UET accompagne également de son expertise les projets stratégiques innovants. En 2021, elle a notamment développé un modèle démontrant les gains cliniques et économiques que permettait le traitement des infections à Clostridioides difficile par transplantation de microbiote fécal. Ce résultat a servi de base à une demande de prise en charge de cette technique par l’assurance maladie obligatoire. L’UET apporte aussi un soutien méthodologique aux cliniciennes et cliniciens qui souhaitent introduire une composante économique dans leur projet de recherche clinique.